NETTALI.COM - Exit les législatives, place aux manœuvres politiciennes dans le but de trôner au perchoir et de se voir servi au buffet du bureau de l’hémicycle. Et comme l’ont relevé certains médias, le mystère plane toujours. Si du côté de la majorité, l’on ne connaît pas encore le candidat de Macky Sall, malgré les noms avancés d’Aminata Touré et de Pape Diop, l’heure est plutôt au jeu des coudes au sein de l'inter-coalition Yeewi-Wallu puisque cinq candidats au moins, sont cités.

Mamadou Lamine Thiam, maire de Kébémer, le candidat de Me Wade est en pole position pour porter le drapeau du parti démocratique et de ses alliés de Wallu. Mais il faudra compter avec le député Cheikh Abdou Mbacké Bara Doli  du mouvement « nekkal fi askanwi », - un mouvement lancé avant son emprisonnement - qui est venu jouer les trouble-fêtes, prenant tout le monde de court. En cause, les candidatures annoncées au sein de Wallu sans concertation. Ce qu’il considère ni plus, ni moins comme un manque de respect vis-à-vis des alliés. Le responsable politique fonde ainsi son ambition sur son apport de plus de 109 000 voix récoltées dans le département de Mbacké, avec 7 députés à la clef pour Wallu. Ce n’est pas la seule raison, son expérience de parlementaire aussi, il la brandit. Barthélemy Dias est également cité. Tout comme Birame Soulèye Diop et Ameth Aïdara, l’homme de Guédiawaye qui est le seul à avoir publiquement déclaré sa candidature. L’on a enregistré au total quatre députés qui auraient informé Khalifa Ababacar Sall de leur volonté de se porter candidat à la candidature de Yewwi. Bref, du monde sur la ligne de départ !

Ce qui augure d’un arbitrage fort compliqué pour l’inter-coalition qui avait prévu une rencontre le mercredi 31 Août afin d’arrondir les angles avant l'installation de l'Assemblée nationale prévue le 12 septembre prochain. L’expérience des candidats devrait normalement pouvoir jouer (et pas seulement) car seuls Mamadou Lamine Thiam, ancien 1er questeur sous le régime libéral, Bara Doly et de Barth (qui en a une bien maigre pour n’avoir siégé que quelques mois, lors de la 12ème législature), peuvent se prévaloir se prévaloir d'une expérience de député. Et il sera aussi difficile d’imaginer un Birame Soulèye Diop se ranger derrière Dias fils. Ce qui équivaudrait à donner davantage de pouvoir et de poids à Dias fils, déjà maire de l’importante mairie de Dakar. Surtout que l’on ne voit pas encore très clair dans un  schéma qui se dessinerait dans le cadre de l’alliance Yewwi, en direction de la future présidentielle. Quant à Ahmeth Aîdara qui est le seul à avoir publiquement déclaré sa candidature, il semble plutôt chercher à faire monter les enchères dans le but d’obtenir un poste de président de commission.

Bref une situation bien cocasse, révélatrice d’un désaccord à venir entre Yeewi et Wallu que pourtant des observateurs avaient prédite. L'installation des nouveaux députés risque ainsi de sonner l'implosion de l'inter-coalition, ce d’autant que les positions des uns et des autres semblent difficilement conciliables.

Le constat avec les hommes politiques sénégalais, c’est cette impossibilité à s’entendre dans la durée, surtout dans le cadre d’alliances de ce genre, à but uniquement électoraliste, en l’absence d’idéologies véritables.

Ainsi, pour éviter une implosion avant l'heure, les leaders de Yewwi et de Wallu ont décidé de laisser aux deux coalitions, le temps de trancher d'abord au sein de chaque instance avant de réunir l'inter-coalition. Ce qui n’est pas une mince affaire.

