NETTALI.COM- Un père de famille a été attrait à la barre des flagrants délits de Dakar pour avoir exercé pendant cinq ans, des sévices corporels sur ses deux enfants mineurs, comme s’il voulait les marquer au fer rouge.

 Pendant cinq ans, Alfred Ousseynou Cissokho a maltraité sa fille et son fils mineurs. Ce père de huit enfants, ne pouvait pas supporter l’attitude des victimes. Il reprochait à la fille de faire l’école buissonnière et de fuguer. Quant au garçon, il errait dans les quartiers de Parcelles assainies. Ainsi, en voulant les ramener sur le droit chemin, le sieur Cissokho a utilisé les moyens forts en leur infligeant des sévices corporels. Ses actes l’ont conduit en prison et ce mardi 8 juin 2021, il comparaissait à la barre des flagrants délits de Dakar pour coups et blessures volontaires et menace de mort.

Selon les éléments discutés à la barre, le prévenu corrigeait ses enfants avec un fil électrique. Pire, il est allé même jusqu'à brûler les lèvres et les joues de sa fille,  avec un couteau qu'il a au préalable rougi sur le feu.

Le calvaire a duré cinq ans et les victimes n’ont dû leur salut qu’à leur oncle, venu récemment vivre chez eux. N’en pouvant plus d'entendre les pleurs de détresse de son neveu et de sa nièce, il a saisi la brigade des mœurs avant que l'irréparable ne se produise. Surtout que dit-il, son frère l’a menacé avec une machette.

Cependant, face aux juges, les deux enfants ont décrit leur calvaire. « Je fugue souvent et j’ignore les raisons. Je lui en ai parlé, mais il n’a pas voulu me croire. L’autre fois, j'ai fugué pendant 15 jours et lorsque je suis revenue, il m'a demandé là où j'étais. Ainsi, il s'est mis à me battre et m'a dit que si je ne pleurais pas, il n'allait pas me laisser. Il a réchauffé un couteau qu'il a posé sur ma joue et mes lèvres », raconte-t-elle. Et de poursuivre tout en pleurs : « un jour, lorsqu'il me battait, il m'a déshabillée toute nue devant mon petit-frère ».

Son frère a aussi fait état de sévices mais moindres par rapport à elle. « Il me battait tout simplement », a confié le garçon en soulevant son boubou pour montrer les traces de blessures.

Joseph Cissokho a conforté ses neveux. « Cela fait 5 ans que maman lui demande d'arrêter les maltraitances qu'il fait subir à ses enfants mais, il n’a pas obéi. Il les bat sauvagement avec des fils électriques », a-t-il témoigné. Il a déclaré que son frère l’a menacé avec une grosse machette en l’accusant d’avoir séquestré sa fille. Celle-ci avait fugué et était venue chez son oncle.

Alfred Ousseynou Cissokho qui a contesté la menace, a tenté de se justifier pour peindre sa fille de « rebelle ». « Ce sont mes enfants et s'ils font des choses anormales, je les punis mais, pas de manière abusive. J'ai porté des coups sur eux et j'avoue que je me suis emporté. Figurez-vous, en pleine année scolaire on m'appelle pour me dire que ma fille a été expulsée et qu'elle ne sera plus reprise à l'école. Cela s’est répété et j'ai honte de dire dans le quartier que ma fille s'absente de la maison », argue le père de famille.

Toutefois, il a reconnu les sévices corporels sur sa fille uniquement. « Je reconnais les faits. C'est un couteau que j'ai réchauffé avant de le poser sur les lèvres de ma fille. J'avoue que c'est vrai. Je me suis emporté et je m'excuse », confesse-t-il. Et à propos de son fils, il dira: « Pour M. P. Cissokho, je n’en suis pas arrivé à ce degré de maltraitance ».

Etant donné qu’il semblait minimiser les faits, le substitut du procureur lui a montré des images attestant des sévices sur les joues, le dos, les mains et les lèvres de sa fille.  Et quand le président lui a demandé les raisons de son acte, le père a déclaré avoir agi en désespoir de cause. « Je ne savais pas qu'il y avait la police des mœurs pour m'aider. Il n’y avait aucune intention criminelle mais je voulais juste les amener sur le droit chemin », dit-il avant de faire son mea culpa. « J'ai bien compris que je dois les attirer vers moi et privilégier la discussion. Je veux juste une seconde chance. Elle n'a que 16 ans ma fille et elle me dit qu'elle ne veut plus vivre dans le cocon familial. Je suis l'auteur de tous ces sévices. En voulant bien faire, je risque de sacrifier les autres », déclare le prévenu.

Malgré son mea culpa, le parquetier l’a bien savonné en lui faisant comprendre qu’il pouvait même ôter la vie à ses enfants par ses agissements. Il a requis l’application de la loi, de même que le conseil de la défense qui s’inquiète du sort des enfants privés de leur père. L’oncle aussi n’a pas réclamé de dommages.

Le jugement sera rendu le 15 juin prochain.