NETTALI.COM - A l’heure de la surenchère politicienne, plus rien ne compte. Pas même les discours de campagne teintés de promesses de rupture et d’union sincère. Plus rien ne résiste aux ambitions. Rien. Ils n’ont plus que le partage du gâteau et des bons postes à pourvoir en tête en ligne de mire.  Toujours est-il que la 14 ème législature va entre en scène, ce lundi 12 septembre avec toutes ses incertitudes, et dans tous les camps.

Avec une majorité, réunie à Saly, le temps du week-end, les nouveaux députés de Macky Sall étaient à l’école de l’hémicycle, mais aussi et surtout de la discipline et de la cohésion à l’Assemblée nationale, malgré le verrouillage par Macky de l'identité de celui ou celle qu’il veut voir trôner au perchoir. Mais pour Benno, avec une telle majorité obtenue de justesse, le risque est grand de voir des défections. La moindre complainte est signe de danger. L’enjeu au-delà, c'est aussi celui de pouvoir compter sur le vote secret, question de ne pas voir le perchoir échapper à la majorité avec des noms de candidats cités par ci, par là. Il s’agit aussi et surtout pour Benno, de récolter un max de vice-présidents. Au moins 4 ; de même qu’autant de postes de présidents de commissions, sans oublier celui de questeur. Il est également question de gérer des ministres victorieux, des alliés et même des députés de la majorité. Bref une Assemblée intéressante pour les Sénégalais qui attendent qu’elle soit une de rupture et serve leurs intérêts.

Thierno Alassane Sall a fait la promesse d’être dans cette mouvance en s’investissant dans son rôle de contrôleur de l’exécutif, du budget et d’être le député de tous les Sénégalais. Son camarade de coalition, en l’occurrence Abdourahmane Diouf, n’exclut pas de son côté d’intégrer le gouvernement.  Non pas pour cause de transhumance, mais bien dans une logique d’éviter de confier tous les pouvoirs à un seul homme. Argument bien fallacieux. Y aurait-il un lien entre le seul député non inscrit que compte leur coalition et cette déclaration visant à figurer dans un gouvernement ? Une bonne question. Au regard de l’accusation de « coalition de Macky Sall » dont AAR Sénégal s’était défendue, la situation est pour le moins suspecte.

L’inter-coalition Yeewi-Wallu a quant à elle, du souci à se faire avec ses nombreuses candidatures dont celle d’Ahmet Aïdara, Abdou Mbacké Bara Doly (qui se serait finalement rangé au choix de Me Wade) et Barthélémy Dias qui soutient que sa candidature «est portée par toute la coalition Yewwi askan wi». Mamadou Lamine Thiam, cet ancien questeur, est en effet connu pour être le candidat de Me Wade et de la coalition «Wallu».

Une assemblée qui promet en termes de manœuvres et de jeux de couloirs. Mais qu’en sera-t-il de la défense des intérêts des Sénégalais ? Du cumul des mandats ? Du côté de Yewwi, Guy Marius Sagna est foncièrement contre.

La présidentielle est en vue et Macky Sall entretient toujours le flou sur la question de sa 3ème candidature. Mais comble du paradoxe, dans ses rangs, des voix s’élèvent pour l’encourager à se présenter. Madiambal Diagne, dont on ne sait d’ailleurs pas ce qui le fait courir, ce tantôt journaliste et tantôt soutien du président étonne par sa posture ; Awa Niang a aussi plaidé dans ce sens et Mame Mbaye Niang s’est récemment signalé sur le sujet après s’être éclipsé pendant un long temps.

Bien malin celui qui arrivera à convaincre les Sénégalais que le ciel qui se dresse au-dessus de leurs têtes, est dégagé. Ou que les signaux sont au vert. En ce mois de septembre, le ciel est si souvent gris et nuageux. Une atmosphère qui se confond avec la situation économique bien morose du pays, marquée par des loyers exorbitants, des prix de denrées qui connaissent une flambée vertigineuse, sans oublier ces dépenses permanentes, telles que les factures d’eau, d’électricité, de téléphone, de scolarité et les turpitudes du quotidien qui hantent bon nombre de sommeils. Les cimentiers se sont également mis à la hausse des prix, certains ont tout simplement envoyé leurs employés et prestataires au chômage technique. Une sorte de chantage qui ne dit pas son nom. Difficile de savoir ce qu'ils veulent ceux-là. Le Sénégal abrite trois cimenteries et les prix sont toujours aussi élevés et toujours en train d'augmenter !