Une élection du bureau (Président, les 8 vice-présidents, les présidents de commissions et le 1er questeur) qui est en réalité, si l'on en croit le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, une affaire de députés élus et non de chefs de partis. C'est la raison pour laquelle, N'importe quel député peut prétendre à une éligibilité.

Il s'y ajoute que Yewwi va aussi devoir gérer la polémique sur le cumul de mandats. Pour certains, les maires élus députés doivent démissionner. Sauf que tout le monde ne l'entend pas de la même oreille. Un principe qui a pourtant toujours été défendu dans le sens d'opérer la rupture par l'opposition !

La seule chose sur laquelle Yewwi askan wi et Wallu Sénégal ont fait de grands pas, c’est la constitution des groupes parlementaires puisqu’ils se sont entendus sur au moins trois groupes, en attendant de voir ce que fera Benno qui ne devrait pas elle aussi avoir un seul groupe, au risque d’être en minorité à l’hémicycle. L’on parle même de 3 groupes à constituer dans le cas de la majorité. Ce qui pourrait mener à un total de 6 groupes parlementaires.

Une situation qui sonne finalement comme une course aux avantages et qui consiste à caser le maximum de responsables, sans toutefois tenir compte des enjeux de représentation pour une assemblée historiquement équilibrée, en termes de nombre de députés et dont on attend qu’elle soit une représentation de rupture.

Entre autres avantages, le président qui est d’office membre du bureau de l’assemblée avec des avantages en dotation de carburant, en temps d’antenne de 10 mn ; le groupe qui bénéficie aussi de subventions et d’un quota pour aller siéger aux parlements africains (Cedeao, Union africaine), en plus de désigner son représentant dans les commissions d’enquête, sans oublier les missions à l’étranger, les groupes d’amitié (Sénégal-France, Sénégal -Usa, etc) et la visibilité offerte lors des tirs groupés au cours des débats au député suivant ses aptitudes, éloquence et prises de position.

L'équation de l'amnistie avec un Pds revigoré

Un parti qui a en tout cas bien tiré profit de l’alliance au sein de l'inter-coalition, c’est bien le Pds, malgré la saignée dans ses rangs qui se poursuit. Il est en effet sorti ragaillardi des législatives, suite à la prouesse réalisée par la coalition Yewwi-Wallu qui a réussi à rafler 80 députés. Il est vrai que le parti de Me Wade avait perdu du terrain, suite à ces retours sans cesse annoncés, puis reportés de Wade fils et pour qui, le père a toujours chauffé le fauteuil du parti ; et aussi suite au départ de quelques dignitaires que Macky Sall tenait jusqu’à une époque récente avec des dossiers « sous son coude ». Les dernières démissions dans les rangs libéraux ne sont pas pour arranger les choses. Celle de Toussaint Manga, puis de Cheikh Dieng n'étaient pas du tout attendues. Des divergences sur la stratégie serait, si on en croit ce dernier, apparu entre lui et Wade fils.

Ainsi va la politique sous nos cieux. Dans un univers où les idéologies ne sont plus mises en avant, elle se structure désormais sous forme d’alliances parfois contre nature et de coalitions dont la pérennité est source de conflit voire d’implosion à l’heure du partage du butin et du gâteau électoraux.

Le Pds de Me Wade lui, se démarque de plus en plus à travers des prises de position avec l’ombre du Pape du Sopi qui plane au-dessus du parti et une représentation sur tout le territoire. Ce que redoutent des observateurs chez ce dernier, c’est qu’il soit finalement réduit à vouloir marchander une amnistie en faveur de Karim Wade. Toujours retenu au Qatar, la question est surtout de savoir si la médiation de Condé qui s’est prolongée à Massalikoul Djinaan, est toujours d’actualité ? Difficile de savoir, mais toujours est-il qu’elle est sans cesse agitée avec des velléités de la réchauffer, mais avec un Karim Wade qui semble avoir une exigence de révision de son procès. Accepter une amnistie, reviendrait à accepter ses crimes.

