NETTALI.COM - Manque de transparence ou incompétence en communication ?  Une réponse difficile à fournir d’autant plus que le gouvernement n’a jamais vraiment brillé sur la question communication. Il ne s’est pas non plus toujours montré transparent sur certains sujets sur lesquels pourtant il avait l’obligation de rendre compte aux gouvernés. Ce qui lui vaut parfois des crises qu’il aurait pu éviter.

Cette volonté de ne pas communiquer amènent dès lors certains fouineurs à débusquer de petits secrets qui finissent par connaître un emballement médiatique. Quoi qu’il en soit, l’argument de catastrophe naturelle tant chantonné pour justifier les inondations, a du mal à passer puisque l’impression qui se dégage, est que la gestion rigoureuse et ardue du phénomène n’a pas vraiment été au rendez-vous.

La Rts a en tout cas essayé tant bien que mal d’assumer son rôle de toujours, en rendant compte des actions du gouvernement. Elle a ainsi interrogé des habitants de quelques quartiers afin de prouver que leurs lieux d’habitation ne sont plus inondés depuis que les travaux d’assainissement y ont été effectués : Thiaroye Gouye Sapot, Yoff devant le domicile du khalife, Ouest-Foire, Rufisque au quartier Hlm, etc. Elle a ajouté à la fin du reportage que l’Etat compte poursuivre ses investissements. Sacrée RTS, jamais critique, toujours à prêcher la bonne parole. C’est la sainte des télés ! Mais qu’elle ne se trompe pas. Personne n’a jusqu’ici affirmé que le gouvernement n’avait pas investi, mais juste que ce qui a été fait, est infime par rapport à l’ampleur de la tâche. Elle doit garder à l’esprit que chaque Sénégalais dans sa localité, vit sa propre réalité. De fait, la frontière entre la communication et l’info, réside dans le fait que l’info doit présenter les faits en restant équilibrée. Or, la RTS a enjolivé le décor en présentant un Sénégal des inondations idyllique.

Mais là où elle a vraiment dépassé les limites puisque le Comité d’observation des règles d’éthique et de déontologie de la presse a relevé dans une note qu’elle a cherché à mettre au goût du jour, une ancienne visite de Macky Sall dans des zones inondées. Cherchait-elle à palier l'absence remarquée de Macky Sall dans les zones inondées ? "Source A" dans sa livraison du mardi 15 septembre n'a pas manqué de souligner ce fait : "Macky Sall, Moustapha Niasse, les deux Aminata - Ils refusent de se salir les pieds" La Rts a en tout cas été rappelé à l'ordre. «Dans son émission ‘’Saytu’’ en date du vendredi 11 septembre 2020, consacrée à la question des inondations, la télévision nationale, Rts 1 a montré des images du chef de l’Etat en visite nocturne dans des zones inondées. Or, il s’avère que cette visite remonte à 2012», a écrit le Cored qui ne manque pas de souligner à l’endroit de la chaîne : «dans le contexte actuel, la diffusion de ces images est de nature à induire le téléspectateur en erreur en faisant croire que le président de la République est descendu sur le terrain, suite aux inondations survenues récemment dans le pays», avant de rappeler aux médias et aux télévisions en particulier «le respect du principe de « l’honnêteté vis-à-vis du téléspectateur». «Ce principe postule l’exactitude de l’information, mais aussi le non recours à des procédés de nature à induire le téléspectateur en erreur», ajoute le comité avant de souligner : «dans le cas d’espèce, le principe de l’honnêteté aurait dû amener la Rts1 à donner une indication claire de l’origine et de la nature des images diffusées, c’est-à-dire préciser qu’il s’agit d’images d’archives de 2012, et par conséquent les accompagner de la mention ‘’Archives’’» Une remarque qui ne fait pas du tout honneur à la Rts. Elle n’a pas vraiment changé, elle est restée la même, immuable dans le temps.

Si ce n’est pas la RTS qui fait dans la communication, ce sont des débatteurs que le gouvernement envoie sur les plateaux télés alors que rendre compte est la chose la plus simple à faire. Informer le citoyen doit être la routine d’un gouvernement. Les Sénégalais ne sont pas juste intéressés par la feuille d’audience du Président ou de ses voyages aux sommets de la Cedeao. Ils ont également envie de savoir comment leurs deniers sont dépensés, la destination de ces dépenses, pourquoi, quand et où ? Voilà.

Les chiffres de Birima Ndiaye qui étonnent...