Il n y a pas que le coût de la vie qui hante les sommeils, la pluie désormais est désormais si redoutée. Elle a en effet fini de semer l’angoisse et d’installer le chaos et la désolation dans les esprits. Les morts, surtout par électrocution,  s’accumulent et les routes sont transformés en champs de ruines, jonchées qu’elles sont de nids de poules, de cratères aux contours parfois bien aiguisés et nocifs pour les pneus des automobilistes. Le pire est qu’ils sont bien nombreux. Et c’est une aventure bien fastidieuse que de tenter de les dénombrer. Elles n’étaient pas à dire vrai, bonnes, ces routes. Rafistolées à coup de pierres noires et de ce fameux goudron qui permet de les coller entre elles, elles finissent avec l’hivernage par trahir les auteurs de ces basses besognes. Honteux comme procédé.

Les habitations ne sont guère mieux loties. Surtout celles peuplant ces cités acquises dans le cadre de promotions immobilières. Il ne fait plus bon sortir ou se promener dans la plupart d’entre elles, tellement l’environnement y est dégradé. Puanteurs, eaux sales et verdâtres, nids de poule et cratères, semblent avoir conjugué leurs efforts, comme dans une logique de pourrir la vie des habitants. Elle est vraiment dure la vie des pauvres Sénégalais !

Même les quartiers huppés prennent leur part de désagréments. Les Almadies, ce quartier que beaucoup de sénégalais pensent ne manquer de rien, souffre par exemple d’un grand déficit d’assainissement. Serigne Mboup dont la villa est envahie par les eaux, ne soutiendra pas le contraire.

Mais même face à ces faits têtus, liés à un coût de la vie qui augmente sans cesse et ces environnements défigurés par la pluie, les politiciens trouveront toujours des explications. Et les prétextes les plus courants ne sont rien d'autres que le réchauffement climatique ou encore la guerre en Ukraine. Arguments faciles pour les laxistes qu'ils sont ! Sacrés politiciens, ils ont plus d’un tour dans leur sac. Mais ce qu’ils oublient, c’est qu’ils sont issus de ce même peuple, si résilient et pas si dupe que cela. La preuve par les urnes qui montrent chaque jour à Macky Sall qu’il descend dans l’estime des Sénégalais.

Mais pour l’heure, c’est un niveau d’endettement du pays qui progresse de jour en jour et qui atteint des sommets avec une dégringolade du Sénégal de la 168ème place à la 170 ème place sur 189 pays de l’indice de développement humain du PNUD. Il est vrai qu’il ne fait plus bon vivre dans ce pays avec ses environnements dégradés, un pouvoir d’achat défaillant, un accès à la santé difficile, les embouteillages, la pollution, les plages occupées par des résidences huppées ou hôtels, etc.

Ah le loyer, quel casse-tête pour les Sénégalais ! En trouver, relève du parcours du combattant. Les conditions imposées sont draconiennes et le locataire n’a pas d’autre choix que de les subir. Mais une fois que le président a avoué son incapacité à gérer la question qu’il avait initiée, avant d’abdiquer publiquement, difficile d’espérer un quelconque acte de la part d’Assome Diatta, bien assommée sur le front de l’inflation par l’Unacois et autres commerçants qui ont semblé prendre le dessus, malgré les coups de gueule de celle-ci qui se révèlent être de véritables coups d’épée dans l’eau. Ce sont les distributeurs français venus «chasser en meute» sur nos terres qui doivent se frotter les mains. Ils ont certes cette capacité de négociation au regard des volumes impressionnants qu’ils peuvent acheter et négocier mieux que quiconque, mais la vérité est que ces commerçants locaux qui n’ont jamais cherché à évoluer dans leurs méthodes, sont dans l’abus permanent. Tout comme ces transporteurs à la veille du Magal et des autres fêtes. Ils se plaignent désormais ouvertement, ces Sénégalais, de la cupidité de leurs concitoyens de commerçants, alors qu’ils étaient à un moment donné bien hostiles aux distributeurs venus d’ailleurs et vus comme des "néo-colons" de l’économie. Ces distributeurs français sont en tout cas devenus les remparts pour bon nombre de Sénégalais des grands centres urbains.

