NETTALI.COM - La crise s'accentue à la Poste. Et la situation devient de plus en plus intenable. Ce mardi matin, les travailleurs ont tenu un sit-in pour décréter la fin de la récréation. Mais la police a dû intervenir pour les disperser à coups de grenades lacrymogènes. 

Situation intenable à la Poste qui s'enfonce dans la crise de jour en jour. Pire, les travailleurs sénégalais dont les salaires sont domiciliés à la Poste sont dans le désarroi total. Ils ne parviennent plus à percevoir leurs salaires à la fin du mois. Idem pour les retraités. Conséquence : certains fonctionnaires s'en prennent aux agents de la Poste. Une situation qui a poussé les postiers à tenir un sit-in ce mardi devant leur direction générale. Sit-in finalement dispersé par les forces de l'ordre.

"Ce sit-in est différent des autres. Il marque la fin de la récréation. Cet sit-in va décréter la rébellion face au silence coupable de l'Etat qui est complice de cette situation qui est en train de se dessiner et qui n'a pour but que de créer un sentiment de rejet des populations envers la Poste qui est une institution de l'Etat, qui est concessionnaire d'une mission de service public, qui est un patrimoine national. Aujourd'hui, l'Etat a laissé faire, l'Etat a parrainé la mal gouvernance à la Poste pour la bonne et simple raison que l'Etat, qui a la prérogative de nommer des directeurs généraux, les laisse faire. L'Etat les laisse piller la Poste. Les autorités savent tout ce qui se passe à la Poste", dénonce le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de la Poste et des télécoms (Sntpt). Et Ibrahima Sarr de révéler : "Les populations sont impactées. Les fonctionnaires sont impactés. Ils n'arrivent plus à percevoir leurs salaires au niveau de nos agences et de nos centres financiers. Ils ne peuvent même pas inscrire leurs enfants à l'école. Et cela expose les travailleurs qui sont quotidiennement agressés verbalement et physiquement. Tout cela crée un rejet de la Poste et c'est voulu."

A en croire le secrétaire général du Sntpt, tout cela découle d'une "stratégie de pourrissement". Il explique : "L'objectif est d'imposer aux travailleurs des réformes impopulaires." Mais, avertit-il, "nous n'accepterons pas d'être les victimes de cette situation qu'on n'a pas créée. On va se rebeller parce que l'heure est à la rébellion. L'Etat n'a pas entendu nos appels du pied, nos alertes, nos dénonciations... Il a laissé faire parce qu'il est complice de cette situation. L'Etat veut se désengager de tous les services publics du transport, de l'Etat, de la santé et même de la sécurité". Selon Ibrahima Sall, la Poste a été sacrifiée sous l'autel d'ambitions purement personnelles et bassement politiques.  "Nous ne percevons plus nos salaires, nous n'avons plus de couverture maladie pour les travailleurs et leurs familles. La Direction générale ne verse plus les cotisations sociales", dit-il. Pourtant, révèle-t-il, "l'Etat a remboursé une somme de 42 milliards dans le cadre de la Couverture maladie universelle. Mais M. Bibi Baldé (le directeur général de la Poste, ndlr) a tout détourné à travers des marchés fantaisistes de consultance, d'études... Le budget de la Poste n'a pas servi à l'exploitation ni à la prise en charge des revendications des travailleurs". Suffisant pour interpeller le chef de l'Etat, "garant des intérêts des travailleurs". Et c'est pour demander la lumière sur les fonds qui ont transité à la Poste à travers la compense entre 2012 et 2018 et qui se chiffrent à 140 milliards de francs, mais aussi sur le 42 milliards versés dans le cadre du remboursement des dettes de la Couverture maladie universelle. "Il est temps qu'on arrête la politique politicienne à la Poste", insiste Ibrahima Sarr.