NETTALI.COM - Choisir un bon candidat tout en évitant l'implosion de la mouvance présidentielle. Telle est la mission que s'est assigné Macky Sall. Sauf que les ambitions débordantes des uns et des autres ont fini de montrer que Benno ne donne plus l'image d'un navire particulièrement apte à tenir la mer. 

De toute l'histoire politique du Sénégal, Benno Bokk Yakaar est sans doute la coalition qui a jusqu'ici la plus longue durée de vie. De 2012 à maintenant, la coalition a pu garder son unité et sa solidité même si sa marche n'a pas toujours été un long fleuve tranquille. En fait, si Benno a tenu jusqu'ici, c'est parce que Macky Sall a été ce facteur d'unité qui n'a jamais hésité à servir ses alliés. Moustapha Niasse de l'Alliance des forces de progrès (Afp) a occupé, pendant des années, le fauteuil de président de l'Assemblée nationale. Le défunt Ousmane Tanor Dieng du Parti socialiste (Ps) avait hérité du poste de président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct). Et le fauteuil est revenu à Aminata Mbengue Ndiaye après le décès de Tanor. Dans le gouvernement, les alliés ont toujours été bien servis. Idem pour les postes de Pca et les directions d'entreprises publiques. Résultat : le Ps, l'Afp et les autres ont presque "oublié", pendant ses 11 années, de s'occuper de l'animation de leurs partis respectifs.

Mais alors que le Sénégal s'achemine vers une élection présidentielle particulièrement ouverte selon de nombreux observateurs, l'équation de la candidature se pose au sein de Benno Bokk Yakaar. Si les alliés (Ps, Afp, Ld, Pit...) ont choisi de faciliter la tâche au Président Macky Sall en acceptant de se ranger derrière le candidat qu'il aura choisi pour Benno, ce ne sera pas forcément le cas dans les rangs de l'Alliance pour république (Apr). C'est en effet dans les rangs du parti de Macky Sall que les nuages s'accumulent pour la mouvance présidentielle. Les risques d'une implosion sont réels. S'ils évitent tous de se déclarer publiquement au risque de fâcher le chef, ils sont nombreux au sein de l'Apr à ménager leurs montures en attendant de savoir ce que Macky Sall va faire.

Si le Premier ministre Amadou Ba et Abdoulaye Daouda Diallo sont présentés comme favoris dans la course à la candidature, nombreux sont les observateurs qui pensent que Macky Sall peut encore réserver des surprises à son monde (des noms comme ceux d'Amadou Mame Diop, Mouhamed Boun Abdallah Dionne, Mansour Faye, Amadou Hott, Mamadou Makhtar Cissé... sont avancés). Seulement, aucun choix du chef de l'Apr ne fera l'unanimité dans son parti. "Ce dont je suis sûr, c'est que même s'il n'est pas choisi par le président, Amadou Ba sera candidat en 2024", souffle un membre de la mouvance présidentielle. Notre interlocuteur estime que le Premier ministre cache bien son jeu en se démarquant de tous ceux qui le poussent à lever la main pour demander d'être investi.

Pourtant, Amadou Ba n'est pas le seul dans cette situation. Ancien ministre de l'Intérieur et actuel ministre de l'Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye rêve aussi du fauteuil présidentiel. A Touba par exemple, ses partisans y travaillent depuis un moment. C'est le cas au Fouta où les partisans d'Abdoulaye Daouda Diallo se mobilisent pour accompagner sa candidature.

A côté de ces personnalités bien connues de l'Alliance pour la république, d'autres cherchent à se frayer un chemin. C'est le cas de Mame Boye Diao, maire de Kolda et directeur général de la Caisse des dépôts et consignation (Cdc). Ce dernier refuserait de suivre les ordres du chef. La presse lui prête l'ambition de se porter candidat. Idem pour le ministre-maire de la ville de Louga. Moustapha Diop, par ailleurs ministre de l'Industrie, a confié à ses proches son intention d'être candidat à la présidentielle de février 2024. C'est même un secret de polichinelle. A Louga et dans d'autres localités du pays, il a commencé à activer ses réseaux.

Toutefois, ces annonces de candidatures peuvent aussi être un moyen de pouvoir négocier avec celui qui sera choisi par Macky Sall. Histoire d'être en position de force au moment de faire monter les enchères. Mais c'est bien l'unité de Benno qui risque de prendre un sacré coup.