L’économie sénégalaise a fini d’étaler toute sa morosité. Elle n’a jamais d’ailleurs été reluisante depuis l’époque de Senghor. L’on espérait beaucoup du programme Sénégal Emergent (Pse). Mais à l’arrivée, difficile d’atteindre l’émergence dans un contexte de désert industriel. Une industrialisation adapatée à nos besoins qui aurait pu, avec une certaine volonté politique, être cette grande pourvoyeuse d’emplois qui manquent cruellement. Normal Moustapha Diop est aux commandes. Que ces Polonais, Allemands et autorités de l’Union européenne qui ont perdu pied avec la Russie sur le gaz et qui lorgnent de plus en plus nos ressources, ne nous pompent pas tout notre gaz. Ils commencent à trop montrer le bout de leur nez sous nos cieux face à des dirigeants dont le fort est de céder très facilement face aux puissances armées d’une capacité de négociation souvent au-dessus de celles de nos dirigeants. Avec le pétrole et le gaz, il nous est en tout cas donné l’opportunité de développer nos industries, en particulier les Petites et Moyennes entreprises et industries et toute une chaîne de valeurs, tout utilisant les ressources pour procurer aux Sénégalais du carburant moins cher et une production d’énergie à des coûts plus accessibles.

Le secteur privé national se cherche toujours un allié en la personne du président Sall. La sortie, la semaine dernière du patronat et son cri du cœur du cœur, montre qu’il est abandonné à son sort. Un syndicat qui s’est signalé, mais dont les apparitions sont toutefois quasi rares pour ne pas dire fantomatiques, pour qu’on le prenne au sérieux.

Nous avons affaire à une économie désespérément à l’agonie, puisque même la gestion de ses sociétés publiques ne se distingue pas par ses prouesses. En effet aucune entreprise ne sort du lot en termes de gestion. Pas même Le port qui n’exploite pas assez son potentiel. La Senelec qui était repartie sur de bons rails, croule depuis quelques temps sous le poids des dettes avec ce feu de paille récent pour faire croire que la raison de ses malheurs, serait à chercher dans la dette des sociétés publiques. Que nenni. Les dettes des sociétés publiques, notamment les collectivités, les administrations, etc qui doivent de l’argent à la Senelec, c’est une bonne vieille tradition. Avec la Poste, l’on touche le fond avec ces défilés devant la justice, qui pour des mandats de dépôts ou des médiations pénales. Un désastre de gestion, voilà comment qualifier ce fleuron qui a raté toutes les marches vers le chemin de la mutation technologique et de l’évolution des métiers. La Sonacos ne fait guère mieux, engluée qu’elle est dans une gestion approximative et des choix hasardeux. Air Sénégal, elle, a à peine fini d’expérimenter son envol que l’atterrissage est aussitôt survenu. la compagnie croule sous le poids d’un déficit énorme, tout en cherchant toujours le bon cap à prendre.

Bref nous assistons à une gestion chaotique globale des sociétés publiques confiées à des techniciens ou parfois à des diplômés, aux expériences approximatives et dont on veut faire à tout prix, des managers ! C’est d’ailleurs sur l’équation du casting que se trouve le problème avec la gouvernance Sall, alors que beaucoup de pays recrutent via des cabinets et tentent de mettre en place une tradition de grands managers. C’est la politique politicienne et la trop grande importance accordée aux politiciens qui risquent de perdre le pays. Ce sont les chefs d’entreprise et les hommes d’affaires qui font avancer le pays qui devaient plutôt être portés en triomphe. C'est le contraire malheureusement !