NETTALI.COM - Il est sur toutes les lèvres, ce sacré emmerdeur de variant Delta ! Même ceux qui avaient fini par se perdre dans les méandres de la littérature médicale relative aux virus, ont fini par comprendre à quel point le variant Delta est contagieux et dangereux. Eh bien, il a bouleversé nos vies et créé une grande psychose, alors qu’on pensait être sortis de l’auberge. Même les irréductibles adversaires de la pandémie, les rois du déni, se sont rendus à l’évidence et sont allés, en tout cas pour beaucoup, se faire vacciner, même s’il existe encore des récalcitrants et anti vaccins par principe.  

Il s’attaque désormais aux enfants, contrairement aux variants des 1ère et 2ème vagues au cours desquelles, il était plutôt question de sensibiliser les jeunes dans une logique de protection des personnes âgées. Le virus a depuis lors changé de visage et de posture. Il s’attaque désormais aux enfants et jeunes. L’on apprend que des bambins de 2 ans sont morts du Covid, que les femmes enceintes sont aussi touchées ; que 40% des contaminés sont désormais dans la tranche d’âge de 25 à 45 ans ; 54% sont des femmes chez les personnes atteintes ; le personnel de santé connaît aussi des morts. Globalement 70% des infections sont le fait du variant Delta.

Un fait que confirme le médecin-chef à Suma Assistance, le docteur Babacar Niang à l’émission « Jury du dimanche » sur I-radio. Celui-ci a en effet fait des confidences douloureuses sur les ravages du variant Delta chez les jeunes.  « Rien qu’à Suma Assistance, des jeunes de 32-42 ans sont intubés et ventilés.  Il y a un jour, on a perdu sept jeunes , notamment trois dans la nuit et quatre dans la journée », a-t-il annoncé avec regret. Il a, dans le même sillage, expliqué comment le virus agit sur l’organisme de l’être humain. « Le virus s’en prend aux poumons. Les jeunes qu’on perd, c’est 50%, très vite, on voit l’absence de foyer pulmonaire. On fait tomber dans le protocole trois antibiotiques, résultat, 10 jours après, 12% de lésions au niveau des poumons. Donc l’antibiotique n’a servi à rien. Si l’antibiotique marchait, deux suffiraient », a-t-il souligné. De l’avis de Docteur Niang,  le virus s’attaque aux poumons parce que c’est là où il trouve tout ce qu’il lui faut. « Il y a de l’oxygène pour vivre, du sang qui amène des nutriments. Donc, il s’installe là », fait-il savoir avant d’ajouter : « il s’agira de l’y déloger ». Mais, précise-t-il : « le délogement qu’on a actuellement et qui est le plus efficace, c’est le système immunitaire. Il faut qu’on vous aide avec des vitamines, et avec de la bonne nourriture. Malheureusement, on ne mange pas quand on est malade. Les médecins sont en train de trouver des bains de bouche pour arriver à rendre le goût aux malades »

Ce qui signifie, sans doucher les espoirs des plus optimistes, qu’on n’en a pas encore fini avec cette pandémie, au moment où on parle de 4ème vague en Europe.

C’est ainsi plus que jamais le moment du renforcement des mesures barrières, du port du masque, de la limitation des rassemblements et du recours aux tests de diagnostic rapide. D’autant plus que pour le Docteur Kharadiata Diallo Mbaye, la responsable du Centre de traitement des Epidémies (Cte) de Fann, qui se prononçait à  l’émission « Jakarloo » de la TFM, ce vendredi 30 juillet, révèle que les nombreux cas de grippe et de fièvre que l’on entend ces jours-ci, sont presque tous des cas de covid, puisqu’on n’est pas en saison de grippe. Même son de cloche chez le directeur général du Centre des opérations d’urgence sanitaire (Cous), le docteur Alioune Badara Ly : « Tous les tableaux cliniques évocateurs de grippe, il faut considérer à priori que c’est de la covid-19. Maintenant, on utilise des tests de diagnostic rapide, disponibles dans les centres de santé les plus proches. Si c’est positif, on vous traite et on vous donne les conseils qu’il faut », a-t-il recommandé. Ce qui signifie que l’heure a sonné d’accélérer le taux de vaccination très faible sous nos cieux.

