NETTALI.COM - Le rassemblement du samedi 2 mars initié par le mouvement Fippu, a viré au fiasco. Une bagarre a éclaté entre partisans de "Taxawu Sénégal" et ceux de la coalition Diomaye Président.

Les affiches du candidat Bassirou Diomaye Faye sont placées à côté de celles de Khalifa Sall, Anta Babacar Ngom, Pape Djibril Fall et Thierno Alassane Sall, avec des militants et sympathisants issus d’entités différentes scandant les messages suivants : "Macky Sall assassin" ; "Terminus 2 avril", etc.. Voilà le spectacle auquel on a eu droit samedi dernier, au début de la manifestation de Fippu au terrain de Grand-Yoff (en face du stade LSS). Leurs leaders politiques avaient pour la circonstance uni leurs forces, dans le cadre du rassemblement initié par la nouvelle organisation des Forces vives regroupant les plateformes F24, FC25, FDD et Aar Sunu Élection.

Une union des forces qui n’a même pas duré le temps d’une mobilisation. Plus nombreux et premiers sur les lieux, les militants de la coalition Diomaye Président scandaient, avant et à la fin de chaque prise de parole d’une personnalité politique : "Nous, c’est en Sonko que nous croyons" (ñun Sonko lañu gëm)” ; "Libérez Sonko", etc.

Lorsque Cheikh Guèye, le représentant de Khalifa Sall, prend la parole, il est hué. Ses paroles se sont mêlées aux cris de sabotage et on entendait à peine ce qu'il disait avec insistance : "Il ne faut... Macky... parte de la manière la plus élégante...", pouvait-on entendre. Les militants de la coalition Khalifa Sall ont alors voulu s'approcher du podium pour le soutenir, mais ils ont été empêchés par ceux de Bassirou Diomaye Faye qui occupaient déjà l’espace avec notamment ceux d’Anta Babacar Ngom.

C'est le moment que saisit Cheikh Tidiane Dièye pour prendre la parole et appeler les jeunes à la raison. Il dit parler au nom "des candidats dignes", "de vrais membres de l'opposition". S’adressant au public, il a déclare : "Vous n’avez qu’un seul adversaire, il s’appelle Macky Sall, celui qui a trahi le Sénégal."

El Malick Ndiaye de l’ex-Pastef pour sa part, a demandé une union de l’opposition, estimant qu’il y a de faux et de vrais membres. "Trois éléments de l’opposition ont essayé d’accuser Sonko, suite à ce qui s’est passé avec l’agression de Maïmouna Ndour", a-t-il martelé.

C'est par la suite que la tension est montée entre les différents protagonistes.

Khalifa Ababacar Sall : “La force de l’opposition réside dans son unité.”

Ce qui a eu le malheur de faire éclater la bagarre entre le camp de Khalifa Sall et celui de Sonko avec les militants des deux camps qui se sont lancés des pierres avec de gros cailloux qui ont volé en l'air. Si aucun blessé n’a été signalé pour le moment, des vitres de véhicules ont été cassées. C’est le cas de la voiture du site d’information DakarActu et d’une personne habitant aux HLM Grand-Yoff, près du lieu où s’est tenue la manifestation.

Une manifestation qui se terminera finalement par une bataille rangée autour de 17 h 30.

A noter que les militants et sympathisants de la coalition Diomaye Président ont accusé Barthélemy Dias, qui n’était pas présent à la rencontre, d'être à l'origine de ces grabuges. Ils ont déclaré qu'"il a payé et armé des jeunes pour saboter la mobilisation".

"Je n’y étais pas, je ne sais pas ce qui s’est réellement passé", a déclaré le chef de file de Taxawu Sénégal, Khalifa Sall, lors d’une sortie. "Toutes les composantes de l’opposition doivent savoir que nous avons un objectif commun : aller à l'élection présidentielle dans la paix et la sérénité. La force de l’opposition réside dans son unité", a fait remarquer Khalifa Ababacar Sall qui a tenté de jouer la carte de l'apaisement et appelé à l'unisson.

“Samedi prochain, nous irons à la place de la Nation ou...”

Pourtant, tout paraissait idéalement lancé pour une belle mobilisation, autorisée de 15h à 18h. À15 h 30, la foule grandissait sans relâche, portant en son sein des manifestants intrépides qui exigeaient le respect de la Constitution et plaidaient pour la tenue de l'élection présidentielle avant le 2 avril. La députée Marième Soda a exprimé un sentiment de fierté en voyant la détermination des jeunes manifestants. "Macky Sall a touché l’intouchable : notre Constitution. Voilà pourquoi nous avons réuni notre force. Il faut perpétuer cela", a-t- elle exhorté, tout en appelant à la pacification, à ne pas répondre à la provocation.

Pour sa part, Cheikh Bara Ndiaye a invité les Sénégalais à manifester dans un autre endroit, avec ou sans autorisation, la semaine prochaine. "Cet endroit est petit pour nous. Samedi prochain, nous irons à la place de la Nation, avec ou sans autorisation. Á défaut, c’est moi qui vous invite à la place de l'Indépendance", a-t-il lancé à la foule.

Mise en place d’un gouvernement d’union nationale

Préoccupé par la tenue de l’élection dans un délai raisonnable, El Malick Ndiaye a déclaré : "Nous sommes prêts à aller à l'élection. Les Sénégalais sont prêts à aller aux urnes pour choisir un nouveau président."

Lors de sa prise de parole, le député Guy Marius Sagna a annoncé la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, si Macky Sall ne quitte pas le pouvoir sans problème. "C’est à nous de protéger le pays. Nous mettrons en place un gouvernement d’union nationale, s’il ne part pas le 2 avril. On n’acceptera pas un coup d’État militaire ou constitutionnel...", a déclaré GMS, qui demande le maintien de la mobilisation, soulignant qu’il ne croit pas que le président Sall partira de son propre gré. "Macky Sall dit : je pars, je pars, je pars. Nous lui répondons : vas-t’en !", persiflee celui-ci.

Le maire de Thiès, Dr Babacar Diop a lui de son côté noté qu’avant Macky Sall, il y avait une démocratie. "Il n’a pas le droit d’installer le chaos dans le pays", a-t-il déclaré. Soutenant que "le Sénégal est régi par des lois et non pas par le bon vouloir d’une personne qui emprisonne qui il veut, gracie qui il veut, amnistie qui il veut...", parlant du projet de loi d'amnistie adopté en Conseil des ministres le mercredi 28 février dernier, dans le cadre de la volonté d'apaisement et de réconciliation du chef de l’État.

"Il n’y a ni enquête, ni jugement. Á qui profite la loi d'amnistie ?", s’est demandé, pour sa part, Abdoulaye Tine. "Macky Sall a dit qu’il en a marre. Nous en avons plus que marre de lui. Le pays sera entre nos mains. Et nous rétablirons l’État de droit", s’est-il projeté.

Dans la même veine, Clédor Sène a soutenu que c’est pour protéger certains membres du gouvernement et des hommes de tenue que ce projet de loi a vu le jour. "Ceux qui faisaient les sales besognes pour Macky Sall ne veulent pas que ce dernier parte sans leur donner la garantie qu'il ne leur arrivera rien, à la fin de leur mandat. Tout le monde devra rendre compte", a-t-il pesté, citant la mort de François Mancabou et les tortures qu’a subies Pape Abdoulaye Touré. "Ces barbaries ne seront pas pardonnées", a-t- il déclaré.