NETTALI.COM- Face à la propagation du Coronavirus, des voix élèvent de plus en plus pour demander le confinement général et/ou la mise en quarantaine de la ville de Touba. Le sociologue Djiby Diakhaté pense plutôt que l’auto-confinement  puis le confinement officiel, surveillé, organisé, comme ça se passe ailleurs, pourrait être difficilement appliqué chez nous.

 Est-ce qu’il ne faut pas isoler Touba ? Face à cette question que lui a posée Mamoudou Ibra Kane, lors de l’émission « Jury du dimanche » de i.Radio, le sociologue Djiby Diakhaté croit que « dans le cas d’espèce, la démarche serait plutôt orientée vers l’auto-confinement ». Et cela suppose à son avis, un travail de sensibilisation et d’appropriation par les populations et par les autorités locales. « Parce qu’en réalité, argue-t-il, « le confinement pratiqué en Italie ou en France ou en Chine pourrait ne pas être très efficace au Sénégal. Les raisons pour lesquelles les gens dans ces pays se déplacent, ne sont pas les mêmes raisons chez nous ».

Par conséquent, M. Diakhaté considère que « le confinement officiel, surveillé, organisé comme ça se passe ailleurs pourrait être difficilement appliqué chez nous ». « On pourrait avoir une approche beaucoup plus intelligente et plus adaptée du confinement », dit-il.

D’ailleurs, il pense que « progressivement, on est en train d’aller vers un confinement de fait, au moins dans certaines zones » puisqu’il y a une tendance à l’auto-confinement.

Plaidant pour la sensibilisation, l’enseignant-chercheur de soutenir : « je ne pense pas que si on ferme tout, les gens vont rester à la maison. Il faut voir la nature des déplacements des acteurs. Il faut aller au confinement de façon graduelle ».

En cas de confinement, le sociologue préconise « la solidarité pour permettre aux familles qui sont plus ou moins démunies, de pouvoir survivre parce qu’au fond, l’angoisse de la famille peut être un élément beaucoup plus dévastateur que le Coronavirus ».

Outre la solidarité, l’autre élément qui lui parait important, « c’est l’accompagnement au niveau mental, au niveau psychique ». Soulignant que « le stress est en train de constituer une véritable épidémie chez nous », il pense qu’il faille des psychologues, des sociologues pour accompagner le confinement. « Le stress vient compliquer davantage la situation. Le confinement en lui-même constitue une crainte, parce que c’est un monde qui s’effondre et c’est un nouveau monde qui se constitue. Et, nous ne nous sommes pas préparés à se déployer dans ce nouvel univers et pourtant il faut le faire. Donc, c’est une perturbation générale des repères que nous nous sommes donnés jusque-là », analyse le sociologue, tout en soutenant que « le travail aujourd’hui c’est dans les quartiers. Il faut décentraliser la lutte contre le coronavirus ».