Une recherche de virginité pour le fils du pape du Sopi qui ne dit finalement puisque l’objectif est manifestement de polir son image. Voilà ce à quoi aspire l’ancien « ministre de la terre et du ciel », au moment où les candidats se bousculent pour annoncer leur candidature à la prochaine présidentielle : Ousmane Sonko, Bougane Guèye Dany, Malick Gackou etc Quant à Macky Sall, c’est toujours l’incertitude, mais son lieutenant et non moins chef de cabinet Mambaye Niang le plonge déjà dans le jeu. Il a bien repris du service. Ou l’aurait-on activé pour la circonstance ?

La course aux déclarations de candidature 

Au cours de l’émission « Grand Jury » de ce dimanche 28 août sur la Rfm, Mame Mbaye Niang n’a pas mis de gants pour convoquer le conseil constitutionnel qui se serait déjà prononcé. Selon lui, « ceux qui veulent en débattre, ne sont pas motivés par une sincérité. Parce que c’est un problème qui est déjà réglé constitutionnellement et juridiquement. » « Il y a déjà l’arrêt qui règle ce problème. Le reste c’est un problème politique, il faut des réponses politiques et une organisation politique. C’est comme ça que je le perçois", a argué le ministre conseiller.

L’ancien ministre de la Jeunesse n’a d’ailleurs pas manqué de jeter des pierres dans le jardin de Sonko. "On n’est pas aussi obligé de répondre à une stratégie des gens qui ne savent pas ce qu’ils veulent ou qui ne comprennent pas. Ces gens, soit ils sont incultes, soit ils sont de mauvaise foi. Ils refusent d’admettre la réalité en face. Ils veulent nous forcer le bras de fer. Maintenant, il faut l’assumer et le faire", a-t-il laissé entendre.

C’est le Conseil constitutionnel qui a du souci à se faire. Surtout que les détracteurs du 3ème mandat de Macky n’attendent pas de lui, autre chose que de se prononcer contre cette 3ème candidature. Une partie de ceux-là ne se fait toutefois pas d’illusion quant au verdict des 7 sages, puisque sa récente décision pour écarter les titulaires de Yewwi et les suppléants de Benno était des plus controversées, si on en croit des hommes de l’art. Ceux-là se rappellent aussi au bon souvenir de la décision du Conseil qui avait maintenu les 7 ans de Macky Sall, malgré la promesse de ce dernier de réduire son mandat à 5 ans. Le droit et la parole donnée sur le terrain politique ne font pas forcément bon ménage.

Le 3ème mandat, un sujet qui divise et finit par polluer l’atmosphère. Macky Sall qui craignait, selon son argumentaire si peu crédible selon lequel les Sénégalais cesseraient de travailler s’il venait à renoncer à sa candidature, a produit le même résultat. En assénant ce «ni oui, ni non», il a ainsi réussi à accentuer la division d’un pays déjà en proie à des difficultés économiques et sociales, mais encore à le mettre dans l’expectative.

Une décision quant à sa candidature qui devrait intervenir d’ici la fin d’année. Certainement à l’occasion de son discours de fin d’année.

Toujours est-il qu'il subsiste un problème d'éligibilité relevé par Alioune Tine, lors de l'émission "l'Invité de MNF" sur la 7 TV, la semaine dernière. Et il concerne aussi bien Macky Sall à qui une partie de l'opinion dénie le droit à un 3ème mandat ; Khalifa et Karim Wade, inéligible pour le moment ; Barth et Sonko qui ont tous les deux des dossiers en justice, même si celui d'Ousmane Sonko n'a pas connu d'évolution notable.

La chute de la majorité de 125 à 82 députés a, en tout cas laissé un goût amer de sanction contre le président Macky Sall et son fameux 3ème mandat. Ce d’autant que les députés élus pour la coalition Benno, sont d’illustres inconnus. La preuve que beaucoup n’avaient aucune raison de voter pour eux, si ce n’est grâce à la caution Yewwi et son vent qui souffle à vitesse grand V.

