NETTALI.COM - Que le président de la république, Bassirou Diomaye Faye, ait acheté son mouton à 160 000 f CFA, cela nous concerne-t-il vraiment ? Évidemment que non puisque l’acte relève de sa vie privée ? Une exposition de sa vie qui n’est pas sans risques et qui peut inciter certains à s’y intéresser avec des supputations de toutes sortes !

Cet acte d’achat privé n’aurait pas été exposé qu’on n’aurait pas su que Diomaye Faye a acheté son mouton  à ce prix-là. Ce qui veut en d’autres termes, dire que l’événement médiatisé n’est plus, ni moins qu’un acte de communication pour ne pas dire du populisme. Pour d’aucuns, le message qui est délivré, consiste à prouver que, malgré la bourse élevée du président de la république, il a acheté un mouton à un prix pas très élevé. Une manière de dire aux Sénégalais qu’ils peuvent trouver des moutons à des prix abordables. Ce qui n’est pas tout à fait exact car pour s’assurer du contraire, il suffit de faire le tour des lieux de vente pour se rendre compte que le rapport qualité-prix, n’est pas au rendez-vous.

Mais au-delà de l’acte, l’on n’ose quand même pas imaginer qu’Abou Kane, cet éleveur réputé pour élever des moutons de race, vende ses bêtes à ce niveau de prix-là. Peut-être s’agit-il d’un prix présidentiel ? Beaucoup de Sénégalais devraient avoir la perspicacité de se ruer vers le point de vente d’Abou Kane pour se rendre compte du réel ordre de prix qu’il pratique.

La fonction du président de la république, disons-le clairement, n’est nullement de nous montrer comment acheter un mouton, mais plutôt comment mieux travailler pour produire plus de richesses.

Macky Sall se promenait chez les vendeurs de moutons pour faire dans le populisme, Diomaye Faye se met à l’imiter. Tout cela pour dire qu’on n’est pas encore sortis de l’auberge en matière d’exemplarité.

Au-delà, c’est l’équation des efforts et des dépenses énormes engagés par les Sénégalais pour cette fête réputée la plus importante pour la communauté musulmane (et des fêtes en général) qui est posée. Et l’on peut se demander pourquoi d’aucuns veulent vivre au-dessus de leurs moyens ?

Le conseil qu’on serait tenté de leur donner, et que les prêcheurs répètent à longueur d’années, est que chaque musulman achète le mouton dont le prix est supportable par sa bourse, au risque de vivre des lendemains de Tabaski des plus pénibles.

L’Islam n’est d’ailleurs pas contraignant sur la question de l’achat du mouton. Ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter un mouton, en sont dispensés. Ils peuvent toutefois se rabattre sur l’échelon inférieur qui consiste à acheter une bête de moindre calibre.

Bref dans un pays où l’on existe à travers le regard des autres, - ce qui relève d’ailleurs de la faiblesse de caractère, -  l’orgueil est la chose la mieux partagée. La peur d’être minimisé, méprisé, voire d’inspirer la pitié, est solidement ancrée dans bon nombre de cerveaux. C’est cela d’ailleurs qui pousse certains à emprunter les chemins les plus laborieux et risqués pour passer une belle fête, alors qu’ils n’en ont ni les moyens et encore moins les capacités des folles dépenses qu’ils engagent.

D’aucuns utilisent et la méthode du harcèlement social qui consiste à demander de l’argent un peu partout ; là où d’autres s’endettent auprès des banques, usuriers ou particuliers, voire vendent leurs biens pour arriver à leurs fins.

Que d’efforts physiques dépensés en ces veilles de fête : entre les bureaux désertés, les esprits absents, les embouteillages monstres, les prix des transports qui flambent, les l’environnement urbain envahi par les vendeurs de bêtes, les garages sauvages improvisés, ce genre de fête coûte bien cher aux Sénégalais et cause des désagréments énormes aux populations.

Imaginons une seconde que ceux-là qui rivalisent de trésors d’ingéniosité et d’efforts surhumains pour capter des sous, déploient le même niveau d’effort pour leur travail ou leurs activités au quotidien. Ils ne seraient sans doute dans cette situation de pauvreté.

Imaginons que le même effort soit déployé au développement de l’élevage (au lieu des importations à n’en plus finir), chaque Sénégalais aurait sans aucun doute un mouton à un prix accessible. Un éternel recommencement que ce comportement irrationnel et d’orgueil de certains Sénégalais.

Sacrés Sénégalais, ils font tout à l’envers. Ils dépensent plus d’efforts pendant les fêtes que dans leurs activités professionnelles du quotidien. Ils sont de plus, plus éreintés les jours de fête que les jours de travail.

Il s’agit donc pour nos gouvernants de semer les germes de la culture du travail, de manière à encourager les Sénégalais à produire plus de richesses de manière à acquérir un pouvoir d’achat plus important pour les Sénégalais. C’est sans doute là que se trouve la clef de la résolution des problèmes de coût de la vie et des subventions qui grèvent le budget de l’Etat.