NETTALI.COM - Ce fut la tension et le suspense jusqu’au bout. Mais qu’est-ce qu’elle fut longue l’attente ! Beaucoup étaient d’ailleurs bien déçus de devoir attendre l’après tabaski. Sacrés sénégalais, la patience n’est pas du tout leur fort, et certains ont du bien languir lorsque Macky Sall a commencé son discours, mettant l’accent sur les émeutes et les violences, ne voulant point lâcher ce point qu’il semblait vouloir par tous les moyens imprimer dans la tête des sénégalais. 

Mais, à la chute du discours, ce fut la délivrance lorsque le président Sall s’est mis à remercier ses partisans et asséné cette phrase qui a fait mouche et bondir tant de cœurs.

Un acte qui le grandit - contrairement à ceux-là qui parlent d’une pression qui aurait  eu raison de lui – car il aurait pu maintenir sa candidature comme beaucoup le redoutaient. Comme ont eu à le faire quelques-uns des pairs de Macky Sall : Alpha Condé, Alassane Ouatarra ou encore Touadéra ont expérimenté une 3ème candidature avec des arguments fallacieux à l'appui. N'ont-ils pas été réélus ? La conséquence d'une 3ème candidature du président actuel aurait certes généré une polémique plus vive, voire entraîner des manifestations plus violentes, avec certainement au bout du compte, l’arbitrage du Conseil constitutionnel. Aurions-nous besoin d'en arriver là  ? C’est la raison pour laquelle certaines réactions ou commentaires, relèvent purement et simplement d’un manque de maturité de la part de leurs auteurs, voire d'une incapacité à prendre de la hauteur.

Certains actes comme celui posé par Macky Sall, ont à la vérité une portée tellement forte parce qu'ils apportent de l'oxygène à notre démocratie qui subit, comme les chantiers subissent parfois des crises et des contrecoups. Des crises, il en faut sans doute pour repartir du meilleur pied car elles ont aussi cette vertu, celle de servir d'expérience. N'oublions quand même que pour accéder au rang de démocratie majeure, il faut bien plus qu'organiser des élections régulières et des alternances. Il faut arriver à résoudre beaucoup de problèmes de bonne gouvernance.

En tout cas, en remerciant ses partisans, Macky Sall les a invités à comprendre que le Sénégal dépasse sa personne et a insisté sur sa " claire conscience et mémoire » de ce qu’il « a dit, écrit et répété ici et ailleurs », à savoir que le mandat de 2019 était son second et dernier. »

 Macky répétera à qui veut l’entendre qu’il a « un profond respect pour les Sénégalais et les Sénégalaises » qui l’ont lu et entendu. Et qu’il a « un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique » qui lui « commandent de préserver sa dignité et sa parole".

Des mots qui ont sonné fort et qui n’ont pas manqué d’attendrir Abdou Mbaye, son ancien Premier ministre qui retrouve « une grande partie du Macky Sall d'Avril 2012. ». Comme quoi, même les opposants les plus irréductibles, doivent pouvoir arriver à apprécier les bons actes posés de leurs adversaires.

Des cœurs ont en tout cas failli lâcher, là où certains ont eu la honte de leur vie. Ces radicaux de la pensée unique qui étaient allés jusqu’à signer des pétitions et fait de cette question du 3ème mandat, leur fonds de commerce.

Aminata Touré devrait déjà être à la recherche d’un nouveau thème sur lequel surfer, Macky Sall, son adversaire le plus farouche après Ousmane Sonko version législatives, ayant décidé de lui faire plaisir. Tout comme la F 24 qui, après avoir réussi une première grande mobilisation, est passée de flop en flop avec ce fameux vendredi « en blanc », cette opération hasardeuse de libération du blocus du domicile d’Ousmane Sonko ; ou encore ce dialogue du peuple qui n’a pas eu le retentissement escompté. « Jamma guen 3ème mandat » va lui aussi devoir aussi se chercher un autre créneau. Bref autant de mouvements et de détracteurs que Macky Sall va emporter avec lui en attendant le 2 avril 2024.

Mais que de surprises au bout et de oufs de soulagement, alors que beaucoup redoutaient une résurgence de la violence.

