NETTALI.COM - Que l’on soit 10 ans après l’arrivée au pouvoir de Macky Sall, à parler de « consommer local », peut donner assurément à sourire. Nos dirigeants ne pensent en réalité à cette bonne vieille chimère que dans les moments de détresse où ils sont dos au mur et ne voient plus aucune solution claire poindre à l’horizon. Ils n’en au fond ni la volonté et encore moins l’exemplarité pour en assumer la promotion.

Sinon auraient-ils laissé le privé national dans un tel dénuement ? En seraient-ils à s’inquiéter des mesures de rétention sur le riz décidées par l’Inde au point de songer à des négociations, avec l’éventualité de brandir la réciprocité sur l’acide phosphorique fournie à ce pays par le Sénégal ?

Le loyer encore le loyer, toujours le loyer. La question est sans cesse remise au goût du jour. Ce fardeau si cher à la majorité des familles, eh bien notre cher Macky avait abdiqué sur la question. Ce lundi 25 septembre, comme si ce n’était pas le même homme, il a de nouveau affûté ses armes pour aller vers une nouvelle croisade contre ces cupides de proprios. A l’heure du combat, pardon de la dernière ligne droite, il veut être sur tous les fronts, y compris social. Il s’attribue le beau rôle et sert la corvée à son Premier ministre. Tiens tiens, il nous a même appris des évidences, à savoir que le prix du loyer à Guédiawaye ne saurait être le même qu’à Mermoz. Sacré Macky, il ne cessera jamais de nous étonner. Sauf qu’à dire vrai, il est cher partout, ce loyer qui hante tant de sommeils.

Pour l’heure, il a filé la patate chaude à Amadou Ba, le nouveau PM qui devra, en rapport avec les associations de consommateurs et les professionnels de l’immobilier, lui proposer d’ici le 04 octobre, un plan spécial de régulation des loyers. Mais que fait au juste notre cher prési de solutions plus structurantes ? Si la société HLM ou la Sicap avaient continué à jouer leur rôle d’antan, avec des plans de logements sociaux en comblant les déficits par région, on n’en serait certainement pas là. L’Etat aurait été en meilleure posture pour agir sur l’offre et la demande.

Mais au-delà du loyer, les Sénégalais vont aussi devoir se contenter de 15 mesures proposées pour espérer voir le coût de leur vie allégé. De minces espoirs peut-être ! Des miracles, il ne faudrait surtout pas en attendre.

Un fort moment de communion que ce lancement des concertations sur la vie chère ! Une occasion de communication où le président est en vedette avec le risque de subir les aléas du dialogue direct en se faisant contredire devant l’assemblée. Mais comme c’est un filou… Sacré Macky, il nous en a sorti des phrases aussi inattendues que surprenantes comme : « Comment peut-on avoir plus d’un million trois cents millions de tonnes de paddy et importer plus d’un million de tonnes de riz chaque année ? Je pense qu’il faudra apporter des éclairages par rapport à ces chiffres ». Des chiffres et explications qu’il est pourtant censé avoir. Mais au royaume de la ruse et du faire semblant, Macky Sall est le roi ! Une tribune qui n’est toutefois pas sans rappeler celle de la fameuse rencontre avec la jeunesse au lendemain des évènements de mars où il disait l’avoir comprise. Quelle a été la suite ? Allez savoir. Elle n’est pas aussi sans rappeler ce fameux rassemblement de Macron avec la jeunesse africaine, au cours duquel aucun chef d’Etat africain n’avait été convié. Quand la machine du populisme est à l’œuvre !

Macky n’avait pas au fond besoin de tout ce tintamarre car sur tous ces sujets, il est censé être informé des problèmes et est élu pour trouver des solutions. Bref, tout cela était juste pour la consommation populaire et une manière d’obtenir de l’empathie, maintenant qu’il se rend compte qu’il baisse à chaque élection dans l’estime des Sénégalais.

Au-delà du social, c’est l’état de l’économie sénégalaise qui suscite de grosses inquiétudes. Comme ce très sévère réquisitoire de l’invité du « Jury du Dimanche » du 25 septembre, Amath Soumaré, qui décrit une situation marquée par un niveau d’endettement de 75,6 % du Produit intérieur brut au mois d’Août dépassant largement les critères de convergence de l’Uemoa qui les limitent à 70% et un niveau d’inflation à 2 chiffres de 11,3%. Celui-ci prône tout simplement une connexion entre l’économie, les finances et le commerce. Sans toutefois oublier les autres domaines, tels que l’agriculture, l’industrie et la question de la monnaie avec un Franc CFA arrimé au dollar et qui se déprécie chaque jour. Il faut à son avis une monnaie nationale. L’exemple des économies anglophones en tête en Afrique, est cité.

