NETTALI.COM - L’on dit souvent sous nos cieux qu’ «il ne faut pas passer la serpillère pendant qu’il pleut».  Le président de la République s'est résolu à réduire le désœuvrement des jeunes qu’il a enfin décidé d'écouter depuis qu’ils l’ont bien échaudé à travers cette révolte populaire.

Macky Sall doit en effet être plongé dans une grande introspection. Surtout quant à la manière de barrer la route à Ousmane Sonko et afin de ne pas rater le virage en direction de 2024. Bien seul, il l’est parce qu’on n’aura pas beaucoup vu ses troupes aller aux charbons. Mais à la vérité, il ne reste plus, à part quelques rares exceptions, que du menu fretin dans ses rangs. Beaucoup trop de personnes nommées à des postes, mais pour la plupart sans envergure, en plus d'un manque notoire d’étoffe pour constituer des boucliers et encore moins des conquérants.

Après la pluie, voici venu le beau temps. Les membres du camp présidentiel qui s'étaient terrés aux heures les plus chaudes, commencent à sortir des bois pour nous abreuver de raisons et d’explications qui n’intéressent pas grand monde. Seul Macky Sall qui  a désormais décidé de faire preuve d’humilité, capte l’attention. Tenez Cheikh Oumar Hanne par exemple, il n'a rien dit de bien intéressant que l'on peut se mettre sous la dent, en dehors du fait d’encenser le président et les Sénégalais qui auraient bien accueilli le discours du président. Il aura surtout cassé du sucre sur le dos d’Ousmane Sonko. A y regarder de près, il aurait mieux fait de se taire. Ousmane Sonko est un opposant et est dans son rôle, quelque offensive qu'ait pu être sa sortie. Il aura  choisi le timing à même de gêner le président qui s'est retrouvé du coup dans la posture de celui qui a réagi à son discours. La démocratie a besoin de cette opposition là, mais à condition qu'elle se manifeste de manière apaisée.

Tiens tiens, Boune Abdallah, il est réapparu comme par enchantement. Lui, c’est l’ex-Pm de Macky. Veut-il le redevenir ? D’aucuns ont vu dans sa sortie sur la RFM, un appel du pied, au moment où il se susurre que le président voudrait faire revenir le poste, même si rien n'est encore clair dans sa tête. Simple spéculation disent certains. Disparu des radars depuis son éviction, le voilà répondant à Eric Zemmour et défendant celui qu’il appelle son «patron». Il y a des gens pour toujours se mettre dans des postures serviles en pensant obtenir ce qu’ils veulent. Mais qu’il laisse d’abord à Macky Sall, le temps de digérer l'affront que lui a fait subir Sonko, malgré le génie politique que certains de ses conseillers se plaisent à théoriser. Ce génie politique qui aurait dû lui permettre de prévenir des situations comme celle-là. Désaveu bien lourd.

Le président, n'avait-il pas résumé la présence de Boun Abdallah, lors d’un fameux discours de fin d'année à un facteur de ralentissement dans le traitement des dossiers qui prenait du temps dans le sens aller comme retour ? Il était dans l'assistance quand il prononçait ces phrases assassines. De quoi rafraîchir la mémoire à ce cher Boun Abadallah quant aux raisons qui avaient conduit à sa mise à l’écart. Macky peut le reconduire s’il le souhaite. Mais des émules, Abdallah n’en avait pas beaucoup fait. Sinon on n'en serait pas là. A part être en accord avec tout ce que dit son patron. Ce qui n'a pas rendu rendu service à ce dernier. Quant aux pressions de Macron sur Macky qu’il a voulu démonter, vraies ou fausses, là n’est pas la question.

