NETTALI.COM –L’affaire des 94 milliards avait défrayé la chronique à la veille de la présidentielle de 2019. En son temps, les menaces de Mamour Diallo laissaient deviner que le pouvoir avait, devant la popularité de l’ex-inspecteur des impôts et domaines, reculé pour mieux sauter. Ainsi, on s’achemine vers un nouveau feuilleton politico-judiciaire, dont Ousmane Sonko sera le principal personnage, dans un contexte de radicalisation du leader de Pastef. Le rapprochement de celui-ci avec Me Abdoulaye Wade jette les prémisses de la radicalisation de l’opposition qui ne participe pas au dialogue national initié par le chef de l’Etat.

La commission d’enquête parlementaire, chargée de rôles pour statuer sur l’affaire des 94 milliards, a blanchi l’ancien directeur des Domaines, Mamadou Mamour Diallo, qui ne sera pas poursuivi. Le rapport d’enquête, lu, face à la presse, par le député Cheikh Seck, ce vendredi, a conclu qu’il n’y a pas de détournement de deniers publics dans le dossier du TF 1451/R.

Est-ce à dire que la majorité a désormais les coudées franches pour poursuivre  le leader de Pastef ? Il subsiste un faisceau de questions, à cet égard.

Et pour cause,  durant toute la campagne pour la présidentielle de 2019, des personnalités du pouvoir sortant ne cessaient de menacer Sonko de leurs foudres. Dans une interview accordée au quotidien L’Observateur le 24 janvier 2019, Mamour Diallo trahissait cette volonté d’en finir avec le jeune opposant, une fois Macky Sall réélu. « Mon premier réflexe, disait-il, avait été́ de porter plainte, de demander à la justice de mon pays de me blanchir de ces accusations aussi insensées que malveillantes, mais aussi de punir le calomniateur qui les a proférées. Mais, pour toutes les raisons que je vous ai expliquées au début de notre entretien, j’avais décidé́de ne pas judiciariser ce dossier. Car je sais très bien ce que recherche Ousmane Sonko. Il est devenu drogué au buzz. Il faut tout le temps qu’il fasse la une de l’actualité. De préférence, en se plaçant dans une position de victime. N’ayant aucune base électorale, son action politique repose totalement sur Facebook, WhatsApp et les micros que les journalistes lui tendent de temps en temps. Je n’ai aucune envie de lui rendre service en le trainant en justice dans le contexte actuel.
Il va transformer la première convocation devant la police en meeting de lancement de sa campagne. Je vais attendre jusqu’après l’élection présidentielle, quand le peuple sénégalais lui aura infligé la raclée qu’il mérite et qu’il ne pourra plus prétendre que ma plainte est une stratégie de l’Etat pour torpiller sa campagne. Mais je peux vous dire que mes avocats piaffent d’impatience de le trainer en justice ».

Toutes choses qui font qu’on risque d’assister à un feuilleton politico-judiciaire. D’autant plus que Sonko a décidé de ne plus saisir le procureur de la République, à ce sujet. Qui plus est, son refus de participer au dialogue national et le fait qu’il pose les fondations d’une opposition radicale, à la faveur de sa prétendue jonction avec Me Abdoulaye Wade, pourrait susciter une riposte à l’arme lourde, de la part de la majorité.