NETTALI.COM – Le débat sur le statut de chef de l’opposition fait rage ces derniers temps. Et le fauteuil devrait revenir à Idrissa Seck. C’est en tout cas ce que veut le pouvoir. Mais la question est de savoir si le président du Conseil départemental de Thiès acceptera le poste ? Lui qui risque de jouer sa crédibilité dans cette affaire.  

Le statut du chef de l’opposition est consacré par la Constitution votée par référendum en mars 2016. Mais il reste à donner un contenu au poste. Toute la question est donc de savoir qui doit occuper ce poste. Si certains plaident pour le chef du parti d’opposition qui a plus le plus de députés, d’autres estiment que le poste doit revenir au candidat arrivé deuxième lors de la dernière présidentielle. Cette option semble avoir les faveurs des tenants actuels du pouvoir. Leur argument : le Sénégal a opté pour un régime présidentiel et non parlementaire. Mieux, disent-ils, avec la suppression du poste de Premier ministre, il n’y a plus de raisons de parler d’opposition parlementaire. Ce qui fait dire à certains que le pouvoir manœuvre pour le patron du parti Rewmi. Mais Idrissa Seck acceptera-t-il le fauteuil de chef de l’opposition ?

Si le principal intéressé s’est gardé jusqu’ici de se prononcer sur la question, nombreux sont ceux qui pensent que les avantages et privilèges liés à ce statut sont difficiles à refuser. Il y a en effet cette fameuse caisse (que le député Mamadou Lamine Diallo estime à deux milliards de francs) sans compter le rôle d’interlocuteur privilégié du président de la République, mais aussi le cabinet qui sera mis à la disposition du chef de l’opposition, entre autres.

Seulement, accepter ce poste équivaudrait à donner un sacré coup à la crédibilité d’Idrissa Seck. Ce dernier a toujours refusé de reconnaître la victoire de Macky Sall. Mieux, moins d’une heure après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle du 24 février dernier par la Commission nationale de recensement des votes, il avait réuni dans son quartier général les trois autres candidats perdants. Une rencontre sanctionnée par une déclaration signée par Ousmane Sonko, Issa Sall, Madické Niang et Idrissa Seck, lui-même. «La Commission nationale de recensement des votes vient de publier un résultat qui reflète parfaitement la commande du candidat sortant. Nous rejetons fermement et sans aucune réserve ce résultat. Nous ne ferons aucun recours devant le Conseil constitutionnel», faisait noter la déclaration lue, devant la presse, par Idrissa Seck. Non sans ajouter : «Force est de constater que le candidat sortant a confisqué la volonté du peuple souverain et sera le seul à assumer les conséquences face au peuple et face à l'histoire.» Depuis, le chef de la coalition «Idy2019» n’a jamais fait de déclaration reconnaissant la victoire de Macky Sall. Or, accepter le fauteuil de chef de l’opposition, c’est reconnaître que Macky Sall a été élu de manière légale et légitime. Autrement dit, Idrissa Seck accepterait ainsi ce qu’il a toujours refusé.