En fait d’être informé, Bouba Ndour était d’ailleurs bien étonné à « Jakarloo » de ce vendredi 11 septembre que cela soit Birima Ndiaye qui les informât après deux mois d’absence à l’émission. Le chroniqueur marquait son retour comme par enchantement. Ce qui a poussé « Fou malade » à lui balancer tout de go : « tu ne nous as donné aucun chiffre. Ce sont des textos qu’on t’envoie (…) Je savais que tu serais là pour défendre le gouvernement parce que vous êtes en train de souffrir ». Il fallait bien que Birima tentât de  sauver les meubles. Une pierre évidemment dans le jardin des autorités dont il attendait des informations plutôt que du chroniqueur de la TFM. Et la comparaison que le directeur des programmes de la chaîne fut à Birima Ndiaye, n’était pas des plus sympas. La remarque était même légèrement condescendante pour ne pas dire assassine. Ndour a osé comparer Birima à la « bonne » qui répond à une question sur la dépense quotidienne, au maître de maison, alors que son épouse n’a pas su fournir une réponse.

Toujours est-il que le syndicaliste Ndiaye très en verve, a annoncé un chiffre de 764,5 milliards  dont l’ensemble n’était pas destiné aux eaux de pluie. Un montant arrêté selon lui au 13 décembre 2012 au King Fahd palace et dédié au plan décennal et réparti en 3 parties. Poursuivant, le tonitruant chroniqueur nous a appris que les ONG ont accepté de financer 66 milliards pour la gestion de 2012-2013 bien que 250 milliards eussent déjà été votés en vue du plan décennal. Il était aussi d’après lui,  prévu 72 milliards d’investissement  en 2020 qui n’ont pas pu être mobilisés à cause de la Covid ; 70 milliards pas encore votés pour 2021 et les investissements à venir pour 2022. Et Birima, de rappeler l’interrogation des journalistes qu’il a trouvée logique puisque ceux-ci se sont étonnés du fait que 8 ans se sont déjà écoulés alors que la moitié de l’argent n’a pas encore été débloqué.

Une intervention qui a fait sortir « Fou malade » de ses gonds  quand il dit : « S’il y a des gens payés par les blancs (ndlr – allusion aux ONG étrangères) pour les défendre, il y a des gens payés par le pouvoir pour le défendre ».

Bouba Ndour ne s’en prendra pas seulement au gouvernement. Il s’interrogera aussi sur le rôle de l’Assemblée nationale. « Pourquoi l’Assemblée nationale ne suit pas les projets de l’Etat ? »,  interroge-t-il ; estimant au passage qu’eux ne font qu’une émission télévisuelle. « Ils doivent communiquer avec les gens au lieu de conserver les dossiers dans des tiroirs. Si Birima a sorti des chiffres, c’est parce que quelqu’un les lui a donnés. Ce ne sont pas des chiffres qu’on trouve dans la rue», dit-il. Et même s’il souligne des avancées sur la question des inondations, Bouba n’a pas manqué de se demander où se trouve la vérité des chiffres fournis.

Pour un talk-show, même si les choses étaient dites avec le sourire, il y avait comme une sorte d’ambiance malsaine et de concurrence latente très perceptible avec des coups au-dessous de la ceinture. Une sorte de règlements de comptes qui ne dit pas son nom. Quelque chose ne devait pas bien aller entre Bouba, « Fou malade » d’un côté et  Birima Ndiaye de l’autre. En même temps, l’on peut ressentir beaucoup de narcissisme qu’on peut résumer par le souci de vouloir briller plus que l’autre ! Et pourtant l’objectif de l’émission n’est rien d’autre que d’informer le téléspectateur.

Lansana Gagny Sakho a apporté des précisions à l’émission « Jury du Dimanche » par rapport au montant alloué au Plan décennal de lutte contre les inondations ( PDLI).  « Quand vous faites un plan, vous dites j’ai envie de mobiliser telle somme. En l’espèce, ce n’est même pas 750 milliards, c’est 764,5 milliards », a précisé le Directeur général de l’Onas. Poursuivant, il a renseigné que ce plan est structuré en 3 estrades à savoir 5,5 milliards pour l’aménagement du territoire, 483 milliards de francs CFA pour la structuration et les logements et 276 milliards pour la gestion des eaux pluviales. Et l’Onas intervient dans le dernier point énuméré. « Je mets au défi Ousmane Sonko. S’il vient à l’Onas lundi, je lui montre, pièce par pièce, l’ensemble des montants qui ont été dépensés uniquement à l’Onas (80 milliards) », a-t-il fait savoir avant de préciser : « les gens parlent du plan décennal. Il faut reconnaître que ce plan a d’abord le mérite d’exister. C’est la première fois au Sénégal depuis les indépendances, que l’on parle de lutte contre les inondations. En face de ce plan, nous avons des investissements qui sont en cours et qui tournent autour de 260 milliards de F CFA ».

