NETTALI.COM - En prison depuis 2013, Boubacar Dianko risque d’y passer le restant de sa vie si la chambre criminelle spéciale suit le réquisitoire du parquet qui a demandé que l’accusé soit condamné aux travaux forcés à la perpétuité.

Né en 1970 à Missirah, Imam Boubacar Dianko est l’une des premières personnes à être arrêtées pour terrorisme. En prison depuis février 2013, il a été arrêté après que son numéro de téléphone ait été communiqué à la division du contre-espionnage de la Direction de la surveillance des territoires (Dst) par les services secrets maliens.

Ces derniers confiaient aux autorités sénégalaises que Boubacar Dianko était en contact permanent avec l'émir du Mujao  (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) à Gao, Hamada Ould Mohamed El Kheiri et un agent recruteur dudit mouvement né d'une scission d'Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) fin 2011.

Selon les renseignements fournis, le suspect avait quitté le Sénégal dans la nuit du 3 au 4 janvier 2013 pour se rendre à l'étranger après avoir reçu une somme de 200.000 francs envoyée depuis le Mali.

Muni de ces informations, les agents du service régional de renseignements généraux de Tambacounda ont, le 8 janvier 2013, arrêté Dianko, dans une localité située à Kédougou, en compagnie de son neveu et élève Serigne Ahmadou Bamba Dianko.

Au moment de son arrestation, le mis en cause était porteur d'un port Usb et un Cd dans lequel il y'avait une vidéo d'un combattant armé d'un fusil de guerre qui dirigeait l'entraînement de jeunes combattants mineurs. Cette vidéo de propagande et d'enrôlement a été prise à partir de son téléphone portable.

Lorsqu’il a été interrogé, Boubacar Dianko avait contesté son séjour à Gao avant de le reconnaître en confiant avoir séjourné aux côtés de l'émir qui serait son ancien maître coranique. Il soutenait que ce dernier lui proposait de rejoindre les rangs de leur mouvement pour faire le djihad mais il avait refusé.

Face aux juges ce mercredi, l’accusé a plaidé non coupable. « Je n’ai pensé au jihad. Cela ne m’a jamais effleuré l'esprit. J’étais parti au Mali participer à un concours de récital de Coran auquel mon neveu devait participer », s’est défendu Boubacar Dianko. Il a confié avoir connu le djihadiste en 2003, en Mauritanie. Il y avait amené ses élèves poursuivre leurs études coranique, mais il ignorait qu'il était du Mujao.

S’expliquant sur la vidéo, il a soutenu que c’est Al Khaïri qui a filmé la scène. Il a confié l’avoir montré à son neveu pour le sensibiliser et le mettre en garde contre le terrorisme. Ce dernier l’a contesté en déclarant que son oncle ne lui a rien dit lorsqu’il visionnait la vidéo.

La parquetière a estimé que même si l’accusé conteste les faits, il est affilié aux djihadistes du Mujao car dans son répertoire téléphonique, des individus proches de ce mouvement Mujao étaient parmi ses contacts. Il a reçu des sommes d'argent via western union pour financer son voyage.

La défense a plaidé l’acquittement non sans dénoncer la longue détention préventive subie par leur client arrêté, à leur avis, sur la base de « simples suppositions. »

La chambre criminelle spéciale de Dakar rendra son verdict le 10 avril prochain.