NETTALI.COM - Difficile de savoir ce qui tourne rond en ce moment sous le ciel Sénégalais ! Entre les inondations qui ont fini, comme l’année dernière, de pourrir la vie de certaines populations de la banlieue et des paysans dans le désarroi, du fait d’une pénurie d’engrais, le Sénégal semble marcher sur la tête. Dans cette brume bien épaisse, la baisse des chiffres de la pandémie semble être la seule lueur perceptible de l’heure. Les effets de la vaccination sont certainement passés par là.

 

Mais que de délires au cours de ce week-end de clameur, de manifestations et d’affrontements entre les populations impactées par les inondations et les forces de l’ordre. Antoine Félix Diome, le ministre de l’Intérieur n’oubliera pas de sitôt son baptême des eaux pour ne pas dire de feu. Il devait être bien perdu, le pauvre, pataugeant au beau milieu des eaux, dans une opération de com bien hasardeuse et mal inspirée. Vêtu d’un costume clair et bien salissant d’ailleurs, avançant d’un pas mal assuré au milieu des eaux, tenant sa veste comme si elle allait lui échapper, l’on peut bien s’interroger sur ce qui l’a bien pris de rentrer dans cette galère. Ce qui était d’autant plus risible, c’est la scène où l’agent de la Brigade d’intervention polyvalente lui tenait la main, tel un aveugle qui cherche son chemin. Difficile en effet de savoir qui lui a inspiré cette idée bien saugrenue. Tel le général Macky, en treillis militaire, descendant de l’hélicoptère, un certain jour à Keur Momar Sarr, dans l’affaire du tuyau qui était devenue une affaire d’état. Normal de compatir avec les populations, mais encore faudrait-il le faire avec tact, intelligence et surtout sincérité. Beaucoup sur les réseaux sociaux ont jugé la trouvaille assez comique pour ne pas dire ridicule.

Maintenant que le mal est fait et les promesses de l’an dernier, à peu près à la même époque, n’ayant pas été tenues, les politiques et les défenseurs tous azimuts du Macky, après avoir suffisamment péroré dans les médias, doivent enfin cesser de nous pomper l’air avec leurs discours sans intérêt et technique mal maîtrisés et aller pomper l’eau que l’incurie des gouvernants a contribué à faire stagner au beau milieu des quartiers de la banlieue. A entendre le Dg de l’Agence de Développement municipal, Cheikh Issa Sall, dire qu’à Keur Massar, « des entreprises qui ont des contrats de 10 mois, en six mois, ont enregistré des niveaux de réalisation de 80 à 90 %. » et qu’il leur « restait 250 mètres de canalisation qui se trouvent dans un coin extrêmement important. » précisant que c’est cela qui a causé des désagréments, que faut-il réellement penser ? A moins d’avoir mal entendu ou compris, 250 mètres de canalisation ne doivent pas représenter grand-chose. Un prétexte qui semble finalement bien fallacieux, comme si Sall ne sait pas qu’on est en pleine saison des pluies et que la probabilité de pluies est certaine.

Entre les incessants « massa » (terme de compassion en wolof) des autorités et les « nous allons tout faire… », les populations doivent en avoir bien marre de tous ces médecins après la mort ; les mêmes termes et les mêmes promesses leur tombent dans les oreilles à longueur d’hivernage. Ces brèves incursions dans l’eau pour montrer qu’on patauge au même titre que les populations, donnent l’impression en fin de compte de narguer les sinistrés. Qu’ils les laissent tranquilles s’ils ne sont pas capables de tenir leurs engagements.

A entendre Oumar Guèye répéter qu’« il y a 250 mètres de canalisation qui restent » et ajouter qu’ « il faut absolument que cette connexion (raccordement) soit faite et non des solutions provisoires », prête à rire. Une réaction dans le journal Enquête, hélas bien tardive. Où était-il d’ailleurs celui-là ? Ou, a-t-il passé son temps à s’occuper de découpages territoriaux ? Qu’il nous épargne surtout ses commentaires. Ministre des collectivités territoriales, difficile de voir l’intérêt et son impact dans un pays où ne voit pas du tout l’utilité de ces collectivités, sinon d’accorder des autorisations à construire dans des zones inondables.

