CONTRIBUTION - Il y a soixante ans les gendarmes envahissaient l’hémicycle. Ce funeste événement, aucun esprit sain n’avait à l’esprit qu’il pouvait se répéter. Hier nous nous attendions à des ruptures. Nous fûmes tous déçus et choqués que la Cérémonie solennelle d’installation de la 14ème législature fut le jour funeste de la réédition de l’arrivée massive des gendarmes dans l’hémicycle.

Le peuple en décidant d’une issue étriquée inédite des élections législatives avait lancé une injonction de dialogue pour une nouvelle respiration démocratique que devaient porter le pouvoir, la classe politique et particulièrement les nouveaux députés.

Les nouveaux députés avaient la noble mission d’éradiquer les mauvaises habitudes et attitudes constatées de leurs prédécesseurs, de bâtir les ruptures que le peuple souhaitait et d’être des modèles pour notre jeunesse et notre société.

Le pouvoir devait aussi être exemplaire en construisant un dialogue positif avec tous les acteurs politiques pour le seul intérêt de notre pays.

Aucun dialogue ne fut noué avant cette cérémonie d’installation des députés.

Le Président de la République est le Gardien de la Constitution, comme aimait le répéter le doyen El Hadj Mansour Mbaye. Il lui incombe donc le leadership dans la construction des conditions et d’un espace de dialogue sincère dans l’intérêt de notre pays.

Il est du devoir particulièrement des forces politiques d’accepter de répondre à l’appel du Chef de l’État et d’apporter leurs contributions à ce que les discussions soient productives.

Les problèmes soulevés hier et les scènes honteuses devant les télévisions du monde entier risquent de se répéter avec plus d’arrogance et de violence.

Ce pays, qui fut un pays phare de ressources humaines compétentes, d’intelligence politique et de leadership démocratique de sa classe politique, a perdu son aura.

Il se morfond désormais dans les faits divers des extravagances, des démesures, des outrances et de l’envie jamais assouvie de pouvoir, de stations, de népotisme et de sinécures de ses politiciens.

Le Sénégal est un pays béni. Cet héritage de nos ancêtres n’est pas éternel.

Prions encore pour que les prières de nos Saints soient nos intercesseurs auprès de Dieu pour qu’Il irrigue d’humilité, de patience et de sagesse le cœur de nos dirigeants et de nos politiciens et qu’Il insuffle définitivement la culture de la paix et du dialogue dans leurs esprits.

L’Assemblée nationale doit être l’Arbre à palabre de la République.

Dakar, mardi 13 septembre 2022
Mary Teuw Niane