NETTALI.COM - Suite aux révélations de la BBC et surtout la publication par la presse du rapport de l’IGE, le chef de l’Etat, Macky Sall, a instruit le ministre de la Justice de faire ouvrir une enquête. Dans un communiqué, le garde des sceaux annonce que le procureur général près la Cour d’appel de Dakar, Lansana Diaby, a été saisi pour « l’ouverture d’une enquête complète sur l’ensemble des faits allégués ».
« Le ministre de la Justice, soucieux d’éclairer les Sénégalais sur la gestion des ressources naturelles, a saisi le Procureur général près la Cour d’appel de Dakar pour l’ouverture d’une enquête complète sur l’ensemble des faits allégués, aussi bien dans ledit rapport, qui n’a pas encore été transmis à Monsieur le Président de la République, que sur les autres dénonciations relativement à la gestion des contrats pétroliers», peut-on lire dans un communiqué.
Mais selon des sources, l’objectif visé dans l’ouverture de l’information judiciaire est clair : déclencher une double enquête pour débusquer «la taupe» qui a fait fuiter le fameux rapport de l’IGE sur l’affaire Petro-Tim. Un document estampillé secret, dont la publication a fini de mettre le camp présidentiel dans l’embarras.
Dans un post sur facebook, Yaxam Codou Ndéné Mbaye, Directeur général du quotidien national «Le Soleil», membre du Secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (Apr), le parti au pouvoir, l’a dit clairement parlant aux détracteurs d’Aliou Sall : «ne vous mettez pas, dans les prochains jours, à crier aux victimes. Tous les traîtres de l'intérieur, diffuseurs de fausses nouvelles, voleurs de documents administratifs, délateurs auprès de l'opposition, seront démasqués».
La Présidence de la République, par la voix du ministre, coordonnateur de la communication du Palais, El Hadji Hamidou Kassé, a également pointé publiquement quelques «manquements» dans la chaîne hiérarchique et de responsabilités. Selon le pouvoir, le président de la République, destinataire exclusif du document, n’aurait jamais reçu le rapport qui a été divulgué. Du moins, par le seul canal officiel, c’est-à-dire des mains du Vérificateur général, selon la procédure. Il appartiendra sans doute, aux enquêteurs de faire la lumière sur ces prétendus «manquements».
Selon nos sources, la cible numéro 1 du pouvoir serait l’ancien Vérificateur général de l’IGE, Nafi Ngom.
En poste au moment du déclenchement de l’enquête, en 2012, l’ex-patronne fera partie des premières personnes à défiler devant les enquêteurs. Elle répondra sur les questions relatives au déclenchement de l’enquête de l’Ige, qui l’a ordonné ? Comment le document a complétement disparu des tiroirs de l’Ige ? Comment le fameux rapport est tombé entre les mains de journalistes et autres membres de l’opposition ? Autant de questions auxquelles l’ancienne patronne de l’Office national de lutte contre la Fraude devra répondre.
Nous le savons, Nafi Ngom n’est pas en odeur de sainteté avec le régime Sall. Son départ de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), le 25 juillet 2013, avait même été dicté, selon certains observateurs, par une volonté du chef de l’Etat de mettre fin à une enquête sur son frère, Aliou Sall, toujours dans cette même affaire Petro-Tim. Depuis, le pouvoir alimente des soupçons de «collusion» entre la dame déchue et un tonitruant opposant. Jusque-là, aucune preuve n’a été apportée sur l’existence de cette relation, mais le régime n’en démord pas dans sa volonté de s’attaquer aux «sources» de cet homme politique très critique à l’encontre du pouvoir.