NETTALI.COM - Le 3ème mandat et encore le 3ème mandat et toujours le 3ème mandat. La question est vraiment partie pour être le brasier de l’Afrique de l’Ouest. De la Guinée en passant par la Côte d’Ivoire, le Sénégal, etc elle est sur toutes les lèvres, soulève les passions, crée de vives polémiques et engendre même de la violence.

Ella a été soulevée en Guinée quant à la possibilité de candidature de Condé, mais la question a été vite dépassée. Pour l’heure c’est la confusion totale qui règne dans ce pays avec ces morts enregistrés et résultats annoncés avant l’heure. Les chaînes de télévision ont diffusé des images d’affrontements entre forces de l’ordre et manifestants pro Cellou Dalein Diallo, le principal opposant au président sortant. A la surprise générale, Diallo avait proclamé ses résultats qui le plaçaient vainqueur jusqu’à ce que ce samedi 24 octobre, les résultats officiels soient publiés. C’est donc finalement Alpha Condé qui est sorti victorieux avec 59,49% des voix et 33,50% des voix pour Cellou Dalein Diallo, arrivé deuxième de l’élection.

Des chiffres évidemment contestés et des manifestations des partisans de Cellou qui voit son domicile encerclé et l’internet perturbé. Tous les médias sénégalais et la presse internationale se sont faits l’écho de la présidentielle guinéenne et l’impasse devant laquelle ce pays se trouve aujourd’hui. « Un pays, deux présidents », titre EnQuête ; Sud barre à sa une : « Cellou parle de hold-up électoral » ; La Tribune met en avant des propos de Cellou qui déclare : « j’ai gagné avec 53,84% ». Bref, une situation de blocage dont on se demande finalement quelle va en être l’issue.

Dans cette élection présidentielle, il faut toutefois noter que la posture de Cellou Dalein a relevé d’un subterfuge qui a été de crier très vite victoire dans le but de couper l’herbe sous les pieds d’Alpha Condé. L'opposant chercherait aussi à créer une confusion qui lui donnerait peut-être la chance d’avoir des soutiens internationaux, ceux de la rue et surtout mettre du sable dans le couscous d’une victoire du chef d’Etat sortant qu’il sentait acquise d’avance, au regard de la sérénité et du calme affichés par l’actuel président. Dalein n’est pas à la vérité un personnage politique à sous-estimer. Il a non seulement l’expérience du scrutin  pour avoir perdu deux élections en 2010 et 2015, mais encore il a roulé sa bosse dans l’opposition et avalé beaucoup de couleuvres. Sa stratégie adoptée ressemble bien à celle de quelqu'un qui joue son va tout. Une sorte de baroud d’honneur. Toujours est-il que le candidat de l’Ufdg avait d’ores et déjà déclaré que pour lui, il n’était pas question d’accepter les résultats de la Ceni donnant la victoire à Alpha Condé.

Mais c’est aussi méconnaître Alpha Condé que de penser le prendre de vitesse ou le faire céder à la pression. Cellou Dalein a malheureusement en face de lui, un dur à cuir, un homme qui comme Me Wade, nourrit difficilement le sentiment de peur. Pour tout dire, l’opposant Cellou est tombé sur un os. Non seulement Condé détient l’appareil politico-administratif mais en plus les forces de sécurité qui n’hésiteront pas à casser toute velléité de trouble à l’ordre public. Et cela a d’ailleurs déjà commencé.

Et la Cedeao dans tout cela ? En tant qu’instrument sous régional de résolution des conflits, elle se trouve prise entre le feu des présidents qui pour la plupart sont concernés par ce 3ème mandat et celui de la recherche d’une crédibilité dont elle ne bénéficie pas. En tout cas pas aux yeux des populations. Cette dernière a été mise à rude épreuve surtout de par le passé. L’expérience a montré à quel point, ses directives n’étaient pas suivies. L’on se rappelle en effet de cette demande des chefs d’Etat de l’organisation qui réclamaient le retour d’IBK au pouvoir comme condition de discussion avec la junte malienne. A la fin, ce dernier avait fini par démissionner.