Les inondations et l'équation de la récupération politique 

Ce dimanche 13 septembre, Momar Diongue, journaliste, a livré sa lecture de la gestion des inondations. Invité de l’émission « Objection », l’analyste politique pense tout simplement que « les tenants du pouvoir ne disent pas toute la vérité et ne sont pas prêts à régler la question pour 3 raisons ». Pour Diongue, comme première raison : « la question est politisée aussi bien par le pouvoir que par l’opposition ». Le gouvernement n’a pas à son avis pris de mesures courageuses et « préfère rafistoler ».  Sur la deuxième raison, le journaliste n’est pas loin  de penser qu’ « il y a une toute une économie qui s’organise autour des inondations avec une caste politico-affairiste qui profite toujours des situations ». Ceux-là s’affairent autour de la vente de motopompes ou mettent à la disposition des populations des camions hydrocureurs pour tirer profit de la situation. Comme troisième raison, Diongue de déclarer que le gouvernement ne serait pas prêt à régler la question, soulignant « la création de nouvelles cités sans que de réels travaux d’aménagement et d’assainissement, soient faits »

Abdoul Mbaye, l’ancien Premier ministre dans une interview exclusive, accordée à « Sud Quotidien » de ce lundi 14 septembre est d’avis que « la mise en œuvre du plan décennal a commencé en 2013 après avoir été adopté en septembre 2012 ». Pour lui « beaucoup de travail a été accompli sous la coordination du Premier ministre parce que tous les services concernés étaient mobilisés ». D’ailleurs, nous apprend l’ancien PM , « c’est ce qui a été fait en 2013 qui a été cité par le président de la République ». Il ne manque pas de souligner que c’est après son « départ de la primature en début septembre-fin août que ce travail a été abandonné ». Un abandon dont il impute « la responsabilité au chef de l’Etat ». M. Mbaye pense d’ailleurs qu’ « il n y a jamais eu 767 milliards disponibles engagés dans des dépenses de lutte contre les inondations »

Ce qui est tout cas constant, c’est que crise ou pas crise, ce sont toujours les populations qui finissent par trinquer. En effet les politiques trouveront toujours le moyen de faire de la récupération. C’est ce que Momar Diongue nous a fait savoir à l’émission « Objection » de ce dimanche. «Du point de vue de l’opposition, on a comme l’impression qu’ils sont prompts à se saisir de la première inondation pour en faire de la récupération politique et en faisant parfois dans la démagogie. » Il faisait ainsi référence aux nombreuses sorties des acteurs politiques surtout de l’opposition ou encore à leurs supposées visites et soutiens aux sinistrés des inondations.

Marième Faye ne démentira point cette tendance, elle qui a trouvé le moyen d’aller se payer un bain de foule en banlieue, plus précisément à Pikine, ville qui est en réalité un grand vivier électoral que l’épouse du Président ne pouvait se permettre de s’y absenter, quitte à y injecter, même si c’est du saupoudrage, quelques espèces, motopompes et autres sucettes pour calmer la température bien palpable. Mais chose bizarre, l’on a plus vu des militantes et communicateurs traditionnels, mobilisés pour l’occasion comme lors des campagnes électorales, scandant des remerciements à la gloire de la 1ère dame. Marième Faye Sall, cette militante active de l’APR et actionnaire majoritaire à qui l’on l’attribuerait d’ailleurs la nomination de certains ministres. Pour rappel, elle était allée grossir durant la campagne électorale passée, les rangs de l’APR, aux Parcelles Assainies, cet autre bassin électoral, en renfort à Amadou Ba.

Ce qui était fort étonnant dans cette assemblée, c’est l’agglutination des personnes, les uns serrés contre les autres, dans un contexte de Covid. Surprenant quand même ! Sacrés politiciens dès qu’il s’agit de leur intérêt, ils peuvent tout se permettre. Ils pensent même à l'élargissement du gouvernement de Macky dans ce contexte de Covid et d'inondation. Et Diégane Sène sur la TFM nous a livré tout le bien qu'il pense de cela, évoquant la largesse de la majorité. Pour lui abondance de bien ne nuit pas.

PS : un des thème de l’émission « 10 milliards d’aide dont 3 milliards en cash transfert.. » n’est pas passé inaperçu. Une décision de transférer de l’argent qui laisse penser que le  gouvernement a dû apprendre de sa déconvenue liée à la gestion des vivres. Il avait été vertement critiqué pour avoir adopté le transport des vivres par des camions et à coups de milliards.  Cette fois ci, il a peut-être décidé d’être sage. Comme quoi les mauvaises expériences doivent parfois servir. Bravo en tout cas pour la leçon sue.