Il est certes établi qu’Eric Zemmour aime bien à exagérer les situations suivant ses thèmes aux relents généralement racistes et xénophobes, mais l'on voit mal Macron ne pas se préoccuper du sort des entreprises françaises, alors qu'elles étaient la cible d'attaques au moment des évènements. L’on imagine mal également le président français ne pas donner de conseil à Macky Sall. Dans le sens pression ou juste sages conseils ? Peu importe. Mais ce dont on est sûrs en revanche, c’est que le vrai « mbourook soow », c’est Macky-Macron. Certainement pas Macky-Idy qui est le seul d'ailleurs à le croire. Il a bien raté l’occasion de se taire, celui-là. Il est vrai que son nouveau rôle d'encenseur public lui sied bien. Mais qu’est-ce qu’il ne cesse de s’enfoncer ce cher Idy. Il doit bien y avoir du miel et un océan de délices dans la position d’homme de pouvoir pour que ces épicuriens de la trempe de l'ancien maire de Thies, ne veuillent jamais la quitter. Que des gens en arrivent à se ridiculiser à un certain point !

La pandémie a décidément bon dos. On veut lui faire porter tous les chapeaux, alors que la vague d’émigration des jeunes sans perspective, a commencé bien avant. Qu’on ne s’y trompe point, la politique d’emploi n’a jamais été efficace au Sénégal. Non pas uniquement sous l’ère Macky, mais également sous Wade et Diouf. L'histoire du FNPJ, de l'ANEJ et de l'OFEJBAN est fraîche dans les mémoires avec ces politiques d’emploi des jeunes qui n’ont jamais rien donné, lorsque les fonds alloués ne font tout simplement pas l’objet d’un détournement d’objectifs. L'opération dédiée aux maîtrisards chômeurs sous Diouf, est également passée par là. Mais Macky veut changer cela. « Outre les emplois salariés et les recrutements importants prévus dans plusieurs secteurs, ce sont 350 milliards F CFA, au moins qui seront mobilisés pour le financement des jeunes et des femmes », sur la période 2021- 2023. Ces ressources publiques exceptionnelles vont financer, si on en croit le communiqué du conseil des ministres de ce mercredi 10 mars,  la première phase de la mise en œuvre du Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes, à raison de 150 milliards pour l’année 2021, 100 milliards pour 2022 et 100 autres milliards pour 2023.

Mais le hic c’est qu’il veut aller vite. Avec l’accentuation de la mobilisation générale pour accélérer la réalisation des 45 centres départementaux de formation professionnelle et des 45 maisons de la Jeunesse et de la Citoyenneté. Projets à propos desquels, il espère discuter avec les jeunes lors du premier Conseil national pour l’insertion et l’emploi des jeunes dont il a demandé aux ministres de l’Emploi et de la Jeunesse, en relation avec celui des Finances et du Budget et les autres ministres concernés, de préparer minutieusement la tenue, au plus tard le 10 avril 2021. D’ici là, le président de la République recevra, prochainement, des représentants d’organisations de jeunes et de mouvements de jeunesse.

350 milliards et une batterie de mesures, c’est bien. Mais, faut-il faire les choses dans la précipitation sous le seul prétexte de prouver qu’on a entendu la jeunesse ? Une sorte de course contre 2024 est engagée. Il convient d’abord de mettre de l’ordre dans ces institutions redondantes dédiées à l’emploi des jeunes et confier l’affaire à une seule instance, de manière à en faire un instrument d'appui efficace pour le bénéfice des jeunes, mais surtout cohérent et logique. Au-delà, il faut une stratégie claire qui dépasse le seul cadre du moment. Le problème est plus profond qu’il ne paraît. Il passe aussi par le système d'enseignement, la formation continue comme professionnelle, les questions d'orientation et surtout l'enseignement supérieur et les étapes intermédiaires entre le secondaire et le supérieur. Il aurait peut-être fallu changer de paradigmes. Réfléchir à nouveau au système d’enseignement et de formation. Peut-être, est-ce trop tard ?

On n’est en tout cas pas sortis de l'auberge avec ces jeunes fort nombreux. Les Sénégalais n'imaginaient peut-être pas qu’ils l’étaient à ce point. L’on a en effet vu des hordes de jeunes aller à l'assaut des rues, semant le désordre et le chaos et des forces de sécurité débordées de toutes parts. Mais pour l’heure, attendons de voir les  réorientations budgétaires en train d’être étudiées pour constater les nouvelles options du gouvernement.

