NETTALI.COM - Le Parti démocratique sénégalais s’est enfin consumé dans l’être « du fils biologique » par un mécanisme de dévolution monarchique du pouvoir qui ne dit pas son nom. C’est la grande conclusion à tirer du dernier remaniement de l’organe de direction de cette formation politique. Le Pds a toujours fonctionné ainsi, depuis la fronde de Serigne Diop et Cie, au milieu des années 80, que Wade est un soleil si haut placé qu’il s’accommode mal du rayonnement de Icare.   

C’est à croire que me Wade n’abandonne jamais. Accusé dans le passé, d’avoir entretenu un projet de dévolution monarchique, le Pape du Sopi vient à nouveau de jeter les bases de l’installation de son fils à la tête du Pds. Tout a ainsi fonctionné comme un jeu bien vicieux car les personnalités les plus en vue du moment ont été installées à des positions dont on sait qu’ils allaient les refuser. Prétexte bien trouvé dans le cas de Oumar Sarr, l’ancien coordonnateur ne l’est plus. Il fait les frais de sa participation au dialogue politique contre l’avis de son parti. Me Amadou Sall, qui a été de tous les combats en faveur de la libération de Karim Wade, a décliné le poste de porte-parole du secrétaire général national ; Babacar Faye, débatteur hors pair et acteur majeur de la défense de Wade-fils et du Pape du Sopi sur tous les plateaux télé, a craché sur son nouveau poste de secrétaire national, président du comité national permanent d'organisation.

Rien donc de nouveau sous soleil, quand ce Parti démocratique sénégalais, sacrifiant à un rituel, met les charrues devant les bœufs, en remaniant son organe de direction avant d’aller en congrès. Cette formation politique, qui a fêté le 45e anniversaire de sa naissance ce 31 juillet, a toujours fonctionné selon le bon vouloir de son fondateur qui fait et défait les carrières, suivant les vents et variations de ses fortune et gloire personnelles. C’est une pratique héritée de son géniteur, l’Union progressiste sénégalaise (Ups) de Léopold Sédar Senghor, qui a perdu sa base démocratique au lendemain des évènements de 1962.

Né travailliste, suivant la loi sur les quatre courants instituée en 1976, l’orientation libérale du parti sera la véritable pomme de discorde entre le pape du Sopi, qui en décida unilatéralement, et une bande de frondeurs dont le chef de file fut Serigne Diop. Ce dernier fut, au milieu des années 80, accusé d’accointances suspectes avec « l’ennemi », alors incarné par feu Jean Colin, avant d’être poussé à la sortie. Le Parti démocratique sénégalais / Rénovation (Pds / R) voit le jour. C’est de cette manière que Jean Paul Dias a quitté le navire. Même sort pour Ousmane Ngom et une bonne partie des caciques qui fonderont le Parti libéral sénégalais, après les législatives de 1998.

Une fois Me Abdoulaye Wade au pouvoir, le choc des légitimités emprunte à la généalogie, son mode d’investiture. Idrissa Seck invoquera « la stratégie familiale » de la gestion de l’Etat et du parti pour justifier son opposition au style de management devant servir de rampe de lancement à la Génération du Concret. La course à la succession de Me Abdoulaye Wade a été programmée le jour où il accéda à cette station suprême, compte tenu de son âge assez avancé. Karim Wade devient une réalité politique et se heurte aux réalités de la politique. De Macky Sall à Oumar Sarr, tous les faux-numéros 2 qui lui servirent de faux-nez pour cacher ses ambitions voudront être plus royalistes que le roi.

Le Pds, avec le chamboulement opéré, élimine de fait, tout potentiel concurrent de Wade-fils, qui tombe enfin le masque.

Karim ayant fait le vide autour de sa personne, reste, dès lors, à savoir si le parti sopiste pourra rebondir, en cas d’empêchement de ce dernier à la prochaine présidentielle.