NETTALI.COM -  Son annonce était très attendue, mais à l’arrivée la montagne a accouché d’une souris. Face à la presse, vendredi, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique, n’a pas créé de surprise. Les rassemblements et manifestations sur la voie publique sont de nouveau interdits, le port du masque obligatoire sous peine de sanctions. Du déjà  entendu ! Aucun montant n'est annoncé en guise de sanction et aucune peine prévue.

Dès l'entame de son propos, le ministre de l'Intérieur a fait un aveu d'échec. «Il s’agissait du début d’une course de fond qu’on venait d’engager sans savoir au préalable combien de temps elle allait durer.» Ce qui renseigne sur la difficulté et la complexité de la prise en charge de la pandémie du Covid-19 au Sénégal. «Nous devons donc continuer à faire des efforts et respecter les gestes barrières. Il faudra se montrer très patients, très vigilants et solidaires, car il est certain et il ne faut pas avoir peur de le dire, que le virus est encore parmi nous et circule à grande vitesse. L’heure n’est pas à la polémique ou aux supputations, car l’ennemi est toujours debout, devant nous et prêt à frapper.», ajoute-t-il.

Déplorant le relâchement des populations et le non-respect des mesures barrières -port du masque et distanciation physique-, le ministre de l’Intérieur a annoncé de nouvelles mesures, pas si nouvelles que ça, mais avec effet immédiat. Il s’agit de l’interdiction des rassemblements au niveau des plages, terrains de sports, espaces publics et salles de spectacles, l’interdiction de toute manifestation sur la voie publique, spécialement dans la région de Dakar, le port obligatoire du masque dans les services de l’administration et du privé, dans les commerces et transports, et le respect scrupuleux des arrêtés du ministre du Transport relativement au nombre de places autorisées dans les transports en commun.

«Toute violation de ces dispositions expose son auteur à des sanctions pénales pouvant aller de l’amende à l’emprisonnement, conformément aux dispositions du Code des contraventions", a précisé Aly Ngouille Ndiaye. Des instructions seront ainsi données pour faire payer aux contrevenants une somme forfaitaire entre les mains de l’agent verbalisateur. La désinvolture, la légèreté et l’irresponsabilité dans le comportement sont désormais à bannir, parce qu’étant dangereuses pour soi et pour les autres.

Toutefois, les mesures annoncées l'ont déjà été. Dans sa nouvelle communication, on s'attendait à des mesures fortes. On s'attendait à ce qu'on dise que tout contrevenant s'exposerait à une condamnation pécuniaire dont le montant serait dévoilé ou s'exposerait à une peine dévoilée également. Mais que nenni. Aly Ngouille Ndiaye a juste annoncé ce qu'il avait dit il y a des mois déjà. Ce qui a fait dire à nombre de personnes qu'il aurait mieux fait d'envoyer un communiqué de rappel plutôt que d'ameuter tout le monde pour ne rien dire.

L'on s'attendait à plus de fermeté de la part de l'Etat d'autant plus que les cas deviennent de plus en plus nombreux et les décès montent en flèche.

Plus de 8 000 cas à Dakar, les jeunes indexés

Avec plus de 10 887 personnes infectées, dont 225 décédés, le Sénégal est submergé par la maladie à coronavirus. Quatre régions se distinguent par leur taux élevé de cas d’infections, selon le ministre de l’Intérieur.

«L’analyse par région a montré que les quatre régions suivantes présentent des chiffres qui doivent faire réfléchir : Dakar est en tête, avec 8 085 cas, soit 74%, Thiès 1 123 cas, soit 10,3%, Diourbel 688 cas, soit 6,3%, Ziguinchor 279 cas, soit 2,6%. Si on fait le cumul des chiffres, nous avons, rien que pour ces 4 régions, un total de 10 175 personnes infectées, soit 93,4% du total des cas.», reconnaît-il.

Aly Ngouille Ndiaye signale que près de 50% des malades ont moins de 40 ans. «Si on prend le nombre de personnes décédées des suites du Covid sur l’ensemble du territoire, de façon désagrégée, sur les 213 décès à la date du 5 août, nous en avons 2 dans la tranche d’âge 5-19ans, 8 dans la tranche 20-39, 45 dans la tranche 40-59 ans, et 158 âgés de plus de 60 ans. En résumé, seuls 10 malades de moins de 40 ans sont décédés, sur plus de 6 000 malades. Cela signifie que les jeunes constituent des vecteurs de transmission du virus aux personnes âgées, et ces dernières en meurent.» De quoi interpeller ces jeunes. «Les personnes les plus fragiles sont les personnes âgées et qui ont des maladies chroniques, mais les découvertes récentes ont montré que la tranche jeune est de plus en plus infectée, indique le ministre. Dès lors, les jeunes sont interpellés, car même s’ils sont souvent asymptomatiques, ils constituent un danger pour les personnes vulnérables avec lesquelles ils vivent. L’heure est donc pour eux à la prise de conscience et à la responsabilité.»

De l’avis de Aly Ngouille Ndiaye, aucune personne sensée ne peut désormais douter de la réalité, de la dangerosité et surtout de la létalité du Covid-19. Mais aussi, tous s'attendaient à plus de fermeté de la part de l'Etat.