Certains doivent être certainement bien déçus face à une telle décision qu’ils n’attendaient pas. Ils auraient sans doute souhaité que Macky maintînt sa candidature afin qu’ils trouver un prétexte pour créer de la tension et de la violence dont le pays n’a plus besoin après le désastre causé par les émeutes, pillages et saccages de juin dernier.

Difficile en effet de savoir ce que veulent certains sénégalais. Beaucoup ont été plutôt mauvais joueurs en décrétant que le président Sall n’avait d’autres choix que d’abdiquer face aux menaces de nouvelles manifestations similaires à celles de mars et de juin. Ils se comportent ceux-là comme des anarchistes voire nihilistes.

La coalition Yewwi Askan Wi elle, a choisi de n’attribuer aucun mérite au président Sall. Tout au plus, a-t-elle estimé qu’il n'a fait que respecter la Constitution. Une autre manière de voir les choses.

De même, il est difficile de comprendre que lors d'une conférence de presse tenue,  mardi 4 juillet tenue par la coalition Yewwi Askan Wi, que le président du groupe parlementaire de ladite coalition, Birame Soulèye Diop ait proféré de tels propos contre le président de la république et et le président ivoirien ?  « j’avertis les prochains candidats de l’Apr, évitez de manger chez lui et de boire son eau car il est capable de vous empoisonner…et de dire comme,  nous n’avons pas de candidat je reviens (en faisant du Ouattara) ». Il s’excusera plus tard, mais le mal était déjà fait. Comme quoi, il vaut mieux réfléchir avant de faire certaines déclarations. Comment mêler un chef d'état étranger dans un tel débat de politique intérieure ? C'est vraiment méconnaître les règles diplomatiques en plus d'être habité par un manque notoire de retenue. Des propos qui risquent de ne pas se limiter à une garde à vue dont le député fait à l'heure actuelle l'objet.

A la vérité, ceux qui disent que Macky Sall a été contraint de renoncer à sa candidature, n’en savent rien. Ils ne se fient en réalité qu’à leur subjectivité ou à une opposition de principe. Même les analystes politiques les plus fins ont été pris à ce jeu-là. Les chroniqueurs des plateaux des sites d’info en ligne si enclins à être dans la spéculation, ont pour l’essentiel bien mordu la poussière. Un patron d’un grand quotidien de la place, lui, si empreint à s’informer aux bonnes sources, a depuis toujours été convaincu que Macky Sall ne ferait pas un 3ème mandat. Il a d’ailleurs toujours été constant sur cette ligne, plusieurs mois avant, malgré beaucoup d’opinions soutenant le contraire, en s’emmurant dans cette conviction selon laquelle le camp de Macky ne cessait de poser que des actes contraires qui ne pouvaient que mener qu'à une 3ème candidature.

La vérité est que beaucoup de journalistes ont aujourd’hui choisi l’option de la visibilité médiatique, après avoir déserté le terrain de la recherche sérieuse d’infos, préférant empruntant des raccourcis. Ils se fient désormais à ce qui leur semble apparent, leur subjectivité, plutôt que de tenter de voir ce qui est caché. La transpiration n’est plus leur fort. Ils ne sont plus que des caisses de résonance pour ne pas dire « boîtes aux lettres ». Certains d’entre eux sont même en réalité sortis du champ journalistique, prenant en charge des combats qui ne sont pas les leurs.

Pourtant, ceux qui connaissent bien Macky Sall, savent en bon fils de Wade qu’il est capable de jouer à fond la carte de la diversion et pire de la manipulation. Une arme qu’il sait manier avec dextérité et sans état d’âme, pour qui connaît sa véritable nature

Et si les raisons qu’il a toujours servies étaient les vraies ? Avec le contexte politique et ses réalités trop mouvantes, il fallait verrouiller l’info et maintenir le suspense jusqu’au bout, de manière à garder ses troupes en rang serrés jusqu’au dernier moment.

Mais quelles que soient les déceptions et les rancœurs, ce qui compte à l’arrivée, c’est le résultat. Il faut apprendre à être pragmatique et à savoir avancer dans la vie.

A l’arrivée, beaucoup d’acteurs politiques, y compris ceux du rang de Macky Sall, ont fini de se rendre compte que la politique et les émotions ne font pas si bon ménage que cela. Elle demande une bonne dose de froideur, mais aussi de souplesse si l’on veut y prospérer.