Le variant Delta est en train de causer des dégâts, au regard du nombre de décès annoncés dans les médias. A titre d’exemple, ce vendredi 30 juillet, sur 4201 tests réalisés, ce sont1075 nouveaux cas ont été décelés et 15 morts qui ont été annoncés. Ce qui était annoncé comme un record, a été battu par la situation épidémiologique de ce samedi 31 juillet. Ce sont en effet 1045 cas positifs qui ont été enregistrés sur 3788 tests réalisés avec 20 décès. Des décès que certains n’ont d’ailleurs plus besoin de mesurer puisqu’ils se basent, si l’on en croit des témoignages, sur le rythme des enterrements dans les cimetières.

"La première vague, c’étaient 25 décès en une semaine, la deuxième vague, on est parti jusqu’à 66 décès. Aujourd’hui, avec cette troisième vague, on est déjà à 67 décès. On a déjà dépassé le pic de décès hebdomadaire par rapport à la deuxième vague“, a annoncé le Dr Alioune Badar Ly, invité du "Grand Jury" de ce dimanche 1er juillet sur la RFM. Ainsi pour faire face à la saturation des cas graves dû à la multiplication des cas positifs, le Parc des expositions de Diamniadio va devenir un site de traitement extra-hospitalier. "Le président de la République a proposé au ministère de la Santé qu’on puisse utiliser le Parc des expositions de Diamniadio. Mais ça demande beaucoup de moyens. On va prendre le Parc des expositions de Diamniadio qui va se remplir. On va encore prendre un autre site qui va également se remplir. Ça ne peut plus continuer. La grosse différence cette fois-ci est que nous allons seulement gérer les cas graves. Aujourd’hui, on n’hospitalise plus les cas légers. Ils sont pris en charge à domicile. Même s’ils sont des sites extra-hospitaliers, ils vont devenir des hôpitaux de fait. Parce qu’il faut prendre des cas graves”, dira le directeur du Centre des opérations d’urgence sanitaire.

Un rush, conséquence de la panique chez certaines populations, a été constaté dans les centres de santé. Des vaccinodromes, tels que l’arène nationale de Pikine, le stade Léopold Senghor ou d’autres grands espaces ont été finalement ouverts pour accueillir un plus grand nombre de personnes. Les hôpitaux sont débordés et y trouver un lit, relève du miracle dans un contexte de tension dans les lieux d’hospitalisation.

La vaccination elle, est en cours, l’arrivée de nouvelles doses est annoncée. Mais au rythme où va l’affluence dans les centres de vaccination, les quantités annoncées risquent de ne pas suffire. Ceux qui avaient pris leur 1ère dose d’Astrazeneca, commencent à s’inquiéter quant à l’impact de la non prise de la seconde dose (pour le moment impossible) sur leur santé. Toujours est il que les autorités rassurent sur l’approvisionnement au fur et à mesure qui va avoir lieu.

Le monde retient son souffle. La communauté médicale mondiale subit les caprices et soubresauts du virus et se rend compte qu'il ne maîtrise pas encore totalement ce virus. La protection vaccinale contre le COVID-19 va très probablement diminuer avec le temps, apprend-on. Ce qui impliquera d’autres campagnes de vaccination dans les années à venir, estime un groupe d’épidémiologistes et de virologues dans un document présenté au comité de conseil scientifique du gouvernement britannique. Selon le papier examiné par le « Scientific Advisory Group for Emergencies » (“Conseil scientifique pour les situations d’urgence”, le SAGE), l’efficacité du vaccin devrait rester élevée pour les formes graves du COVID-19, mais la protection contre les formes plus modérées, pourrait baisser avec le temps. Le document intitulé « Combien de temps les vaccins protégeront-ils contre le COVID-19 ?”(How long will vaccines continue to protect against COVID?), a été rédigé par des scientifiques de renom de l’Imperial College à Londres, de l’Université de Birmingham et Public Health England, agence exécutive du département de la Santé.

Soulignant le besoin de maintenir pour des années encore les campagnes vaccinales, les scientifiques ont précisé qu’actuellement ils ne savent pas « quelle sera la fréquence optimale requise pour la re-vaccination afin de protéger les personnes vulnérables ».

En Israël, les plus de 60 ans vont pouvoir recevoir une troisième dose de vaccin contre le Covid-19 pour pallier la perte d'efficacité des premières doses. Il convient de rappeler qu’Israël est le premier pays à avoir vacciné sa population dans le cadre d'un accord avec la compagnie Pfizer.

