NETTALI.COM - La Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Diourbel a condamné, ce vendredi, l’accusé Khalifa Ababacar Diop à 20 ans de réclusion criminelle. Commerçant de profession, il avait égorgé le chanteur religieux Moustapha Seck. Le drame a eu lieu à Touba.

Attrait devant la barre de la Chambre criminelle de Diourbel, l’accusé Khalifa Ababacar Diop a donné l’impression d’être amnésique, refusant catégoriquement de se rappeler des faits qui lui ont valu une incarcération. Interpellé par le juge sur les faits, l’accusé lance tout de go : «Je ne me rappelle de rien, c’est en prison qu’on m’en a parlé.» Malgré l’insistance des magistrats de la Chambre qui lui ont déroulé une vidéo dans laquelle il avouait son crime et une seconde vidéo dans laquelle on voyait sa victime gisant dans une mare de sang, il est resté de marbre. Du haut de son mètre 85, Khalifa Ababacar Diop semble intraitable.

«Je n’ai pas fait exprès de le tuer, je souffre de problèmes psychiques»

Décidé à lui tirer les vers du nez, le magistrat assesseur prend le relai et le presse de questions sur son enfance. «Je me souviens de mon camarade de classe de Cm2, Badou, nous jouions au football et j’étais un efficace attaquant surnommé «Ndiol mi’’ (l’élancé)», se souvient-il. L’assesseur Mbengue de lui faire remarquer : «Tu te rappelles de faits moins marquants durant ton enfance, mais tu sembles ne pas te rappeler d’une chose plus récente te concernant. (…) Tu veux nous faire croire que, tout d’un coup, ton cerveau ne se rappelle plus des évènements survenus de janvier à mai 2020 ?» «Je ne me rappelle plus de la période de mon arrestation. Je ne me rappelle de rien, mais j’aurais aimé rencontrer les membres de la famille du défunt, pour leur demander pardon, parce que je suis sûr que je n’ai pas fait exprès de le tuer. Je souffre de problèmes psychiques», a fini par lâcher ce commerçant marié à une épouse et père d’un garçon et d’une fille.

Des déclarations à la barre qui sont en déphasage avec celles tenues à l’enquête préliminaire. A cette étape de l’enquête, Khalifa A. Diop déclarait qu’il jouissait de toutes ses facultés mentales et physiques.

Les faits remontent au 24 juin 2020. L’accusé avait quitté Dakar pour rallier Touba, afin de rencontrer son marabout, Serigne Abdou Karim Mbacké.

«Je l’ai poignardé un peu partout sur son visage avant de l’égorger»

Face aux enquêteurs, l’accusé était passé aux aveux. «A mon arrivée à Touba, vers 12H, je me suis rendu à Ndindy pour voir le marabout. Sur place, les chambellans m’ont dit que le marabout était occupé. J’ai rebroussé chemin et je me suis rendu à la Grande Mosquée pour y passer la nuit. Vers 22H, un individu m’a sommé de quitter les lieux au motif qu’il est interdit de passer la nuit à la mosquée», expliquait Khalifa Ababacar Diop. Qui poursuit : «Après un échange houleux, nous nous sommes bagarrés et il a pris le dessus sur moi en me donnant un coup de pierre au visage. J’ai escaladé le mur du domicile de Serigne Fallou Mbacké pour me sauver. Mon vis-à-vis m’a poursuivi et la bagarre a repris. N’ayant aucune autre alternative, j’ai sorti mon couteau contenu dans un ouvre-bouteille et je l’ai poignardé un peu partout sur son visage avant de l’égorger. Je lui avait d’abord asséné un coup de bâton à la tête», détaille Khalifa Ababacar Diop.

La victime Modou Lô qui était membre du dahira «Foulkou Mashoune», était marié à deux épouses et père de plusieurs enfants. Ses héritiers, dont Moustapha Seck, ont réclamé 100 millions de FCfa à titre de dommages et intérêts.

Le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Diourbel a requis la perpétuité.

L’avocat de la défense, Me Serigne Diongue, de souligner que «beaucoup de choses ont été dites dans cette procédure, mais aucune preuve n’a été apportée. Mon client souffrait de troubles mentaux et des médecins l’ont confirmé», a plaidé Me Diongue qui s’est rapporté à l’ultime conviction des juges. Rendant son verdict, la Chambre criminelle a disqualifié les faits de meurtre avec actes de torture et barbarie, en meurtre simple. Elle a reconnu Khalifa A. Diop coupable du crime de meurtre et l’a condamné à 20 ans de réclusion criminelle, assortis de 2 millions de FCfa en guise de dommages et intérêts à payer aux héritiers.