L’Onu elle, n’est pas restée indifférente à la situation en Guinée. Ce vendredi 24 octobre, le secrétaire général des Nations-Unies s’est exprimé sur la crise post-électorale qui a déjà fait plusieurs dizaines de morts. Ainsi, à travers un communiqué signé par son porte-parole, le Portugais Antonio Guterres a condamné les violences survenues au lendemain de la présidentielle du 18 octobre. Il s’est dit «profondément attristé par les pertes en vies humaines et la destruction des bien enregistrées en Guinée».  Dans sa déclaration, le porte-parole d’Antonio Guterres a également réitéré la volonté de l’Organisation des Nations-Unies de soutenir les efforts de la Guinée «pour désamorcer rapidement les tensions, promouvoir le dialogue et la cohésion nationale».

Avec Cellou Dalein, est-on en plein dans la surenchère électorale ? Ou un découragement qu’il a du mal à contenir ?  «Je n’attends pas grand-chose de ces émissaires de la Cedeao, de l’Union africaine et des Nations Unies qui, en réalité, se sont toujours rangés du côté d’Alpha Condé. Mais il est important de saisir toutes les opportunités pour communiquer les informations qui mettent en évidence notre victoire à l’élection présidentielle du 18 octobre et pour attirer l’attention sur la répression sanglante qui est en train de s’abattre sur les Guinéens», a-t-il posté sur sa page Facebook. Et l’opposant guinéen d’ajouter : "C’est pour ces motifs que j’ai accepté de les rencontrer. Convaincu que notre victoire ne peut être défendue que par nous-mêmes, continuons notre mobilisation dans les rues et sur les places publiques pour exiger le respect de la vérité des urnes. Pas de recul". Dans un entretien accordé ce lundi 26 octobre  à "lepoint.fr", l’opposant guinéen dénonçait ses conditions de vie. "Il n'y a absolument rien qui justifie une telle épreuve. Monsieur Alpha Condé fait ce qu'il veut. Il utilise les pouvoirs liés à sa fonction de président de la République pour entraver ses adversaires, pour essayer de les neutraliser et de casser leur moral. Mais mon moral n'est pas cassé. Je suis déterminé. Ce qui me fait mal, c'est de voir des enfants, des jeunes de moins de 30 ans être tués. Ils sont innocents, et à supposer même qu'ils aient commis une infraction, comment peut-on faire usage d'une arme à feu pour les abattre ?’’, a regretté l'opposant.

Désamorcer les tensions, c’est en tout le souhait d’Alpha Condé, ainsi qu’il l’avait fait savoir. Une manière peut-être de préparer les Guinéens à sa victoire. « Si la victoire me revient, je reste ouvert au dialogue et disponible à travailler avec tous les Guinéens. Comme je l’ai toujours souhaité, la Guinée a besoin d’une véritable union nationale dans la gestion de notre pays. Les premiers résultats de l’élection présidentielle du 18 octobre dernier me confortent dans cette conviction de toujours. Car, au-delà des choix personnels et des clivages politiques, nous sommes tous engagés par le pacte national et républicain, aujourd’hui, éprouvés », avait-il déclaré avant d’appeler au sens de la responsabilité et au patriotisme pour qu’il soit possible après cette élection, quels que soient les résultats. « C’est ensemble que nous réussirons dans un destin uni et solidaire. Je le rappelle encore, la Guinée est au-dessus de tout le monde. Protégeons-là », a-t-il exhorté ses compatriotes.

A l’arrivée, Alpha Condé a continué sur la même voie du dialogue. Sur sa page Facebook, le président sortant a salué “une victoire de la Guinée“. “Main dans la main pour aller à l’essentiel : le bien-être des populations dans la paix et la concorde“.

Et la voix de la France dans l’histoire ? Il faut dire que l’homme politique français Jean Luc Mélenchon avait très vite alerté sur la situation en Guinée en accusant des pays comme la France de ne pas se préoccuper de la question guinéenne : « En Guinée, Alpha Condé fait tirer sur son peuple, en révolution depuis octobre 2019. Une pensée émue pour les adolescents qui sont tombés sous les balles. Macron et la communauté internationale détournent le regard. La Guinée n’intéresse que lorsqu’il s’agit de piller ses mines ». Une dénonciation de Mélenchon qui n’a d’ailleurs pas laissé indifférent Cellou Dalein qui l’a remercié.

