NETTALI.COM - Le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS) a tenu son 7ᵉ congrès ordinaire, samedi à l’Institut Polytechnique de Dakar. Devant les congressistes, le secrétaire général Amidou Diédhiou a dressé un bilan sans concession et rappelé avec force les revendications des enseignants. Reconduit pour un nouveau mandat de quatre ans, il a mis en garde contre le non-respect des engagements de l’État, avertissant d’éventuelles perturbations scolaires si des réponses concrètes ne sont pas apportées.
Le congrès a marqué l’aboutissement d’un mandat de quatre années, durant lesquelles le SELS s’est battu pour la rémunération, le statut des décisionnaires et l’amélioration des conditions de travail. À la tribune, Amidou Diédhiou a rappelé que l’accord du 26 février 2022 avait permis une augmentation des salaires, mais que les engagements relatifs à la révision du statut des décisionnaires n’ont jamais été honorés.
"Depuis cette date, nous avons usé de toutes les stratégies pour pousser le gouvernement à revoir les décrets. Mais jusqu’ici, les promesses se sont enchaînées sans qu’aucun acte concret ne soit posé", a-t-il dénoncé.
Il a rappelé que le gouvernement s’était publiquement engagé, en janvier et mai 2025, à intégrer ces mesures dans la loi de finances rectificative. "Mi-juin, la loi a été votée sans aucune disposition sur cette question. Nous estimons qu’à ce jour, il y a plus de promesses que d’actes", a-t-il insisté, soulignant que les enseignants "ne sont pas rassurés" par la gestion de leurs difficultés.
Des écoles en crise et des enseignants oubliés
Dans un ton grave, Amidou Diédhiou a brossé un tableau sombre des réalités scolaires. "Dans de nombreuses écoles de l’intérieur du pays, les enseignants évoluent dans des conditions extrêmes. Malgré leur résilience, il est inadmissible qu’en 2025, ce soient encore eux qui cotisent pour acheter des tableaux blancs", a-t-il fustigé. Le déficit en manuels scolaires, le manque d’enseignants et la persistance des abris provisoires ont été cités comme autant de preuves de l’abandon du système éducatif public.
Tout en exprimant ces inquiétudes, il a affirmé la volonté du SELS de contribuer à la refondation annoncée par les nouvelles autorités. "Les réformes doivent permettre de former des citoyens capables de s’adapter aux changements et de contribuer au développement de leur pays. Nous voulons une école sénégalaise parfaitement décolonisée", a-t-il déclaré, plaidant pour une approche inclusive où les enseignants seront au cœur du processus.
Un mandat reconduit et l’État mis au défi
Au terme des assises, Amidou Diédhiou a été reconduit à la tête du syndicat pour un nouveau mandat de quatre ans. Une marque de confiance qui, selon lui, renforce la légitimité du combat syndical : "Ce renouvellement n’est pas une récompense, mais une lourde responsabilité. Les enseignants attendent des actes concrets, pas de nouvelles promesses", a-t-il confié.
Le ministère de l’Éducation nationale, représenté par son directeur des ressources humaines Baba Thiam, a salué le rôle central du SELS et assuré que "le dialogue permanent est la meilleure voie pour trouver des solutions durables". Le président du Haut conseil du dialogue social, Mamadou Lamine Dianté, a pour sa part promis que "le projet de décret sur les décisionnaires ne va pas tarder" et appelé à prévenir les conflits.
Mais Amidou Diédhiou reste catégorique : "Nous avons adressé une lettre d’alerte au Haut Conseil pour prévenir d’éventuelles perturbations scolaires. Que chacun se le tienne pour dit : à la prochaine rentrée, nous jugerons le gouvernement sur ses actes et non sur ses discours".