NETTALI.COM - Alioune Tine est à la manœuvre pour la réconciliation nationale et la libération de Sonko. Un moyen, pour le président du think tank Afrikajom Center, de tenter d’apaiser le climat politique. Alors que ses détracteurs mettent en avant son rôle obscur dans les discussions qui ont abouti au report de la Présidentielle.

C’est un visiteur du soir qui fait beaucoup parler de lui. Le nom d’Alioune Tine revient le plus souvent quand on évoque l’organisation du dialogue politique et le report de la Présidentielle. Même s’il est soumis au feu des critiques concernant son rôle dans le report de la Présidentielle, il faut dire que l’ancien patron de la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l’homme (Raddho) a toujours été constant dans sa démarche. Dans les mois précédents, il semblait sceptique sur le processus électoral qui exclut Sonko et sur la fiabilité du fichier électoral fortement décriée par les opposants. Une situation qui, d’après lui, n’offrait pas toutes les assurances d’un scrutin libre et inclusif.

Une attitude qui semble lui desservir aujourd’hui. Beaucoup, dans l’opposition, l'accusent d’être parmi ces visiteurs du soir et personnalités qui auraient conseillé à Macky Sall le report du scrutin. Avant-hier, la plateforme "Aar Sunu Élection" a ainsi dénoncé l’initiative d’Alioune Tine qui avait prévu une rencontre entre Macky Sall et la société civile au palais. Les membres d’Aar Sunu Élection reprochent à Alioune Tine de les avoir "mis devant le fait accompli".

Pourtant, le patron d'Afrikajom Center se défend d’être à l’origine du report. "Après les événements de mars 2021 et de juin 2023, nous avons besoin d’une conciliation nationale, car notre démocratie est malade. Il y a longtemps que je milite pour que tous les acteurs de la vie politique de ce pays se mettent autour d’une table pour discuter des questions du pays", déclare-t-il.

L’expert indépendant des Nations Unies sur les Droits de l’homme estime que cette démarche doit créer des conditions objectives et subjectives pour le dialogue et la libération des prisonniers politiques, afin d’aplanir tous les conflits politiques.

Par ailleurs, il demande au président Macky Sall de faire preuve de pragmatisme en cédant le pouvoir au terme de son mandat, le 2 avril, au président de l’Assemblée nationale qui va organiser une période de transition jusqu’à l'élection présidentielle désormais fixée au 15 décembre 2024.

Ce vieux serpent de mer du dialogue a toujours été au cœur du discours du président d’Afrikajom Center qui a toujours milité pour la participation d’Ousmane Sonko à la Présidentielle de 2024.

Déjà, en fin 2011, il travaillait avec le groupe de personnalités apo- litiques (G6) pour apaiser les ten- sions politiques, à l’approche de la Présidentielle de février 2012.

Loi d’amnistie

La volonté du gouvernement d’introduire une loi d’amnistie générale pour les émeutes de mars 2021 et de juin 2023 semble ouvrir la voie à une possible libération d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. La révélation a été faite par Alioune Tine.

Selon lui, "Ousmane Sonko va être libéré dans les prochains jours", explique-t-il. Avant d’ajouter sur le plateau de Seneweb : "La libération de Sonko va ramener la paix dans ce pays. Tout ce qui peut ramener la stabilité dans ce pays doit être fait et encouragé."

Toujours d’après le droit-de-l'hommiste, le chef de l’État Macky Sall serait d’accord avec le principe de réconciliation nationale. Le projet de loi y relatif pourrait être adopté aujourd’hui en Conseil des ministres. Il devrait constituer la première étape de ce processus de dialogue. Et Alioune Tine de mettre un coup de pression au leader de l’ex-Pastef comme pour l’inviter à prendre ce rameau d’olivier que lui a tendu Macky Sall.

"Le problème désormais ce n’est plus Pastef ou tel ou autre parti. Son engagement (NDLR : Ousmane Sonko) envers le pays qui lui a valu la prison, il doit aussi avoir la même détermination pour que les cœurs s’apaisent au Sénégal. Il doit tout tenter pour réunir les Sénégalais pour mettre fin aux tensions dans ce pays", soutient-il avec force.

Cependant, la suspension des données mobiles d’Internet et l’interdiction de la marche du collectif Aar Sunu Élection, ont aussi démontré à Alioune Tine et à Pierre Atepa Goudiaby, qui sont au cœur de cette médiation, que ce processus est loin d’être stabilisé et que les radicaux dans le camp du pouvoir ne sont pas prêts à rendre les armes.

De ce fait, ce travail de médiation appelle une vigilance permanente de tous les acteurs pour mener à bien ce processus de dialogue.