NETTALI.COM – D’habitude, les anciens PM, à défaut d’être des technocrates sans ambitions politiques, connaissent une sorte de traversée du désert après avoir quitté leurs fonctions.  Ayant plafonné, Mimi Touré et  Abdallah Dionne ne veulent pas connaître ce sort. Aussi, refusent-ils de se faire enterrer.  Chacun poussant ses pions pour continuer à exister dans l’échiquier politique voire même se positionner dans un contexte de supputations quant à la course à la succession de Macky Sall

« Sénégal-Mimi Touré, l’électron libre ». Ce titre à la une  de l’hebdomadaire « Jeune Afrique » ravive toutes les affabulations et projections sur le destin politique de l’ancien Premier ministre. L’article, publié en temps de supputations pour la succession de Macky Sall, a relancé le débat sur l’agenda supposé secret de celle qui se blinde dans son Saloum ancestral depuis sa Bérézina des locales de 2014.

Aussi bien dans le dispositif institutionnel que dans ce qui tient lieu d’organigramme du parti au pouvoir, il n’existe pas, dans cette « structuration horizontale », de station intermédiaire entre Macky Sall et Aminata Touré. A tous les banquets où se réunit l’Alliance pour la République, les chaises sont ainsi soigneusement disposées que le message de l’un vers l’autre ne risque de subir quelque interférence que ce soit, voisine du court-circuitage hiérarchique de l’information. Quand il a fallu la débarquer de la tête du gouvernement, Mimi Touré fut nommée « Envoyée spéciale ». Ce fut alors une nouveauté dans la nomenclature d’Etat, évoquant une sorte de montre institutionnel. En fait, elle était en position d’attente, entre son départ de la Primature et sa nomination comme  présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE). En direction des législatives de 2017, on lui prêta l’ambition de succéder à Moustapha Niasse au Parlement. Parallèlement, « La Lettre du Continent » la pressent au poste de numéro 2 du secrétaire général de l’Organisation des nations unies. On croit savoir qu’il s’agissait d’une « fuite organisée » pour faire monter les enchères. Aminata Touré ne sera même pas sur les listes de Benno Bokk Yakaar. Au lendemain de la victoire de la coalition présidentielle en juillet 2017, une querelle de borne fontaine oppose ces partisans à ceux de Aminata Tall. Mimi sortira victorieuse du bas de fer.

Ombre au tableau, le CESE est perçu comme une institution budgétivore et sans contenu et bilan palpable d’ailleurs. Entre autres raisons pour lesquelles, on lui prête de se redéployer sur le terrain politique pour ne pas perdre ses acquis.

Pour mémoire, celle qui a fini d’attacher son nom à la CREI, était directrice de cabinet dans l’équipe de campagne de la coalition « Macky 2012 » puis patronne du pôle « Mobilisation et Parrainage » en 2019, aux côtés du Premier ministre Boun Abdallah Dionne, qui dirigeait le pôle « Programme ».

Abdallah Dionne, c’est l’autre ex-PM qui continue à se comporter en numéro 2 du régime, depuis la suppression de la Primature. L’homme, absent de la scène pendant plusieurs mois pour des raisons de santé, marque son retour médiatique et sa photo réapparait à la une de plusieurs journaux en ligne le temps d’un week-end. Une coïncidence loin d’être fortuite, d’autant qu’il n’a rien dit d’extraordinaire qui mérite qu’on accorde à ses propos, une telle surface rédactionnelle. Tout juste, a-t-il paré de vertus le chef de l’Etat, dans un style on ne peut plus flagorneur. Il ne compte pas s’enfermer dans la légendaire discrétion du secrétaire général de la Présidence de la République. Qui plus est, coordonner l’action gouvernementale permet à Dionne de rester dans l’étoffe du Premier ministre. Le fait d’évoquer sa maladie devant les jeunes de l’Apr, n’est-il pas une manière subtile de justifier la suppression de la Primature par son indisponibilité ?  Comme pour dire qu’il est incontournable dans le dispositif présidentiel ? Qui sait.

Tous les deux, à qui on prête des ambitions présidentielles, rivalisent d’ardeur pour défendre le bilan du Plan Sénégal Emergent. On comprend alors que c’est un stratagème pour revendiquer le legs pour mieux se positionner dans la course à la succession du chef de l’Etat.

Ce choc des ambitions arrange Macky Sall qui, à la florentine, se joue des rivalités entre ses seconds couteaux, en divisant pour mieux régner.

En définitive, entre Macky, Mimi et Abdallah Dionne, il y a un jeu d’ombre qui relève de la haute politique, relativement à la planification successorale. Aliou Sall a perdu de la bouteille, au lendemain des révélations de Bbc sur PETRO-TIM. Le président de la République ne peut pas continuer à ignorer ces manœuvres des ex-Pm. Et bien celles d’autres en embuscade.