NETTALI.COM - L’Assemblée nationale a voté le projet de loi n°05/2024 pourtant amnistie, mercredi dernier. Invité de l’émission "Jury du dimanche", le directeur exécutif d'Amnesty International, section Sénégal promet de l'attaquer au niveau international.

La loi d’Amnistie consistant à effacer les faits consécutifs aux évènements qui ont secoué le pays de 2021 à 2024, a été voté par l’assemblée nationale. Le directeur exécutif d'Amnesty International, section Sénégal a donné son avis sur cette loi. « Une bonne partie de la classe politique considère cette loi d'Amnistie comme une prime, justement, à l'impunité. On ne peut pas prendre une loi d'Amnistie pour effacer des actes particulièrement graves qui ont eu lieu dans ce pays entre 2021 et 2024 sans qu'on connaisse la vérité » dit-il.

Poursuivant, il relève : « il y a près de 100 Sénégalais qui ont perdu la vie, civils et militaires. Et cela, c'est entre mars 2021 et maintenant. Donc, on ne peut pas passer par pertes et profits ces décès. Il y’a une dizaine de familles qui ont déposé plainte. Elles ont déposé plainte depuis au moins deux ans auprès des juridictions sénégalaises. Aucun acte d'instruction n'a été posé. Et on vient leur dire qu'on a retenu une loi d'Amnistie. Votre plainte est nulle. Vous ne pouvez plus en parler. On dit aux juges, vous ne pouvez plus en parler. Comment pensez-vous que les familles vont évidemment prendre cette loi-là ? »

Pour lui, cette loi n’a pas pour but de pacifier le pays . « C'est le message que vous envoyez aux fonds de la défense et aux autorités, que vous envoyez à tous les fonctionnaires pour dire, vous faites les mêmes crimes dans un an, dans deux ans, dans trois ans, on prendra une loi d'amnistie pour les effacer. Vous ne courez absolument rien, on prendra une loi d'amnistie pour tout effacer ».

Seydina Gasssama soutient qu’il n'est  pas contre les lois d'amnistie, mais estime que celles-ci doivent venir après que justice et réparation aient été rendues aux victimes. « C'est pour cela que nous sommes contre cette loi d'amnistie, que nous considérons comme un affront pour toutes ces victimes, pour toutes les familles. Et nous disons au peuple sénégalais que si le but de Macky Sall, c'est de libérer les détenus, s'il entend réconcilier la société sénégalaise en libérant les détenus, il dispose de moyens, le parquet dispose de moyens pour sortir toutes ces personnes de prison. On a quand même sorti près de 500 personnes de prison, n'est-ce pas, de façon massive, sans avoir posé de loi d'amnistie. Donc la loi d'amnistie, elle n'a qu'un objectif, protéger les membres des forces de défense et de sécurité, protéger ceux qui ont peut-être brûlé le bus et tué deux enfants innocents, protéger les gens, protéger les femmes, protéger les enfants qui ont cassé les stations d'essence », peste t-il.

Dans cette lancée, il annonce des recours au niveau international. « Maintenant que la loi d'Amnistie met fin à tous les recours possibles au niveau du Sénégal, nous allons prendre tous les cas, bien qu'ils soient très bien documentés, nous allons les prendre. Avec les avocats, nous allons les envoyons au comité des droits de l'homme des Nations Unies pour que, justement, l'État du Sénégal soit condamné à accorder des réparations à ces familles-là. Parce que le mécanisme de réparation a été annoncé au Sénégal. Nous tenons à rappeler que ce n'est pas la première fois qu'on parle d'un mécanisme de réparation au Sénégal » a-t-il indiqué.