NETTALI.COM - Ils sont très élogieux l’un envers l’autre aujourd’hui au point qu’on leur a collé le sobriquet de «mburu ak soow». Pourtant, il n’y a guère longtemps, il ne se rataient pas. Ils ne manquaient aucune occasion pour se tirer dessus. Ainsi parlaient Idrissa Seck et Macky Sall.

«Je suis tenté de confesser, devant les miens, que vous avez admirablement répondu à l’une de mes critiques les plus emblématiques au cours de la compétition électorale de 2019, disant que votre vision s’arrêtait à Diamniadio. Vous avez prouvé qu’elle va bien au-delà», a déclaré ce jeudi Idrissa Seck, à Thiès. -t-il lâché avec un grand sourire, prenant la main du chef de l’État.

“Il me reste à présent, pour conclure, d’adresser une prière à votre endroit. Qu’il plaise au Seigneur des mondes de continuer à raffermir vos pas, à dilater votre poitrine, pour que vous acceptiez toutes les critiques, celles qui sont contributives comme celles qui sont abusivement injustifiées. C’est une des exigences du leadership et vous en êtes un, remarquable. Qu’il continue d’apaiser votre cœur, de fortifier votre esprit, pour que les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel d’une telle beauté qu’il n’y aura pas d’autre choix que de vous garantir, après une longue et heureuse vie auprès des vôtres, une mention honorable sur les langues de la postérité”, a ajouté l’ancien maire de Thiès.

À ces mots, le président Sall dira : “Je vous remercie, Monsieur le Président du Cese (Conseil économique social et environnemental), fidèle à votre talent oratoire exceptionnel, mais surtout à la générosité de vos paroles, ainsi qu’à vos prières. Je tenais à vous remercier pour ce que vous venez de dire et nous avons noté avec beaucoup d’intérêt les contributions sur l’environnement, la fixation des dunes et naturellement, sur le programme d’investissement prioritaire de façon globale”.

Pourtant, il n’y a guère longtemps, les deux hommes se regardaient en chiens de faïence.

«Même si le gouvernement fait dans la mascarade en parlant de millions de tonnes de récolte tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Partout où je suis passé, c’est la même complainte. Les paysans sont fatigués. Ils n’ont pas accès à des semences de qualité, une situation due à la faible situation production des semences de base et pré-base par l’Isra. Il y a l’histoire des faux semenciers à qui le gouvernement fait commande pour distribuer des semences qui n’existent pas. Vous conviendrez avec moi qu’il y a problème. A tous les niveaux de la campagne agricole, il a des difficultés», soutenait Idrissa Seck lors d’une tournée à Kolda en 2017..

Il ajoutait :  «ce que les populations disent, c’est que la Cmu (Couverture maladie universelle) est un simple vœu pieu du gouvernement. Parce que quand elles vont dans les structures de santé, elles font beaucoup d’effort, la case ou le poste de santé le plus proche se trouvant souvent à des dizaines de kilomètres de là où elles habitent. Et après tous ces efforts à bord de charrettes, mobylettes ou même parfois à dos d’âne, on leur refuse les prestations, l’Etat n’ayant pas payé sa dette aux structures de santé. La preuve : les mutuelles tombent en faillite, en cascade. C’est la vérité ».
Toutes choses qui lui avaient fait dire que la vision de Macky Sall ne dépasse pas Diamniadio, Diass au mieux (allusion faite à la nouvelle cité Diamniadio et à l’aéroport international Blaise Diagne achevés sous son magistère).

La réponse de Macky Sall ne s’était pas fait attendre. «Ceux qui ont la vision et la connaissance courte disent que mon action ne dépasse pas Diamniadio. Peut-être qu’ils ne sont pas allés en Casamance ou quand ils y allaient, ils avaient fermé les yeux ou encore ont préféré prendre les pistes sablonneuses. N’ont-ils pas demandé aux gens de l’intérieur du pays ce que le Pudc leur a apporté ? Ils n’ont pas demandé aux agriculteurs et aux pêcheurs ce que nous avons fait pour eux, les étudiants, j’en passe. Qu’ils demandent à la population ce que j’ai fait depuis 2012. J’ai un programme écrit par des connaisseurs et inspiré de mon expérience personnelle, fruit de ma connaissance du pays que j’ai visité d’est en ouest, du nord au sud et au centre. C’est ce programme que les bailleurs ont adopté et financé que nous allons dérouler pour faire du Sénégal un pays où il fait bon vivre», soutenait le chef de l’Etat.