Les images de ces gens qui tentent de sauver le peu qui leur reste de bagages, sont tout simplement terribles. Certains résignés par tant de galère, ne veulent plus quitter leurs domiciles, préférant vivre dans ces lieux infestés de moustiques et de reptiles. Au risque de leur santé. Certains n’ont même plus la tête à se rendre sur leurs lieux de travail !

On aura au finish tout entendu sur les plateaux télé. Tel ce ministre qui a voulu verser dans une communication accessible en nous apprenant, au cours de l’émission « Déclic » qu’un millimètre de pluie équivaut à la hauteur d’un litre d’eau versé sur le sol ! Que cherchait-il vraiment à expliquer ? On aurait aimé savoir. Qu’il nous parle par la suite de milliards de mètres cubes, son discours a largué bien des télespectateurs qui ne devaient plus avoir grand intérêt à l’écouter. Il s’imaginait sans doute qu’il y a un horizon pour que ceux qui le suivent, comprennent l’importance du niveau de l’eau. Sauf qu’il suffisait d’avoir un bon système de canalisation pour que l’eau soit évacuée. La complication est à son comble.  Pape Mahawa Diouf s’est même risqué à nous parler de changement climatique ! De qui se moque-t-il celui-là ? Eh oui, à trop vouloir défendre l’indéfendable, on finit par sortir des inepties.

Mais pendant qu’une certaine population de la banlieue souffre, la cellule de communication de Benno Bokk Yaakar, elle, a salué les efforts du président Macky Sall au profit de certaines localités de Dakar. Selon elle, « même s’il est vrai que le mal persiste, il faut relever les résultats incontestables qui ont été obtenus à Grand Yoff, à Ouest-foire Maguilen Senghor, à la Foire de Dakar, à Bambey, à Kaffrine,  à Touba centre, à Pikine, à Guédiawaye, Medina Gounass, à la cité Soleil, à Dalifort et bien d’autres  localités du pays ». Elle est allée plus loin en saluant la décision du Président Macky Sall de déployer le plan ORSEC afin d’alléger les maux des victimes et de venir en aide à nos concitoyens dans le désarroi. Eternel recommencement, devrait-on dire.

L’unité de l’opposition, à l’épreuve des locales

Le  ministre de l’Intérieur lui, n’a pas perdu de temps pour annoncer, lundi 23 Août que le montant de la caution en vue de la participation aux élections territoriales du 23 janvier 2022, est fixée à quinze millions (15 000 000) de francs Cfa pour chaque type d’élection, et qu’à ce titre, « elle doit être déposée au nom d’un parti politique légalement constitué, d’une coalition de partis politiques légalement constitués ou d’une entité regroupant des personnes indépendantes ». Ce qui a soulevé l’ire des candidats indépendants qui ne voient pas la raison de verser le même montant. Ça sent le filtre de loi. Certains ont tout simplement décidé de relever le défi.

Thierno Bocoum, de son côté, était lui plus préoccupé à pilonner la coalition créée par Ousmane Sonko, Khalifa Sall, Karim Wade et Serigne Moustapha Sy que de s’occuper de cette histoire de caution. Sans porter de gants, il a soutenu haut et fort que cette coalition qu’on qualifie de grande, ne l’est point, estimant que « c’est un regroupement de quatre personnes qui veulent une coalition de pression ».

L’ancien député ne s’en est pas arrêté là puisque selon lui, « ils oublient que la priorité est d’avoir une large coalition puisqu’ils se sont battus pour ça. Sonko, Khalifa, Abdoul Mbaye et autres étaient venus ici (Ndlr : dans son siège) et, nous avions le même but qui était de réunir l’opposition autour d’une coalition. C’était facile de concilier tout cela et ce fut fait. Parce qu’à un moment donné, Khalifa Sall et Abdoul Mbaye pilotaient cette initiative de large coalition », rappelle-t-il avant de regretter que tous ces efforts déployés dans le passé soient réduits au néant. De marteler que « c’est une coalition contre l’opposition ». Il n’a peut-être pas tort, ce cher Bocoum puisqu’ils ont toujours lutté ensemble, aux plus forts moments des démêlés judiciaires de ceux-là, mais aussi avec certains, dans le cadre de mouvements tels que le M2D.

