NETTALI.COM - En direction de la présidentielle de 2024, la ligne de départ de la course risque d’être bien encombrée, au regard du nombre de candidatures déclarées. A moins peut être que le parrainage et la justice n’en décident autrement. 

Elle est décidément la source de tous les fantasmes et de toutes les polémiques ? On parle évidemment de l’hypothétique candidature de Macky Sall. En effet, lors de sa dernière sortie, avec l’hebdomadaire français l’Express, le président Sall a encore et davantage embrouillé les esprits, alors que beaucoup de Sénégalais, naïfs certainement, attendaient qu’il fît une déclaration définitive sur la question par exemple dans son discours de veille de fête d’indépendance. Mais aujourd’hui, force est de constater que sa nouvelle posture est d’informer qu’il a désormais le droit avec lui, son mandat de 7 ans acquis en 2012, étant hors de portée de la réforme, suivant une décision du Conseil constitutionnel en date de 2016.

Une autre manière de faire comprendre que sa candidature ne dépend finalement plus que de lui. Le constat est dès lors que Macky Sall glisse et évolue subtilement dans sa position, comme pour mieux faire intégrer cette nouvelle donne. C’est ce qui s’appelle, tenter de faire passer la pilule en douceur ! En un mot et pour faire court, l’affaire est désormais politique. Il faudrait sans doute ouvrir des négociations, à un moment où il a déclaré être ouvert au dialogue !

Et pourtant, beaucoup savent que lorsque le président Sall a consulté le Conseil constitutionnel, ce n’était point pour une question de nombre de mandats, mais bien et uniquement de référendum qui devait consacrer la réduction de son mandat acquis en 2012 de 7 à 5 ans.

Ce qui laisse malgré tout entendre que son quitus pour un 3ème mandat est loin d’être acquis. Une candidature tout aussi loin d’être une certitude, malgré le mystère qu’il cherche à laisser planer depuis belle lurette. Et même les signaux émis par ses partisans, soutiens et ténors du parti qui semblent vouloir forcer sa candidature avec des meetings de soutien organisés ça et là, ne suffisent pas pour considérer qu’il se jettera dans la mare aux candidats.

En vérité, tous ceux qui se prononcent sur le sujet, dans le sens de l’accréditation de cette 3ème candidature, ne font finalement que dans la spéculation. Ils ne savent rien de ce qu’ils affirment. Une affaire de candidature qui semble en tout cas bien verrouillée.

Pour qui connaît les politiciens et leur capacité à exceller dans le camouflage et la diversion, surtout Macky Sall qui sait bien cacher son jeu, il y a des affirmations sur lesquelles, il serait bien hasardeux de se lancer.

Mais à la vérité, seul le dépôt de la candidature qui est l’acte juridique par excellence, est ce qui compte.

Les Sénégalais devraient pourtant avoir normalement appris que les paroles, surtout d’un homme politique, ne valent que pour ceux qui y croient ; que seule la vérité juridique demeure en réalité une vérité. Et d’ailleurs, malgré les nombreux cris d’orfraie, rien n’impose à Macky Sall de se prononcer sur sa candidature, si ce ne sont l’éthique et la morale.

Autres candidatures, celles de Karim Wade et Khalifa Sall. Ces deux-là, figurez-vous, sont toujours dans l’expectative, même si le premier a toujours déclaré opter pour une révision de procès dont il ne devrait toutefois entrevoir la possibilité que dans ses rêves. Sur le sujet, le ministre de la justice, Ismaïla Madior Fall a d’ailleurs cherché à parler de manifestation d’intérêt comme si cela figurait dans les textes, et comme si l’amnistie vise des hommes, alors qu’elle ne vise en réalité que des faits. Une posture qui relève de la surenchère politique pour ne pas dire d’un jeu de dupe. Toujours est-il que Karim Wade et Khalifa Sall ne sont toujours pas inscrits sur les listes électorales dont la clôture aura lieu le 6 mai prochain, sauf évidemment prolongation du délai. Ce qui veut dire qu’ils pourraient ne pas être éligibles s’ils ne sont pas électeurs. En effet, dans le dossier de candidature pour l’élection présidentielle, figure, entre autres, le numéro de la carte d’électeur du candidat (article L 120 du Code électoral).

Quid d’Ousmane Sonko ? Sa candidature est pour l’heure suspendue à ses deux procès et l’incertitude qui pèsent sur ses épaules. S’il a été sauvé in extremis par une décision aussi expéditive qu’inattendue dans le cadre d’un procès pour diffamation au cours duquel, il a écopé de 2 mois avec sursis et 200 millions de dommages et intérêts, l’appel du jugement dans cette affaire, nous ramène à la case départ, puisqu’une grande partie de l’opinion se pose toujours la question de son éligibilité ou pas, liée à une décision définitive de son procès.

Une autre candidature qui n’a toutefois rien à voir avec un quelconque lien juridique, c’est celle d’Idrissa Seck qui s’est lancé dans un compagnonnage récent avec Macky Sall. Il donne décidément l’impression de vouloir, à chaque fois, annoncer sa candidature avant de renoncer ou se raviser à la dernière minute. Il avait par exemple renvoyé sa dernière conférence de presse, après une entrevue avec Macky Sall. Habitué du clair-obscur, il a récemment usé du langage sportif comme pour nous dire qu’il nous mènera en coupe du monde après que Macky nous a fait gagner la coupe d’Afrique ! Dernier épisode en date, c’est l’éviction de la 2ème vice-présidence de Rewmi, de Yankhoba Diattara, alors que celui-ci avait soutenu la candidature de Macky Sall. Idrissa Seck a sans doute voulu, à travers cet acte lui faire comprendre que soutenir la candidature de Macky Sall en tant que 2ème vice-président du parti et ministre de surcroît issu du quota de son parti, pourrait être vu comme une onction de Rewmi à cette candidature, alors que son mentor de toujours n’a pas été au courant d'un tel soutien. Il faut dire que Yankhoba Diattara a souvent fait preuve de beaucoup de zèle et s'est souvent montré bien dithyrambique sur les qualités du président Sall.

La suite est connue, le ministre des sports a tenté de remettre sa démission à son mentor, dans une démarche pas si convaincante au fond qui relevait plutôt de la farce puisque manifestement Idrissa Seck n’était pas le bon interlocuteur. Toujours est-il que les angles ont fini par être arrondis entre les deux. Du moins provisoirement.

Mais au train où vont les choses, à moins que Macky Sall et Idrissa Seck ne soient dans une logique de nous divertir, l’ancien maire de Thies semble déterminé à être candidat. Une candidature qui pourrait ne pas être gênante même dans le cas où Macky Sall venait à être candidat. A titre de comparaison, la coalition Yewwi Askan Wi va présenter de nombreuses candidatures avec à la clef un soutien du candidat de Yaw le mieux placé en cas de second tour, pourquoi le même cas de figure ne pourrait pas s’appliquer à Benno ? Une bonne question.

Un jeu politique finalement si trouble que le parrainage, quoique imparfait et critiqué, devrait réguler. Trop de candidatures avec toutefois beaucoup d’incertitudes : Macky, Sonko, Khalifa, et Karim ! Du coup, certains partis ou coalitions, devraient songer à des plans B pour parer à toutes les éventualités.