Mais dans le cas de la France, Cheikh Yérim Seck nous a fait savoir à « Ndoumbélane » sur Sen TV, ce vendredi 23 que la France ne gère que ses intérêts. A son avis, c’est plus Condé qui fait les affaires de la France car, explique celui-ci, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il a congédié les entreprises présentes pour  donner ses marchés aux plus grandes entreprises françaises notamment Bouygues et Bolloré. Mais ce qu’il oublie de souligner, c’est qu’en Guinée, les plus grands chantiers notamment l’hôtel Kaloum ou encore la deuxième plus grande centrale électrique d’Afrique, ont été construite par les Chinois, les Français n’ayant pas obtenu tout ce qu’ils souhaitaient en termes de parts de marché. Alpha Condé est en effet incontrôlable, selon certains observateurs qui le connaissent bien. Celui-ci, disent-ils n’a jamais été vraiment soumis à la France, une fois au pouvoir.

Une situation en Guinée qui ne devrait conduire que vers la table de négociations face à l’impasse dans laquelle elle se trouve. Et au-delà c’est la stabilité de ce pays qui est à préserver.

Des situations ont toutefois intrigué dans le traitement médiatique de cette affaire guinéo-guinéenne, c’est d’abord la posture de certains journaux sénégalais qui ont eu à annoncer la victoire de Cellou Dalein Diallo avant même les résultats officiels. De quoi je me mêle devrait-on leur dire ? Des journaux heureusement vite recadrés car ils doivent simplement s’en tenir aux faits au lieu de prendre parti. Des postures en tout cas bien opportunistes qui poussent à la tentation d’influencer le jeu et les résultats et de participer à une bataille de l’opinion du fait du prolongement de l’élection au Sénégal où vit une forte communauté pulaar plus favorable au candidat Diallo. Le fait de chercher des opportunités en Guinée, au cas où Dalein viendrait à accéder au pouvoir, ne doit toutefois pas conduire à certains extrêmes qui peuvent créer des incidents diplomatiques ou ingérences dans les affaires guinéennes.

C’est ensuite l’attitude déplorable de Me El Hadji Diouf, engagé aux côtés de Cellou Dalein Diallo. On sait l’homme excessif, mais ses sorties médiatiques surprennent fort de par leur virulence inutile : « Alpha Condé est un animal et tous les présidents qui cherchent un 3ème mandat sont des idiots ». Une phrase violente et irrespectueuse reprise par Seneweb, renseigne sur le déficit d’arguments de l’avocat.  Sacré El Hadji Diouf quand il s’engage dans un combat, il finit parfois par desservir celui qu’il défend.

Mais au-delà de la communauté, c’était surtout la réaction de Macky Sall que certains opposants ou activistes tels que Guy Marius Sagna attendaient. Ce dernier n’y est d’ailleurs pas allé par quatre chemins pour dire que si le chef de l’Etat s’impose un silence radio, c’est parce qu’il tient toujours à l’idée de son 3ème mandat. Et l’on ne peut manquer de se demander ce qu’ils veulent bien que Macky Sall dise, sinon que d’appeler au calme. Tout autre acte pourrait être assimilé à de l’ingérence dans les affaires intérieures de la Guinée et peut-être même créer un incident diplomatique. Que ces activistes et opposants se montrent raisonnables ! Ils doivent bien se rendre compte que Macky Sall n’est pas né de la dernière pluie pour s’aventurer à prendre position dans une affaire guinéo-guinéenne car même les manifestants pro Dalein qui s’activaient à Dakar dans des manifestations violentes et sur la voie publique, en caillassant des véhicules, ont été priés de se calmer sous peine d’être reconduits à la frontière. De plus lui aussi est bien concerné par la question du 3ème mandat. Si jamais il lui venait à l’esprit de se prononcer dessus, nul doute qu’il recevra un retour d’ascenseur.

L’ombre de Condé et de Ouattara…

 Les deux élections en Guinée et en Côte d’Ivoire qui ont des liens évidents avec la question du 3eme mandat, ne font pas du tout faire les affaires de Macky Sall toujours logé dans une posture clair-obscur. Il n’a pas encore pris une décision claire puisqu’il lui reste encore du temps sur lequel il se repose pour le moment. Mais le déroulement des évènements dans ces deux pays et l’état de l’opinion sénégalaise qui se dessine doucement sur le sujet, permet de voir que les opinions publiques sont loin d’être favorables au 3ème mandat.

Les émissions dominicales radiophoniques n’ont pas été très favorables au président Sall sur le sujet. Serigne Mansour Sy Djamil de « Bes Du Naak » à « Jury du Dimanche » sur I-radio tout comme Moussa Tine à « Grand Jury », ont tous les deux disqualifié Sall sur la question du 3ème mandat.

