NETTALI.COM - «La communauté lébou ira à la reconquête de la mairie de Dakar et je vais apporter mon soutien », c’est ce qu’a déclaré le Grand Serigne de Dakar, qui était l'invité à l'émission "Ndogou Des Célébrités", diffusée par Dakaractu, samedi dernier.

Après le tollé soulevé par cette sortie, ce mercredi, l’ancien ministre des Sports est revenu à la charge pour assumer ces propos. « Si la coalition Bby présente un candidat lébou, je le soutiens. Si c’est le Pds qui investit un candidat lébou, c'est lui que je vais soutenir », a précise M. Diop sur le plateau de  la 2STv.

Une déclaration qui fait peur surtout venant d’un administrateur civil qui a exercé de hautes fonctions ministérielles dans ce pays. La phrase malheureuse du député Abdoulaye Makhtar Diop est ainsi lancée dans un contexte de tensions croissantes sur la question du repli communautaire.

De plus, certains votes issus de la présidentielle passée, interprétés à tort ou à raison comme un glissement dans le sens du repli régionaliste voire communautariste, devraient pousser les élites à plus de prudence face à ce type de discours qui porte atteinte à la cohésion nationale.

L’inamovible député-maire de Dakar, Me Lamine Guèye, le policé St-Louisien, qui a des origines soudanaises, ne se reconnaîtrait certainement pas dans cette exhortation à la candidature lébou pour briguer le fauteuil de Soham Wardini. « Un peuple, un but, une foi », avons nous choisi pour devise.

C’est dire que le 5e vice-président de l’Assemblée nationale réveille de vieux souvenirs. Est-il nostalgique ? En tout cas, il ne devrait pas s'amuser à entretenir ce type de prise de position qui peut s'avérer dangereuse.

Pour rappel, dès la fin du 18e siècle, les Lébous fondèrent un Etat autonome. Il s’agissait d’une monarchie théocratique basée sur une dynastie héréditaire. Seulement à côté de cet Etat lébou, il y en avait d’autres au Djolof, au Cayor, au Baol…A quelque chose, malheur est bon, le colon, avec sa règle d’écolier, a tracé sur ce territoire, les frontières d’un Etat qui s’appelle le Sénégal et celui-ci est devenu une nation, unie par « un commun vouloir de vie commune ». Qui ose présenter sa candidature à la mairie de Paris, en se prévalant de son appartenance à une ethnie ?

Qui plus est, cette communauté est loin d’être majoritaire à Dakar, même si la proximité avec la capitale contribue à lui donner un rôle important dans la vie politique nationale.

Sous ce rapport, agiter la question d’une candidature lébou aux locales, au moment où cette communauté est divisée par une querelle de leadership depuis le rappel à Dieu du Grand Serigne Bassirou Diagne Marème, nous semble dangereux.