Les leaders des organisations membres du Congrès de la Renaissance Démocratique (Crd) ou plus exactement les trois mousquetaires : Thierno Alassane Sall, Abdoul Mbaye et Mamadou Lamine Diallo ont eux, adopté un ton moraliste en ces termes : « il faut parvenir à maîtriser nos egos, refreiner nos ambitions parfois démesurées, contrôler nos émotions en ce qu’elles peuvent se révéler sources d’erreurs fatales de jugement ». « Il est indispensable, selon eux, au-delà des intérêts personnels et petitement politiciens de se recentrer sur l’intérêt supérieur du Sénégal, la prise en charge correcte des aspirations et des attentes légitimes des Sénégalaises et des Sénégalais ».

La meilleure stratégie procède, selon eux, de la construction d’une large coalition de grand rassemblement dans laquelle chacun peut trouver sa place pour contribuer à la victoire, surtout qu’il s’agit d’élections locales au regard de la nature du scrutin, le tout dans le respect de la dignité de chaque partie prenante. En réalité, ils ne manquent pas d’air ces trois-là ! N’ont-ils pas été les premiers à créer une coalition ?

Difficile tout de même de savoir ce qui lie Ousmane Sonko, Karim Wade et Khalifa Sall, si ce n’est d’avoir été, pour les deux derniers, emprisonnés sous le régime de Macky Sall, en plus d’être frappés d’inéligibilité ;  pour Ousmane Sonko d’être dans la ligne de mire de la justice dans une affaire dont on ne sait plus quoi en penser.

L’on peut aussi toutefois  se demander s’ils ne se sentent pas si forts au point de vouloir faire jouer ensemble la règle du poids politique ? Elle est en tout cas bien loin l’époque des Amath Dansokho où un programme issu des Assises nationales,  au contenu d’ailleurs très bien ficelé, avait permis de déloger Me Wade du pouvoir. Mais, quoi qu’il en soit, le fait qui demeure, est que les coalitions se nouent et se dénouent sur la simple base du bon vouloir être ensemble, mais également et surtout sur la base de la liberté. Mais n’oublions pas aussi que les politiciens sont des opportunistes devant l’éternel.

Qu’ils se débrouillent donc s’ils n’ont pas jusqu’ici avalé suffisamment de couleuvres pour savoir quelle est la meilleure posture à adopter pour venir à bout de Macky Sall.

Le cas Habré

Elle est bien triste la nouvelle du décès de Hissène Habré. Après des condoléances, comme c’est de coutume sous nos cieux, le ministre de la justice Malick Sall a estimé que la procédure enclenchée devait lui permettre de regagner sa demeure avec un bracelet électronique. « Il ne devait pas retourner en prison, mais Dieu en a décidé autrement. Le président Macky Sall avait pris toutes les dispositions nécessaires pour le libérer avec le bracelet électronique. Lors de la première vague, il a été sorti de prison pour le protéger contre la Covid. Mais après cela, il fallait qu’il retournât en prison pour qu’on puisse déclencher la procédure visant à le libérer sous condition du bracelet électronique. Le Sénégal a tout fait pour mettre à l’aise Hissène Habré et sa famille. On leur a accordé la nationalité sénégalaise”, a ajouté le garde des sceaux.

Une position que ne semble pas partager le militant des droits de l’Homme, Alioune Tine qui a déploré que « l’alerte » de l’épouse du défunt et de certaines organisations relativement au danger lié à son incarcération en temps de Covid-19, n’ait pas été entendue.

Toujours est-il que ses voisins de Ouakam pleurent sa mort pour le bienfaiteur et bon voisin qu’il a été. Ce qui n’est pas le cas du gouvernement Tchadien qui a indiqué à l’AFP qu’«aucun hommage officiel» ne sera rendu à Hissène Habré, mort le mardi 24 août, en raison «de ses condamnations et par respect pour ses victimes».

Agé de 79 ans, Hissène Habré a dirigé le Tchad de 1982 à 1990. Il avait été condamné le 30 mai 2016 à la prison à vie à l’issue d’un procès sans précédent à Dakar, après avoir été déclaré coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement.

Tout cela pour dire qu’aucun pouvoir n’est éternel.