CONTRIBUTION - Deux ans ferme pour Ousmane Sonko au motif de corruption de la jeunesse. Verdict d'apaisement ? Loin de là. En revanche, le juge a visiblement coupé la poire en deux. Ne versons pas dans un juridisme à tout va d'autant que nous ne pouvons pas analyser techniquement cette décision inédite et historique de disqualification- requalification des faits.

Ce qui reste constant, c'est que Sonko le principal concerné et opposant radical du régime, dispose encore de voies de recours... L'intrépide patron du Pastef,
caractérisé par la fougue de la jeunesse, mise visiblement sur la rue publique, une stratégie éprouvée qui comporte faudrait-il le rappeler des limites objectives d'autant que l'Etat a la mission régalienne d'assurer la paix civile. À quel prix ?

Une interrogation qui prend tout son sens au regard des violentes scènes de pillage matinées de morts d'hommes notamment à Ziguinchor. Dakar ayant aussi frôlé l'apocalypse.

Le jugement par contumace a sensiblement desservi Sonko car d'aucuns estiment que sa présence aurait pu faire pencher la balance autrement. Un célèbre adage dit d'ailleurs que les absents ont toujours tort même si le Boss de Pastef a sûrement de sérieuses raisons de boycotter la barre de la chambre correctionnelle.

L'un dans l'autre, un conflit ne représente jamais l'idéal et il faut trouver une solution revêtue du cachet de l'inclusion pour ramener le calme et la sérénité
dans tout le pays.

Vaste programme dans ce contexte de nerfs tendus et de crispation d'acteurs qui ont fini de se braquer au grand dam d'un peuple désemparé. Les enjeux sont importants : il s'agit juste de remettre ce Sénégal profondément divisé au travail et le Président de la République clé de voûte de nos Institutions devrait monter au créneau pour parler solennellement aux Sénégalais et les rassurer par ricochet.

De même, les deux camps antagoniques qui se regardent en chiens de faïence doivent consentir à lâcher du lest. Faire des concessions n'a jamais été un signe de faiblesse. Le procès Sonko/ Adji Sarr a tiré en longueur : deux ans de galère, beaucoup de show et d'agitation stérile des acteurs politiques.

C'était quelque part le procès d'une société sénégalaise malade d'un Leadership faible et tatillon, d'une faillite collective en terme de malaise sociologique sans oublier cette crise des valeurs qui a fini de défigurer nos divers ressorts sociaux.

Aujourd’hui, la duplicité, le viol des consciences et la gouvernance partisane n'aident nullement à convaincre et rassurer 17 millions de Sénégalais qui avaient fini de s'habituer à une démocratie solidement adossée à une gestion intelligente de notre vivre-ensemble.

Ce procès Sonko/ Adji Sarr sur fond d'enjeux politiques vitaux a finalement provoqué une profonde césure entre nos compatriotes.

Désormais, chacun d'entre nous est estampillé pro Macky Sall ou anti Pouvoir, pro Sonko ou anti opposition notoire... Ce n'est point inédit en soi mais le
danger, c'est cette chasse aux sorcières systématique voire systémique qui s'en suit et qui est de nature à installer la suspicion dans nos espaces de vie surtout que même nos familles, cellules sociales de base ne sont pas épargnées par cette situation qui frise le désastre.

Par ailleurs, ce climat délétère incite les plus émotifs et les plus irresponsables d'entre nous à se radicaliser... C'est le cas de ces faucons identifiés dans les deux camps qui continuent de sévir en murmurant à l'oreille des deux principaux Leaders en conflit.

La vingtaine de morts que ce dossier a déjà charrié devrait normalement hanter nos nuits afin qu'un sursaut national soit de mise pour remettre ce pays à l'endroit.

Trop de haine, trop de blessés, assez de morts pour qu'on pousse ce strident cri du coeur. Cette peur diffuse sur Dakar et les autres villes du pays est de nature à rendre le Sénégal peu attractif dans le domaine économique. Déjà que les nombreux jours ouvrables perdus ces deux dernières années représentent un manque à gagner évalué à plusieurs milliards.

Il s'agit d'une situation confuse peu propice à la productivité que nous risquons d'endurer jusqu'à février 2024...

A n'en point douter c'est parti pour l'ouverture d'un nouveau et long cycle d'incertitude et de tension car l'Etat semble maîtriser difficilement une situation pour le moins précaire et anxiogène pour les forces de défense et de sécurité. Ousmane Sonko "neutralisé" momentanément, s'ouvre alors une période trouble qui peut dégénérer à tout moment. Tout peut arriver.

Autant dire que le dialogue national qui semble snober la jeunesse sénégalaise est pour le moins parasité par ce contexte socio- politique assez tendu.

Le Sénégal est à la croisée des chemins et le monde entier nous suit à la minute près.

Nous n'avons pas le droit de brûler ce pays qui nous a tout donné et qui nous mobilise au quotidien !