NETTALI.COM - Le Bureau exécutif du Forum civil est préoccupé par l’état des droits et des libertés publiques, de la situation sociale et la gestion du processus électoral au Sénégal.  Abdoul Maliky Bousso et ses collègues exhortent le président de la République à garantir la transparence et l’intégrité du processus électoral, notamment en confiant l’organisation de l’élection présidentielle du 25 février 2024 à une autorité non partisane.

Le Forum civil s’est exprimé sur la situation nationale du Sénégal. Et le constat que fait l'organisation est loin d'être reluisant. "Le recul inquiétant dans l’exercice des libertés publiques collectives notamment de réunion et de manifestation. Le recul récurrent dans l’exercice des libertés publiques individuelles relativement à l’accès à l’information et à l’expression des opinions. La perte avec regret de vies humaines dans le recours à la police administrative du maintien et du rétablissement de l’ordre public. Le recours quasi systématique pour l’emprisonnement notamment d’acteurs politiques, de leaders d’opinion, de citoyens et surtout des journalistes. La suspension temporaire, répétitive et fort préjudiciable des données mobiles, de certaines plateformes numériques et d’organes de presse", constate, avec regret, le Forum civil. Qui dénonce également "la forte précarité dans le monde rural (zones frontalières comme celles de l’intérieur du pays) victime du mode de gestion du ministère chargé de l’Agriculture ainsi que la mal-gouvernance en matière de lutte contre la corruption, de redevabilité dans le recouvrement des impôts, de gestion des contrats publics (marchés publics, contrat de partenariat), de gestion de la dette (absence de publication de conventions de financement), entre autres".

Le bureau exécutif du Forum civil dénonce également les restrictions et agressions continues sur la liberté de manifestation et même parfois de réunion avec les interdictions répétitives des manifestations déclarées et même parfois de conférences de presse par les autorités administratives et les germes de tensions préélectorales, électorales et postélectorales. Aussi, la structure fustige l’entrave à la liberté de presse et les arrestations suivies parfois d’emprisonnement de professionnels des médias, mais également la violation par certains professionnels des médias de règles régissant leur profession.

En outre, l’organisation décrie l’absence d’enquêtes ou le non aboutissement d’enquêtes à la suite des morts enregistrées à l’occasion de manifestations. Non sans souligner "la nécessaire autonomisation de la police nationale, notamment en matière budgétaire". Mais aussi "l’accentuation de la mal-gouvernance en matière de lutte contre la corruption, de mobilisation des ressources, de la masse salariale et de gestion des contrats publics (marchés publics, contrats de partenariat public privé, contrat d’emprunts etc)".

S'adressant au ministre du Commerce, le Forum civil l'exhorte à se concentrer sur le travail de la  lutte contre l’inflation dans leurs secteurs respectifs. Ce, tout en invitant les ministres de l’Intérieur et de l’Éducation "à prendre toutes mesures visant à protéger les jeunes contre les jeux de hasard électroniques qui sont en train d’intoxiquer notre jeunesse et d’inquiéter davantage les parents". Dans la même veine, cette organisation de la société civile exhorte l’État à respecter et à se conformer à l’état de droit en garantissant l’exercice des libertés publiques collectives et individuelles, notamment celles de réunion et de manifestation et à garantir la transparence et l’intégrité du processus électoral, notamment en confiant l’organisation de l’élection présidentielle du 25 février 2024 à "une autorité non partisane". Le Forum civil souhaite que le chef de l’Etat veille, dans le strict respect de la réglementation, à une bonne organisation de l’élection présidentielle. Non sans appeler les autorités en charge de l’organisation et de la supervision de l’élection présidentielle "à l’impartialité, au professionnalisme et à la neutralité dans tout le processus électoral".

Par ailleurs, le Forum civil invite les acteurs politiques de tout bord et de la société civile à "faire preuve de responsabilité dans leurs déclarations pour éviter d’exposer davantage notre pays, dans un contexte de tension et d’insécurité au niveau de la sous-région". Aux professionnels des médias, il est demandé de "veiller au respect des principes sacro-saints qui les gouvernent, notamment les principes de responsabilité, d’indépendance, d’impartialité et d’objectivité". Face aux bavures et autres dérives, le Forum civil invite les autorités à mener toutes les enquêtes et à prendre les sanctions à l’encontre des personnes responsables de tout bord et à garantir à la police nationale, à l’image de la gendarmerie et de l’armée nationales, une autonomie budgétaire et de gestion. Il préconise aussi des réformes urgentes avec  la mise en place de juges des libertés.

Abordant la question de l'émigration, le Bureau exécutif du Forum civil demande à l'État de "prendre la juste mesure de la grande désespérance de la jeunesse de voir ses rêves d’avenir fleurir au Sénégal" et "à accentuer ses actions de lutte contre l’émigration irrégulière par des politiques structurelles". Le Forum civil encourage le président de la République à faire respecter ses instructions faites au Premier ministre relativement à la prise en charge des préoccupations des communautés dans les zones minières, à accorder une attention particulière à la gestion du ministère de l’Agriculture...