L'opposition, elle, se projette dans le futur et tente de reprendre du poils de la bête, requinqué par la prouesse du leader de Pastef. Elle surfe sur l'élan populaire et ses débris pour se donner un peu plus de consistance, malgré l’opposition de Birahim Seck qui ne trouve pas de sens à ses manifestations. Le Mouvement pour la Défense de la Démocratie (M2D) a dû reporter sa manif de ce samedi 13 mars à la demande de Serigne Mountakha. Toujours est-il que d’autres membres de la société civile, bien utiles à la société, ont été dans le rôle où on les attendait. Ils ont aidé à jouer la carte de l'apaisement. Cheikh Tidiane Dièye, Alioune Tine, les familles religieuses ainsi que de bonnes volontés telles que Moustapha Diakhaté, ont fait le reste. Preuve que les marabouts sont les régulateurs et les remparts de toujours puisqu'ils ont sauvé la mise à Macky et les Sénégalais contre le chaos.

Les journalistes eux sont très remontés et ne veulent plus du Cnra. A travers les associations de la presse du Sénégal regroupées au sein de la CAP (Coordination des associations de presse), ils ont demandé sa dissolution et la mise en place de la « Haute autorité de régulation de la communication audiovisuelle » (HARCA), nouvel organe de régulation dont le projet de loi est disponible depuis des lustres. Bamba Kassé du Synpics est même d’avis que la réponse des médias aurait dû être de couper leur signal, ne serait-ce que de manière symbolique. Serigne Saliou Guèye n’en pense pas moins, lui qui a trouvé bien molle la posture de ses collègues. La presse en a aussi après le préfet de Dakar qui a fait preuve de zèle en demandant à ce que les journalistes soient gazés. Et pas seulement, ils en ont aussi assez des séries d’agressions manifestes, des tentatives de musellement et d’intimidations. La Cap a dans la foulée demandé à ce que la nouvelle loi sur la publicité et sur le financement du service public de l’audiovisuel soit votée de manière à ce que cela puisse assurer aux médias des ressources commerciales conséquentes, traçables et équitables.

Sacré capitaine Touré, après sa tournée médiatique, il ne s’est pas attiré beaucoup de sympathie avec ses sorties. Thierno Alassane Sall l’a sermonné et déploré son attitude, quand l’ex-ministre fait remarquer : « L’honneur d’un officier n’est pas dans la désertion devant le péril, se terrer puis se répandre en rumeurs. L’honneur de tout serviteur de l’Etat est de dire non, là où il faut, sans faux-fuyants.’’ “Le discrédit de la seule institution encore debout, l’armée, serait la ruine de notre nation.’’,  lui a dit celui-ci. Il écope pour le moment de 45 jours dans un cantonnement de la gendarmerie.

Excroissances des évènements récents, le feuilleton Sonko-Adji Sarr n’a pas encore connu son épilogue. Me Dior Diagne a porté plainte contre les avocats Bamba Cissé et Papa Samba So auprès du Bâtonnier de l’ordre des avocats du Sénégal pour « manquements aux règles de la profession d’avocat ».  Elle dénonce des accusations « infondées » contre elle dans l’affaire Adji Sarr/Ousmane Sonko, surtout avec le transfert d’un message brandi par les avocats du leader de Pastef comme une preuve que l’affaire serait un complot qui émanerait de Me Diagne.

Me El Hadji Diouf en a toujours après Sonko qu’il poursuit en justice pour tentative d’assassinat, après l’incendie et le saccage de sa maison. Et c’est Barthélémy Dias qui mouille le Parti socialiste dans le recrutement des nervis durant les évènements, là où Ali Mané lui sert une citation directe, suite à ses accusations. Le Parti socialiste qui a reçu sa part de saccages lors des évènements, son siège ayant été mis à sac. De quoi les pousser à eux aussi servir une plainte. Contre qui ? C’est la question.