Qui peut bien en vouloir à Macky d’avoir fait ce qu’il a fait  ? D’ailleurs la bonne question serait de se demander pourquoi Macky se sacrifierait-il pour ses compagnons au détriment du progrès de la démocratie et de l’image du Sénégal ? Entre les hommes politiques et leur capacité à changer de prairies et  de vestes, il est difficile pour quelqu’un qui annonce sa retraite de s’assurer de la fidélité, même de ses compagnons les plus proches et de ses militants les plus zélés.

Qu’est-ce qu’ils doivent être déçus dans son camp !  Le sol doit dérober sous les pieds de beaucoup d’entre eux. En attestent ces images sur les réseaux sociaux de militants, pour beaucoup alimentaires qui pleurent à chaudes larmes, certains allant même jusqu’à décrire une situation de trahison.

La question que beaucoup se posent est dès lors de savoir ce qu’il va advenir d’abord de l’Apr puis ses alliés après que le président a appelé à l’unité et à la cohésion ? Va-t-on voir naître des rivalités et pire des fissures au sein de l’APR avec à la clef, une guerre probable des ténors au moment où les noms de Amadou Ba, Abdoulaye Daouda Diallo, Ali Ngouille Ndaiye, etc sont avancés pour prendre le leadership ? Le secrétariat exécutif permanent de ce mercredi 5 juillet, tard dans la nuit au palais a retenu de donner carte blanche au président Sall pour un choix qui ne sera pas des plus aisés.

Pour beaucoup, l’Apr est en grande partie composée de militants dont le destin est fortement lié à Macky. Serait-ce la fin d’une époque ? Le patron de l’Apr Macky Sall n’a ni pris le temps de structurer son parti, ni choisi de dauphin, en plus d’avoir fait le vide autour de lui en se séparant des meilleurs d’entre eux.

En tout cas, pour tous ces problèmes à venir que Macky Sall n’ignore point, le chef de l’Apr a convoqué les cadres de son parti, histoire de voir comment établir le meilleur schéma pour sauver ce qui peut l’être et attaquer la prochaine présidentielle sous de bons auspices.

Au-delà, c’est la cohésion de Benno qui est à interroger. Va-t-elle connaître une saignée ? Quelle nouvelle offre politique va-t-elle vendre aux Sénégalais ?

L’heure de la reconfiguration politique a en tout cas sonné avec un appel à l’union des socialistes en vue et évoquée par Abdoulaye Wilane son porte-parole qui n’a pas manqué, lors d’une de ses récentes sorties, à rappeler l’appel de feu Ousmane Tanor Dieng à Khalifa Sall en 2019.

De même qu’est appelée une union des libéraux en dehors et à l’intérieur du Pds.

Se pose également l’équation Ousmane Sonko qui taraude beaucoup d’esprits, surtout en ce qui concerne son avenir politique. Que va-t-il advenir de lui ? Sa condamnation va-telle être exécutée. Il semble bien,  au regard du discours de Macky Sall, qu’on pourrait s’acheminer vers cela.

Qu’en sera-t-il en dés lors des satellites de « Yewwi Askan Wi » si Sonko ne devait pas participer ? La question du plan B, pourrait se poser.

Bref autant de forces en présence avec un Sonko, en opposant le plus populaire dont les alliés et même les autres opposants, doivent bien souhaiter en silence qu’il ne soit pas candidat, malgré leurs demandes insistantes de voir le leader de Pastef participer.

La sortie de Macky sall a finalement fait un grand bien pour l’image du Sénégal bien entachée ces derniers temps par ces balafres à la démocratie causés par ces violences et ces luttes politiques sans merci. Les messages de l’ancien président nigérien Issoufou et le président Bazoum ont apporté un vrai baume au cœur, encensant  cette démocratie apaisée retrouvée et qui a su se ressaisir.

Au-delà, il sera question d’organiser des élections transparentes, après que le dialogue a permis de produire des résultats qui sont aussi à l’avantage de l’opposition qui n’a pas participé et qui aura désormais la possibilité d’opter pour le parrainage des élus, disposant de beaucoup d’élus dans ses rangs. Après tout, le parrainage citoyen n’est pas aussi simple qu’on le pense. Que les gens reviennent à la raison.