NETTALI.COM - L’annonce, ce samedi 25 octobre, par Ousmane Sonko, d’un grand « terra-meeting » prévu le 8 novembre prochain, continue de faire réagir la classe politique. Invité du Grand Jury sur la RFM, ce dimanche 26 octobre 2025, l’ancien parlementaire Théodore Chérif Monteil y voit le signe d’une dualité de pouvoir de plus en plus perceptible au sommet de l’État sénégalais.
Selon lui, cette prise d’initiative publique du Premier ministre révèle une tension latente entre la Présidence et la Primature. « Quand un Premier ministre devient défiant, on le démet. Maintenir une rivalité interne au sommet ne peut qu’affaiblir la cohérence de l’action gouvernementale », a-t-il affirmé.
Théodore Chérif Monteil note également une divergence dans la communication entre le chef de l’État et son Premier ministre. « Là où la Présidence tente de rassurer, Sonko préfère galvaniser », analyse-t-il, estimant que cette stratégie vise à s’adresser directement au peuple, en contournant les canaux institutionnels.
Pour l’ancien député, Ousmane Sonko, qu’il décrit comme un « champion de la communication », maîtrise les symboles et les tempos médiatiques : « Il mobilise l’attention de tout le monde pour finalement dire autre chose. C’est une stratégie bien rodée. »
Selon Monteil, le « terra-meeting » annoncé dépasse la simple mobilisation partisane. Il s’agit, selon lui, d’un acte politique fort, destiné à rappeler que Sonko demeure « l’homme politique le plus populaire du pays ». « Ce rendez-vous du 8 novembre servira à montrer, à la majorité comme à l’opposition, qu’on ne peut plus ignorer Sonko dans l’équation politique nationale », a-t-il soutenu.
Le risque d’un pouvoir “dans la rue”
L’ancien parlementaire voit également dans cette démarche une tentative de déplacer le centre du pouvoir. « Quand Sonko dit terra-meeting, il fait référence à une tradition révolutionnaire : celle des partis qui affirment que le pouvoir n’est pas seulement dans les institutions, mais aussi dans la rue », explique-t-il.
Une conception qu’il juge dangereuse : « Au Sénégal, le pouvoir n’a jamais été dans la rue. Croire le contraire est une illusion dangereuse. Le peuple élit un président pour gouverner, pas pour être défié à coups de démonstrations populaires. »
Pour Théodore Chérif Monteil, cette dynamique s’inscrit déjà dans une logique de repositionnement politique à l’approche de la mi-mandat. « En lançant l’idée d’un meeting populaire et d’un ‘état des lieux’ à mi-parcours, Sonko prépare la bataille de 2027 », estime-t-il.
L’ancien député a conclu en appelant à recentrer le débat sur les priorités nationales : la relance économique, la gestion de la dette et la cohésion sociale. « Ce dont le Sénégal a besoin aujourd’hui, ce n’est pas d’une compétition d’ego entre le président et son Premier ministre, mais d’une action concertée au service des citoyens », a-t-il insisté.






