NETTALI.COM - Aminata Tall vient d’être débarquée de son poste de Présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Elle vient de nous ramener dans les années  Wade lorsque des militants brûlaient des pneus pour manifester contre le limogeage de leurs responsables.

Un remplacement en tout cas vécu comme une sorte de fin du monde avant l’heure pour ses partisans et militants à travers le Sénégal, qui, pour beaucoup, ont prévu de se rassembler à Diourbel, ce jeudi, pour manifester contre ce qu’ils assimilent ni plus, ni moins qu’à une « trahison de la part de Macky Sall ». Ceux-là n’hésitent d’ailleurs pas à évoquer un passé qui remonte à 2012, au cours duquel, Aminata Tall avait eu à déployer des moyens matériels, financiers et humains pour soutenir l’actuel locataire du palais. Certains sont même allés jusqu’à évoquer la brutalité de l’éviction de leur leader, pensant que le Président Sall aurait quand même dû laisser son mandat courir un peu avant de la remplacer.

Des réflexions bien bizarres au regard du temps qu’Aminata Tall a passé à la tête de cette institution qui n’aura aucunement fait la preuve de son utilité. Si le Cese avait servi à quelque chose, on l’aurait sans doute senti et su. Qu’a-t-il produit de si révolutionnaire au niveau économique, social et environnemental ? Rien, sinon le fait d'avoir payé des salaires et pas des moindres, consommé du carburant et le téléphone du contribuable à satiété ; et pire le fait d’avoir créé une nouvelle caste de chargés de mission et de conseillers spéciaux utiles qu’à eux-mêmes et à leurs familles et proches.

Tous se passe comme si le gâteau Sénégal revenait à des actionnaires dont la logique est d’investir en moyens matériels, financiers et humains avec l’objectif de récolter des postes et des honneurs. Et au fond Aminata Tall n’a peut-être pas tort d’avoir eu des prétentions, de se fâcher, et les militants de compatir car c’est Macky Sall himself qui a entretenu cette logique de renvoi d’ascenseur,  demandant à ses DG, ministres et responsables de structures étatiques, alors qu’il voulait par tous les moyens se faire réélire, de descendre sur le terrain. Ce qui voulait dire, utilisez leurs moyens, leur énergie et  leur génie pour le faire réélire. N’est-ce pas donc lui qui leur avait indiqué la voie à suivre en faisant miroiter une rétribution au bout de l’effort sur le terrain ? Ainsi va la politique aux couleurs sénégalaises.

Devrait-on dès lors reprocher à Aminata Tall, par la voix de ses militants, de s'être investie pour par la suite amasser des profits ? Certainement non, lorsqu’on s’engouffre dans une logique politique. Assurément oui, lorsqu’on se place sur le plan de l’orthodoxie de la gouvernance qui veuille qu’on s’engage pour une cause parce qu’on y croit.

Il semble toutefois que Macky Sall ne se sente plus, tout d’un coup, redevable de quoi que ce soit après avoir servi une bonne partie de la clientèle politique, lors de son premier mandat. Surtout qu’il a décidé d’opérer une rupture.

Aminata Touré était aussi dans la même logique puisque du haut de son poste de 1er ministre d’où on l’avait arrachée, elle sera nommée envoyée spéciale. Envoyée spéciale, un poste bien vide et taillée sur mesure pour caser un poids bien lourd mais dont on savait qu’il ne servait pas à grand-chose. Mimi réussira la prouesse de s’investir sur le terrain, de battre campagne en étant aux premières loges et à aller au charbon pour Macky afin de pouvoir enfin retourner dans les grâces du Président.

Présidente du Cese, une promotion comparée au poste d’envoyée spéciale. Seulement l’institution n’a pas beaucoup d’envergure, elle n’est pas bien vue, elle n’est pas considérée comme une vraie au même titre que l’Assemblée nationale. Son image d’institution budgétivore sans intérêt, du niveau du Haut conseil des collectivités territoriales, la dessert sans parler de l’illisibilité de son action.

La vérité, c’est qu’Amina Tall n’en a rien fait ; Mimi en fera peut-être quelque chose. Mais le hic, c’est que les Sénégalais ne croient pas en cette institution et Macky semble avoir créé un grand bazar en la créant. Et en fait, nos compatriotes doivent être bien contents qu’on ait remplacé Aminata Tall dont les militants pensent que ministre ou patron d’une institution, c’est à vie. Et elle-même d’ailleurs le pense. La dame aura passé 28 années dans les sphères de l’Etat. Elle a été ministre à deux reprises, sous le magistère du président Abdou Diouf, plusieurs fois ministre sous le magistère du président Abdoulaye Wade. Première femme à occuper les fonctions de secrétaire général de la présidence de la République, elle a été aussi députée et vice-présidente de l’Assemblée nationale. Que veut-elle de plus ?

Mais comme avec Macky Sall, on ne sait jamais, peut-être qu’il lui trouvera un parachute bien doré ! Politicien, c’est devenu un métier surtout que ça nourrit bien son homme. Mais attention, elle est assaisonnée à la sauce « trahison ».