NETTALI.COM -– Une audience, quelques photos ou vidéos… Il n’en fallait pas plus pour que la presse s’emballe. Certains prédisent même un retour de grâce des «bannis» de l’Alliance pour la république (Apr) comme Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye ou encore Aminata Touré. C’est oublier que Macky Sall est un adepte des coups de bluff qui ne servent que ses propres intérêts.

Il est à la fois fils et disciple de Me Wade. Suffisant pour être un as de la politique politicienne ! Du Pape du Sopi, l'on disait qu’il clignotait à gauche pour tourner à droite. Et vice-versa. Macky Sall doit certainement avoir hérité de ses gênes. Le fromage et la signature, c'est son truc. Voilà qui donne au président Sall, une avance sur ses principaux concurrents. Dans l’opposition comme dans son propre camp. Mais il faut aussi reconnaître à l’actuel locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, un certain talent politique. Le chef de l’Alliance pour la république (Apr) sait défendre ses intérêts, quitte à reprendre ceux qu’il avait rejetés ou jetés comme des malpropres. La preuve, il l’a encore administrée ces dernières semaines.

Après avoir limogé Amadou Ba de son gouvernement, le président de la République n’a pas hésité à l’intégrer dans la délégation qu’il a conduite à Yoff pour présenter ses condoléances à la famille de Seydina Limamoulaye, suite au rappel à Dieu de Baye Alassane Thiaw Laye. Dans la délégation de Macky Sall, il y avait le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, le gouverneur de la région de Dakar, le préfet de Dakar, le sous-préfet des Parcelles Assainies, mais aussi… Amadou Ba. Et lundi dernier 16 août, comme dans une action concertée, pas moins de 8 quotidiens, gros titre à l’appui, ont évoqué la présence d’Amadou Ba dans la délégation du président, présentant l’affaire comme une sorte de  «mbourooksoowNew-look» ou du «deux en un» à la forme interrogative, tout en annonçant au passage, le retour de grâce de l’ancien argentier de l’Etat.

Avant Amadou Ba, le chef de l’Etat a renoué le contact avec d’autres «bannis» de son camp politique. C’est le cas  d’Aminata Touré qu’il a reçue le 7 juin dernier à Mermoz. Pourtant, quelques mois plus tôt, Macky Sall n’avait pas hésité à virer la même Aminata Touré de la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Comble de l’humiliation, il la remplace par Idrissa Seck, un homme que Mimi ne porte vraiment pas dans son cœur. Récemment, c’est Aminata Touré que des journaux ont présenté comme le bouclier de Macky Sall en lui attribuant le rôle de celle qui est venue à la rescousse du président, dans ce contexte de pandémie bien difficile et suite aux attaques à répétition qu’il essuie.

C’est aussi la même chose que le chef de l’Apr a fait avec Aly Ngouille Ndiaye. De retour de sa tournée dite économique dans le Fouta, Macky Sall est passé dans le Djolof, le samedi 19 juin dernier. Pour la photo et pour montrer qu’il reste un poids lourd dans le département de Linguère, l’ancien ministre de l’Intérieur mobilise ses troupes pour chanter Macky Sall. «M. le Président, je tiens à vous dire que toute la population de Linguère croit en toi. Toute cette mobilisation, c’est pour vous dire simplement, merci pour nous avoir honoré de cette visite tant symbolique pour toute Linguère», lance Aly Ngouille Ndiaye. Et Macky Sall de lui répondre : «Cette étape ne faisait pas partie de ma tournée. J’étais parti dans la région de Matam et celle de Saint-Louis, jusqu’à Ranérou. Aly Ngouille Ndiaye m’a demandé de passer à Linguère pour communier avec les populations et parler aux responsables politiques. Ce que j’ai accepté volontiers.» Tout comme Amadou Ba avant lui, Aly Ngouille Ndiaye avait bénéficié d’une couverture de la presse pour annoncer son «retour de grâce». Au même moment, Moustapha Cissé Lô, Me Alioune Badara Cissé, El hadji Oumar Youm sont sans doute en salle d’attente.

Plus récemment, le ministre des finances et du budget, toujours en place, était présenté par le journal "Le devoir" comme le dauphin. D'autres organes avaient suivi la vague pour surfer dessus.

Mais dans tout cela, c’est bien Macky Sall qui reste le maître du jeu. A quelques mois des locales prévues en janvier 2022, le président de "Benno Bokk Yakaar" cherche à rassembler ses troupes. Ce qui l’oblige à renouer le dialogue avec les ténors de son parti mis à l’écart depuis leur départ du gouvernement. Mais avec Macky Sall, renouer le dialogue ne veut certainement pas dire, retour de grâce. Il cherche plutôt à gérer les frustrations, le temps de gagner les locales de 2022 et de préparer le prochain coup. Tout cela, au nom de ses seuls intérêts. De quoi faire réfléchir tous ces hommes ô combien pressés de rentrer dans des grâces ou plans du roi.