Mais dans un pays où ce n’est pas le grand amour entre les questions économiques et la presse, la politique finit toujours par reprendre le dessus, même en cette période de commémoration du naufrage du Diola. Aminata Touré n’a pas perdu de temps pour déballer sur le pacte qui le liait à Macky Sall et que ce dernier a rompu en nommant à sa place, l’ami de la famille au perchoir de l’Assemblée. Une attitude qu’elle qualifie de trahison et qui, selon elle, n'a qu'une explication, son opposition à « ce troisième mandat impossible juridiquement et impossible politiquement".

La suite on la connaît. C’est un ouragan d’attaques qui s’est abattu sur elle avec des propos peu amènes. Il faut la dénigrer, la discréditer et toucher son honorabilité. Ah les politiques quand ils s’y mettent. Mais c’est mal connaître cette trotskyste de Mimi, si résiliente et si courageuse ! Elle ne doit point être ébranlée, sachant ce qui l’attendait. Me Oumar Youm, le président du groupe parlementaire, n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, estimant qu’ « elle a été investie sur la liste de Benno et financée par les responsables de ladite coalition à travers des cotisations pour la campagne ». « Avant de parler d’honneur et de principe, lui a-t-il asséné, elle devrait d’abord commencer par rendre le mandat offert par Benno. » Avant d’ajouter  que « Mimi Touré doit prendre l’exemple du Chef de l’Etat, Macky Sall qui avait renoncé à son mandat de député, son mandat de maire et de conseiller municipal lorsqu’il a voulu quitter le PDS ».Bref, des réactions prévisibles qui montrent que la politique vole bien bas sous nos cieux.

Dans cette ambiance où la suspicion et les combats sont à tous les étages, il n’y a pas que la politique qui se met en scène, la justice aussi est accablée.. Comme dans le cas de ce procès de Barthélémy Dias qui se déroule au gré des saisons, des ententes et mésententes, à tel point que beaucoup d’observateurs ne manquent pas d’y voir une main politique, surtout en l’absence de preuve pouvant attester que la balle ayant tué Ndiaga Diop provient de l’arme de Barth. 10 ans, c’est quand même bien trop pour un simple procès correctionnel !

Emmuré dans un silence depuis quelques temps, Ousmane Sonko a repris du service, et c’est en partie pour défendre Barth, mais aussi profiter de l’occasion pour s’en prendre aux ministrons de ce gouvernement de combats qu’il qualifie de « bras cassés », estimant que  «ce n’est pas un escadron de bras cassés qui va combattre l’opposition. » Pour Sonko, « Le vrai gouvernement de combat de Macky Sall, c’est le général Moussa Fall, le commissaire Yague, une partie de la justice et une partie de la presse. » Un bon provocateur ce patriote !  

Le pire ce sont ses mots violents et assassins contre Amadou Ba, présenté comme l’homme de la situation. L’actuel Premier ministre a, selon lui, rendu l’économie sénégalaise plus vulnérable aux chocs extérieurs à cause de l’endettement excessif auquel il a eu recours lorsqu’il était ministre des Finances. « Les plus gros scandales du pays ont été notés sous le magistère d’Amadou Ba. Rien ne va changer avec le nouveau gouvernement. Pire, les Sénégalais vont souffrir davantage», a-t-il prédit. Selon lui il s’agit d’un gouvernement d’échec et non de combat.

Mais heureusement que les matchs amicaux des Lions sont venus interrompre quelque peu, ces cycles d’attaques en ouvrant des fenêtres de discussions beaucoup plus sereines. Les débats sont partout sur les plateaux-télé. Les férus de foot et les coachs ont eu un coup de cœur pour Pathé Ciss, mais aussi pour Pape Matar Sarr et Pape Guèye. De quoi vouloir voir le milieu de terrain occuper par ces jeunes bien frais et qui en veulent. Les comparaisons fusent de partout entre les deux équipes présentées par Alioune Cissé : une jugée plus conquérante avec un jeu plus fluide face à une équipe toutefois plus faible de Bolivie ; et une autre plus laborieuse et moins efficace dans la finition. Résultats des courses, il y a encore des progrès à faire sur les balles arrêtées et l’efficacité. Heureusement que Cissé ne l’ignore pas. Certains pensent que les jeunes doivent désormais prendre le pouvoir face aux vieux. Ou plus exactement remplacer du vieux lion par du plus jeune. Comme exactement en politique où Ousmane, Barth et cie veulent remplacer Macky au pouvoir. Un sacré gros conflit en perspective. Pardon « sacré gros combat », voulait-on dire  pour « gouvernement de combat » face à une « opposition de combat ».