NETTALI.COM- La déclaration conjointe paraphée etlue ce 4 août 2022 à Bissau, en présence du président Umaro Sissoco Embalo, de l’amiral Papa Farba Sarr, du général César Atoute Badiate et de Lansana Fabouré, est un pas décisif vers une paix définitive en Casamance. Elle renferme selon EnQuête, plusieurs modalités qui doivent aboutir à la fin de ce conflit.

Une déclaration conjointe entre l’État du Sénégal et le Comité provisoire des ailes politiques et combattantes du MFDC a été lue, hier, à Bissau. Elle marque une étape décisive vers une paix définitive en Casamance. Saluant cette avancée, le chef de l’État, Macky Sall, a, dans un tweet, hier, déclaré qu’il reste « engagé pour la consolidation de la paix durable en Casamance ». Ce faisant, il a remercié le président Embalo pour sa médiation. Mais pour en arriver à cet accord, il a fallu de longs pourparlers, mais surtout un médiateur. Selon les documents qui sanctionnent cet accord historique, le dialogue pour la paix a été facilité par le centre Henry Dunant pour le dialogue humanitaire(HD). La première rencontre de prise de contact entre le comité ad hoc de négociation de l’État du Sénégal et le comité provisoire a eu lieu le 12 juin 2019 à Banjul, en Gambie.

Une deuxième rencontre a eu lieu du 4 au 5 novembre 2020 à Tambacounda, sous les auspices toujours de HD. Elle a posé les bases d’une future entente, consolidées lors d’une troisième rencontre, le 16 décembre 2020 à Toubacouta. D’ailleurs, le journal EnQuête apprend qu’un mémorandum d’entente a été signé, lors de cette rencontre, entre les parties.

Ensuite, il y a eu trois autres rencontres, toutes à Praia, capitale du CapVert, les 8 et 9 avril 2021; les 14 et 15 juillet 2021 et les 17 et 18 novembre de la même année. Lors de ces raouts, des avancées décisives ont été faites. Notamment, l’adoption d’une déclaration conjointe devant guider les négociations. Également, les modalités de dépôt des armes avaient été discutées, assorties d’un engagement de l’État du Sénégal à prendre toutes les mesures possibles et favorables au MFDC.

Rencontre décisive de Bissau

Ainsi, la septième et décisive rencontre a eu lieu les 3 et 4 août 2022, à Bissau, sous les auspices du président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, Président en exercice de la CEDEAO. Cette fois-ci, il y avait l’amiral Papa Farba Sarr, Coordonnateur du comité ad hoc, et les représentants des ailes politiques et combattantes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC),le général César Atoute Badiate et de Lansana Fabouré. La rencontre a été sanctionnée par une déclaration conjointe dont les dispositions sont présentées comme « une étape majeure dans le processus de résolution définitive du conflit en Casamance ».

En effet, les deux parties « réaffirment leur ferme volonté de parvenir à une résolution de la crise casamançaise par des moyens pacifiques tels que le dialogue qui continuera à être mené dans le strict respect des dispositions de la Constitution de la République du Sénégal ». Également, « les parties ont renouvelé leur accord pour faire du dépôt des armes un axe central des négociations. » À ce propos, « le Comité provisoire des ailes politiques et combattantes unifiées du Mouvement des forces démocratiques de Casamance réaffirme son engagement pour le dépôt des armes, sous la supervision de la République de Guinée-Bissau comme garante, selon certaines modalités qui seront exécutées par le MFDC à partir du 1er octobre2022. »

La première consistera à la sensibilisation des bases du MFDC sur les modalités du dépôt des armes. Il est aussiprévud’établirlalistedescatégoriesdepersonnesimpactéesparlacrise casamançaise (blessés et mutilés de guerre, déplacés internes, réfugiés, etc.) La troisième consistera à l’identification des besoins sécuritaires et humanitaires. Ensuite, il est prévu de recenser les effectifs par base et les noms des commandants de base. En dernier lieu, le MFDC devra présenter la liste des armes et munitions détenues par ses troupes.

À côté de ces modalités, il y en a d’autres qui vont être mises en œuvre par les deux parties, dès la signature de la déclaration conjointe. Parmi elles, la mise en place des commissions de travail sur les différentes thématiques et d’une commission mixte de supervision et de suivi du dépôt des armes. Ainsi, « l’État du Sénégal s’engage, dès le dépôt des armes, à prendre toutes les mesures qui, dans le respect de la Constitution du Sénégal, seront favorables au MFDC ainsi qu’au développement économique et social de la région naturelle de la Casamance. »

Il s’engage aussi à apporter toutes les garanties nécessaires en vue de la sécurisation des combattants procédant au dépôt des armes. La République de la Guinée-Bissau est désignée en qualité de garant du processus de paix, attendu pour se dérouler de manière diligente dans une atmosphère apaisée et sécurisée.