Aux Etats Unis, dorénavant, des millions d’employés fédéraux devront soit être vaccinés, soit se plier à une série de contraintes, a annoncé la Maison-Blanche. Les employés fédéraux non vaccinés, auront l’obligation de porter le masque même dans les zones où la circulation du Covid-19 est faible et devront se soumettre à des tests réguliers, une ou deux fois par semaine. Ils seront aussi limités dans leurs déplacements.  Entre autres mesures d’incitation, Joe Biden a appelé les autorités locales à verser 100 dollars à toute nouvelle personne se faisant vacciner, en puisant pour cela dans des fonds d’urgence débloqués pour faire face à la pandémie. Des déclarations bien loin de celles de juin et début juillet, quand le président américain parlait d’un « été de liberté », et promettait de déclarer bientôt « l’indépendance » des Etats-Unis face au virus − faisant référence à la fête nationale du 4 juillet.

En France, au lendemain d’importantes manifestations contre l'extension du passeport sanitaire et la vaccination obligatoire, le Parlement a adopté le projet de loi relatif à la gestion de la crise sanitaire après un accord entre députés et sénateurs autour d'un texte de compromis. Un vote qui ouvre la voie à une application étendue du passeport sanitaire début août pour lutter contre la résurgence de la COVID-19 liée au variant Delta. Le texte définitif prévoit la présentation d'un passeport sanitaire pour accéder aux restaurants et aux cafés, aussi bien en intérieur qu'en terrasse, tandis que la décision de le rendre obligatoire pour les grands magasins et les centres commerciaux reviendra aux préfets.

Des situations qui ne laissent pas beaucoup de choix aux non vaccinés qui risquent de subir des désagréments dans leur quotidien et leur liberté de circulation. La conséquence, ce sont des manifestations par exemple dans de nombreuses villes de France contre l'extension du pass sanitaire et au nom de la "liberté", pour le troisième samedi consécutif. Le ministère de l'Intérieur avait recensé un total de 204 090 manifestants.

Sous nos cieux, il reste aux autorités de tout mettre en œuvre pour l’acquisition de vaccins et inciter fortement les sceptiques à la vaccination. Un scepticisme que vient renforcer les annonces de personnes vaccinées et infectées malgré tout par le virus. Mais les spécialistes ont vite tempéré affirmant que les vaccinés ne développent pas de forme grave dans les cas d'infection.

Dans cet océan d'incertitudes, le Dr Babacar Niang a fait des révélations et a prévenu contre le présumé démantèlement des Centres de traitement des épidémies (Cte). Invité du Jury du dimanche, il a déclaré, pour le dénoncer que « le matériel du public est vendu aux structures sanitaires du privé ». Etayant ses propos, il a souligné que la maison dite Keur Serigne Bi et d’autres revendeurs qui ont pignon sur rue, proposent lesdits matériels. Mais le docteur n’a pas dit que cela.  « Je vous dis qu’il y a des malades qui payaient 900 000 F CFA pour acheter de l’oxygène pendant leur hospitalisation ». Bref un cocktail explosif qui montre l'incurie des autorités sanitaires.

Le professeur El Hadji Niang, chef du service de cardiologie de l'Hôpital Artistide le Dantec, invité de "Infos du matin" du lundi 2 Août sur la TFM ne dit pas autre chose. Entre le scanner tombé en panne depuis belle lurette de son service, le manque d'oxygène, le matériel médical livré dans les hôpitaux et dont une bonne partie n'est pas de bonne qualité, ces tests et soins onéreux à des particuliers à domicile, l'omerta sur la situation réelle qui empêche de régler les problèmes de la santé, Niang a fait un diagnostic catastrophique de la situation de la santé. Le professeur se demande même s'il existe une stratégie de lutte. Cellui-ci n'y est d'ailleurs pas allé par quatre chemins pour dire que l'argent a été détourné et estimer qu'il a été utilisé pour faire de la politique. Le radiologue pense ni plus, ni moins que l'Etat doit fonctionner selon des règles, procédures et le matériel acheté suivant une expression des besoins, des appels d'offres et des attributions et non sur la base d'un achat de matériel hasardeux.

Bref un variant qui n'a pas encore dit son dernier mot. Mais faisons-nous seulement ce qu'il faut ? Il semble qu'au rythme de la progression et du cortège de morts, la réponse est non. Des médecins qui ne connaissent pas la langue de bois, ont déjà dressé la longue liste des maux.