Le guide religieux était l’invité du « Jury du dimanche » sur I-radio. Pour lui, la question du troisième mandat qui, présentement, fait des ravages dans des pays africains au moment où le président de la République, Macky Sall, s’enferme toujours dans son « ni oui ni non ».  Serigne Mansour Sy Djamil a ainsi dénoncé avec véhémence le fait que des Présidents africains veuillent s’accrocher au pouvoir. « Ce que je constate au niveau des dirigeants africains, c’est le mépris le plus total de leur peuple. Ils n’ont pas le droit d’avoir ce 3ème mandat, mais ils créent des conditions en tripatouillant leur constitution pour l’avoir », a-t-il regretté avant d’ajouter : « Macky Sall n’a pas droit à un 3ème mandat d’autant plus que la Constitution ne lui donne pas le droit. Lui l’a dit. Je n’ai aucune raison de ne pas croire en ce qu’il a dit ».

Moussa Tine, lui a embouché la même trompette, sauf qu’il a émis des arguments juridiques pour écarter Macky Sall. La rétroactivité de la loi, voilà l’argument mis en avant par celui-ci.

« En Droit, lorsque la signification d’un texte n’est pas très claire, on s’emploie à aller voir la volonté du législateur au moment de la rédaction du texte. Il faut voir ce que les rédacteurs du texte ont voulu dire à travers les dispositions du texte. En d’autres termes, on fait l’exégèse d’un texte. C’est une technique d’interprétation juridique », a laissé entendre le leader de l’Alliance Démocratique PÉNCÓO. « Ici, dans le discours du président Macky Sall qui a été l’inspirateur de la constitution, celui du rédacteur qui a conduit les travaux (ministre de la Justice), et celui du secrétaire général du gouvernement, disent clairement que dans la disposition : nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs, on entend une disposition permanente qui rétroagissait et qui concernait le président Macky Sall », a-t-il expliqué. « Le Pr Ismaïla Madior Fall, constitutionnaliste est la première victime de Macky Sall sur le débat de son éventuel troisième mandat. Le constitutionnaliste avait une position très tranchée sur cette question. D’ailleurs, il avait laissé entendre que tous ceux qui parlent d’un 3e mandat de Macky Sall, n’ont pas bien lu la Constitution », a-t-il ajouté. Avant de conclure : « c’est suite à cette sortie que le professeur Ismaila Madior Fall n’a pas été reconduit dans le gouvernement. C’est-à-dire limogé de son poste de ministre de la Justice, Garde des Sceaux ».

Incertitudes d’un scrutin

Si en Guinée, ce sont des résultats de l’élection qui sont contestés, en Côte d’Ivoire, le vote n’a pas encore eu lieu. Et sa tenue risque d’être bien plus problématique car les parties prenantes n’ont pas trouvé d’accord. En tout cas à cinq jours de l'élection présidentielle, la Côte d'Ivoire est plongée dans une violente crise préélectorale qui a fait une vingtaine de morts depuis le mois d'août. Au plan national, le bilan de la désobéissance civile s’est alourdi. Au total, 67 personnes ont perdu la vie, les forces de l’ordre ont saisi 32 fusils et 234 machettes. Ce lundi 26 octobre encore, des manifestations ont eu lieu dans
la commune de Cocody (village d’Akouédo), à Abengourou (est du pays, à 210 km d’Abidjan) et à Bondoukou (Nord-Est). Face à ce tableau, les adversaires
d’Ado persistent et signent : seuls les miliciens armés du régime sévissent depuis le début de cette crise. Un fait“établi’’, selon l’opposition. Elle appelle donc les Ivoiriens à une montée en puissance de la désobéissance civile sur l’ensemble du territoire.

Pour l’heure, c’est le maintien du mot d’ordre de désobéissance civile qui est retenu par les deux principaux candidats de l’opposition dont la candidature est pourtant retenue. Il s’agit de Henri Konan Bédié, ancien président et chef du PDCI et de Pascal Affi N'Guessan qui dirige une partie du Front Populaire Ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Ils ont ainsi maintenu leur mot d'ordre de désobéissance civile et réitéré leur demande de médiation internationale.

La réforme de la commission électorale indépendante (CEI) visant l'octroi d'un poste supplémentaire à l'opposition dans la CEI centrale et la recomposition des CEI locales, a été rejetée. Ils ont en tout cas appelé à un "boycott actif" du processus électoral qu’ils jugent illégal, qualifiant ainsi la candidature de Ouattara de coup d’Etat électoral.

