NETTALI.COM – Ce 7 mars 2019, Khalifa Ababacar Sall boucle sa deuxième année de détention à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Deux ans au cours desquels, l’ancien maire de Dakar qui rêvait de devenir président de la République a presque tout perdu. Notamment son fauteuil de maire de la capitale, mais aussi son poste de député à l’Assemblée nationale.

Quand Khalifa Ababacar Sall est arrêté le 7 mars 2017 par la Division des investigations criminelles (Dic), suite à un rapport de l’Inspection générale d’Etat transmis au procureur de la République, peu de Sénégalais pensaient qu’il allait faire un si long séjour à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Deux ans après, l’ancien maire de Dakar est toujours en prison où il doit purger une peine de cinq ans ferme. Entre temps, l’ancien secrétaire politique du Parti socialiste (Ps) a tout perdu.

Tout commence le 7 mars 2017. Accusé de détournement de fonds publics et d’escroquerie dans le cadre d’une enquête sur la caisse d’avance de la mairie de Dakar, Khalifa Ababacar Sall est inculpé le mardi 7 mars 2017 et placé sous mandat de dépôt. La Justice lui reproche des faits qui se sont déroulées entre 2011 et 2015 et qui concernent quelques 1,8 milliards de francs Cfa issus de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar. Ses avocats crient au complot et beaucoup y voient la main du Président Macky Sall qui tiendrait ainsi l’occasion rêvée d’écarter un potentiel challenger à la présidentielle du 24 février. Quelques mois plus tôt, Karim Wade, candidat désigné du Parti démocratique sénégalais (Pds), est condamné avant d’être gracié et exilé au Qatar.

L’instruction de l’affaire dite de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar ne durera pas trop longtemps. Comme si elle était engagée dans une course contre la montre, la justice ouvre très vite le procès de Khalifa Sall et de ses co-prévenus. A l’issue d’un procès qui aura duré deux mois, le maire de la capitale est condamné, le 30 mars 2016, à une peine de cinq ans de prison ferme par le juge Malick Lamotte. Entre autres délits retenus contre lui : «faux et usage de faux dans des documents administratifs», «complicité de faux en écriture de commerce» et «escroquerie aux deniers publics». Grosse colère chez les partisans du maire de Dakar. Ils n’hésitent pas à huer le juge et ses assesseurs. Les autres co-prévenus écopent de peines allant de six mois à cinq ans de prison ferme.

Ce verdict sera confirmé en appel. Elu député aux législatives de juillet 2017, Khalifa Ababacar Sall maintient sa candidature à la présidentielle du 24 février. Mais le pourvoi en cassation déposé par ses avocats ne changera rien à sa situation.

Pis, il est destitué de son poste de maire de
Dakar par décret présidentiel daté du 31 août  2018. Malgré tout, Khalifa Ababacar Sall garde son influence dans l’équipe municipale. C’est en effet sa candidate Soham Wardini qui est élue pour le remplacer. Mais le pouvoir n’en avait pas fini. Puisque le 18 janvier 2019, il perd son mandat de député suite à une lettre du ministre de la Justice adressée au président de l’Assemblée nationale. Le poste est revenu à Malick Gueye du Grand parti.

Recalé de la course à la présidentielle par le Conseil constitutionnel, Khalifa Ababacar Sall a dû soutenir la candidature d’Idrissa Seck. Mais sans succès. Et comme si cela ne suffisait, il perd pour la première fois depuis des années son fief de Grand-Yoff au profit du beau-frère de Macky Sall aidé par le ministre Amadou Ba et la première dame, elle-même. Désormais, l’ancien maire de Dakar ne peut espérer qu’une grâce ou une amnistie du Président Sall pour espérer sortir de prison. Lui qui a été lâché par le Ps, parti auquel il a consacré une bonne partie de sa vie.