Macky Sall, à force de manœuvrer, s’est semble-t-il perdu dans son propre jeu, à tel point qu’il est obligé de s’accrocher à un député qu’est Pape Diop pour obtenir cette majorité ô combien précaire et risquée pour n’être pas sûr de la maîtriser avec ces quelques députés venant d’alliés et de quelques ministres bannis. Une situation pas si sûre qu’elle paraît. C’est la raison pour laquelle, elle avait nécessité cette fameuse réunion du palais qui a duré des heures, jusqu’à 2 h du matin et dont le but était de mobiliser les troupes et s’assurer du soutien des députés et d’autres ministres victorieux.

La tyrannie politicienne

Ah la politique, elle occupe tout l’espace et a mis le pays et la vie économique à l’arrêt ! Elle impose sa dictature à un peuple si éreinté par la vie chère et ces augmentations de prix incontrôlées, alors que dans un pays normal, ceux qui sont censés être les plus importants pour le fonctionnement de l’économie, ce sont plutôt les chefs d’entreprise qui la font tourner pour avoir investi et créé des emplois.

Le peuple est resté le même, toujours aussi friand de météo politique et suit les hommes politiques à leur rythme, comme s’il ne pouvait se passer d’eux. Et beaucoup ne manquent pas d’épiloguer sur l’identité du futur Premier ministre comme si celui-là qui n’a pas existé pendant des années, pourrait aujourd’hui changer leur vie. Il ne fera au maxi que 12 mois dans les 18 qui restent avec une déclaration de politique générale, - si elle a lieu - qui ne devrait rien changer au film.

Bref la météo concerne aussi les futurs ministres et DG.  Et beaucoup d’entre eux n’hésitent même plus à commanditer des articles dans des journaux si peu crédibles - et n’ayant d’existence que grâce à la revue de presse, - pour dénoncer des attaques dont ils seraient victimes, brandissant d’hypothétiques victoires politiques, alors qu’elles sont la conjonction d’efforts de plusieurs responsables politiques. Qui croient-ils tromper ? Sinon qu’eux-mêmes ? Ce n’est pas l’opinion qui nomme aux postes, mais bien le président de la république, cet homme qui ne vit et ne respire que par la politique et qui connaît sur le bout des doigts, la bonne manière de décrypter les résultats, localité par localité.

Il est donc bien inutile d’utiliser la presse pour enquiquiner ces honnêtes citoyens qui ont plutôt des soucis du quotidien et la hantise de voir leurs habitations se faire bouffer par les eaux de pluie si mal contenues sous nos cieux. Ils ne devraient pas à dire vrai avoir le temps de se préoccuper du sort de tel ou tel DG ou autre homme politique, à la tête d’un ministère comme le si inutile ministère du commerce qui est d'accord sur toutes les hausses de prix.

Le pire, c’est qu’il est tout aussi difficile de voir quelque prouesse que ce soit dans la gestion des sociétés publiques qui est un vrai désastre. Le pillage de la Poste est par exemple une honte monumentale. Que les pilleurs de l'institution fassent le défilé devant le juge pour des médiations pénales ou aillent dormir à Rebeuss, ne règle pas le problème en soi. Il s’agit dans ce cas-ci de dégraisser le mammouth et de réorienter une société dépassée par l'évolution technologique et qui a refusé d'opérer une mutation en s'adaptant à son époque. Au-delà, ce sont les états généraux de la gestion des entreprises publiques qui sont à organiser.

Mais pour l’heure, les curieux ou ces férus de météo politique, devront prendre leur mal en patience car, il faudra d’abord mettre en place le bureau de l’assemblée nationale, avant la nomination du 1er ministre. Qu’on nous vende l’idée que c’est Idrissa Seck qui trônera à la tête de cet inutile Conseil économique, social et Environnemental, au poste de 1er ministre, est tout simplement inquiétant.