Le conseil constitutionnel aussi, ils le jugent « inféodé » au pouvoir, et celui-ci est aujourd’hui sous le feu des critiques pour avoir invalidé les candidatures de ces derniers.

Ils ont ainsi demandé à leurs partisans d’empêcher la tenue des meetings, la distribution des cartes électorales ou alors le transport de tout matériel électoral. La distribution des cartes d’électeur a pris fin, le dimanche 25 octobre. Selon la Commission électorale indépendante (CEI), au total, 3 084 288 cartes ont été retirées sur 7 495 082, soit un taux de 41,15 % de distribution. Or, les événements récents ont paralysé le retrait des cartes dans 17 départements sur les 108 que compte le pays. "Il n’est pas possible de distribuer 41 % des cartes d’électeur, alors qu’on est condamné dans plusieurs départements à confectionner à nouveau des cartes d’électeur. C’est un taux qui est à l’image de ceux qui l’annoncent. C’est un taux fictif annoncé par une commission fictive. Donc, c’est comme si nous n’avons rien entendu, parce que tout ce que cette commission fait est illégal. La CEI n’est pas habilitée à organiser une élection en Côte d’Ivoire. Elle est contestée par la Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples et par l’opposition. Nous considérons tous les actes de cette institution comme nuls et non avenus’’, a affirmé Pascal A. N’Guessan, ce lundi 26 octobre au cours d'une conférence de presse avant d'ajouter : "le peuple ivoirien s’est approprié avec volontarisme et avec un courage remarquable le mot d’ordre de désobéissance civile. La mobilisation pour la désobéissance civile affole le régime. Il perd pied. Il perd pied, parce qu’il sait ses jours comptés. Il répond par une stratégie de la terre brûlée et de terreur sur les populations. Il piétine en vérité toutes nos valeurs d’hospitalité et de fraternité".

L'hypothèse même d'un coup d'état est agitée. Une élection qui se tiendra samedi dans la paix, selon Alassane Ouattara, alors que les deux autres opposants les moins importants en termes de poids politique sur les 4 ont toutefois fait campagne.

Il convient juste de noter que la Cour africaine des droits de l’homme avait demandé la réintégration des deux candidats dans le jeu électoral et la cessation des poursuites contre Soro. La Côte d’Ivoire avait décidé de ne plus adhérer à cette cour africaine.

Mais au-delà de ces questions d’ordre électoral, c’est celle de la loyauté et de l’unité des forces de sécurité, dix ans après la fin de la guerre civile, qui se pose puisque les divisions politico-ethniques n’ont pas disparu. La réaction des troupes en cas de crise post- électorale demeure ainsi l’une des grandes inconnues du scrutin dont on n’est d’ailleurs pas encore sûr qu’il va se tenir le 31 octobre prochain. 

Les anciens rebelles intégrés dans l’armée sont toujours restés fidèles à Soro aujourd’hui empêtrés dans des déboires judiciaires qui l’ont d’ailleurs empêché d’être candidat. Il faut relever juste que l’ancien bras droit de Ouattara qui avait pris les armes pour porter Alassane Ouattara au pouvoir, n’a jamais renoncé à sa volonté de diriger un jour son pays.

De plus si l’on en croit France 24, certains analystes s’inquiètent également de la crise de confiance qui sévit depuis quelques années entre Alassane Ouattara et ses troupes. Même les Forces Spéciales, qui ne constituent pas plus d’un bataillon renforcé (1 000 hommes), ont eu des altercations avec le pouvoir en raison de primes non perçues. Selon eux, l’unité sur laquelle le président Ouattara peut complètement s’appuyer, est constituée des 600 hommes basés dans l’ancien hôtel Sebroko (où les forces onusiennes étaient jadis installées) dans le quartier du Plateau, à Abidjan.

Un 3ème mandat qui est finalement source de division et de tensions dans bon nombre de pays. Ce qui pose au finish un vrai problème de légitimité pour tous ces pouvoirs qui semblent bien abandonner les peuples à leur sort. Ce n’est en tout cas pas demain la fin des conflits liés au pouvoir en Afrique. L’Afrique, c’est finalement d’un côté, des gouvernants qui méprisent leurs peuples ; d’un autre des gouvernants qui deviennent des marionnettes pour les puissances étrangères. C’est au finish le peuple qui trinque toujours. Ne nous étonnons pas que les jeunes qui ont perdu tout espoir que les gouvernants leur ont ôté, se retrouvent à prendre les embarcations vers un improbable eldorado qu’est l’Europe.