NETTALI.COM - Macky en veut-il toujours à Boubacar Sèye ? Cherchait-il à la face du monde à démentir, en présence d’un membre de l’Union européenne, les allégations du patron de « Horizon sans frontières ». Le séjour en prison de Sèye pour diffusion de fausses nouvelles, ne doit manifestement pas lui avoir suffi. La visite du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, lui a servi plus que de prétexte pour remettre une couche sur cette histoire et régler définitivement ses comptes.

C’était aussi pour lui, une bonne transition saisie au passage pour commenter l’accord trouvé entre l'Espagne et le Sénégal avec entre autres, la question de l'émigration clandestine et du terrorisme. Les allégations de Boubacar Sèye, le président de l’ONG Horizon sans frontières, au sujet des fonds supposés de l’Union européenne, il les a battues en brèche. Alors que la question était posée au Premier ministre espagnol, Macky Sall répond à la place de ce dernier : « C’est une affabulation. C’était de la mauvaise information qui a été distillée, de la désinformation contre l’Etat du Sénégal. D’abord, le fonctionnement d’un État ne se passe pas comme on le croit. Croyez-vous que l’UE va mettre des centaines de millions d’euros à la disposition du gouvernement du Sénégal qui va dissimuler ça et qui va détourner ces ressources, c’est totalement irresponsable. Monsieur Sèye est sorti, c’est un citoyen qui m’a appelé par la suite, je crois qu’il a été trompé de bonne foi ».

Le président de l’ONG Horizon sans frontières, arrêté le 15 janvier pour des propos sur l’utilisation des fonds alloués par l’Union européenne au Sénégal pour lutter contre l’émigration clandestine avait ainsi déclaré : « Les naufrages se succèdent et se répètent. Plus de 150 personnes sont mortes en mer au Sénégal récemment. C’est une honte pour notre pays. L’Union européenne a injecté 180 millions d’Euros (118 milliards de Fcfa) contre l’émigration clandestine. Mais ces fonds injectés n’ont pas servi aux ayants droit, et sont partagés par le gouvernement. »

Boubacar Sèye n’attendra pas longtemps pour répondre à Macky Sall. « Le problème c’est de savoir si le Président est bien informé. J’ai pas écrit au président de la République. Peut-être qu’il s’est trompé de personne. Mais moi, Boubacar Seye, je n’ai adressé aucun courrier au président de la République », a déclaré le président de HSF sur la Tfm.

Une fois passée la polémique, c’est le moment de l’entente. Elle a été trouvée entre l’Espagne et le Sénégal sur la question de la gestion des flux migratoires. Une manière de lutter contre l'émigration irrégulière. La convention porte ainsi sur une « migration circulaire » qui dit, selon le Président Sall, que le Sénégal peut organiser des départs saisonniers, puisque l’Espagne a besoin de main-d’œuvre. «Pour organiser cette main-d’œuvre, une task-force sera mise en place et regroupera les ministères de l’Intérieur, de la Jeunesse, des Affaires étrangères et de l’Agriculture, pour la sélection, sur la base du cahier de charges, des jeunes candidats volontaires pour une période. Après la saison, ils reviennent et nous verrons comment, à leur retour, nous leur donnerons des perspectives de travail», explique-t-il.

Une convention qui vient huiler un peu plus la machine de l’emploi version Macky Sall, même si la question des 65 000 emplois et ces 450 milliards dont 150 milliards pour 2021,  suscitent toujours la curiosité d’économistes qui s’interrogent sur la question des réorientations budgétaires. Ceux-là prédisent tout simplement des secteurs qui risquent de connaître subitement une crise, estimant que ce n’est pas avec le budget qu’on crée de l’emploi. Ils préconisent également l’audit des organismes dédiés à l’emploi et dont ils demandent en même temps leur fusion pour plus de cohérence et d’efficacité.

Il est bien tenance, notre cher président. Il cherche encore à rebondir et à reprendre la main, ainsi que l'attestent ces mobilisations tous azimuts à coup de plusieurs millions et ces actes qu’il pose dans un contexte où les Sénégalais tirent le diable par la queue. Macky Sall ne veut surtout pas passer cette affaire de violences avec morts d’hommes, par pertes et profits. Il veut que la lumière soit faite sur les 13 morts et 590 blessés, ainsi que l’a annoncé le ministre des Forces Armées Sidiki Kaba qui faisait face à la presse ce jeudi 8 avril 2021. Celui-ci a en effet annoncé la mise en place d’une commission d’enquête indépendante et libre. A en croire Sidiki Kaba, l’opposition et la société civile ont fait endosser à l’Etat du Sénégal, toute la responsabilité relative à ces évènements qui ont occasionné des pertes en vies humaines et beaucoup de dégâts matériels. Ce qui, à son avis, serait injuste.

Une commission d'enquête que le Mouvement pour la défense de la démocratie (M2D) qui a pris acte de la décision, juge toutefois suspecte. Elle veut ainsi rester vigilante sur « les modalités de mise en place, la composition et les TDR de cette commission dite indépendante, puisqu’il est constant que, sous nos cieux, de telles commissions ne sont souvent créées que pour ensevelir la vérité et charger des cibles désignées ». Dans son mémorandum, souligne le M2D, le gouvernement a conclu son réquisitoire par la désignation d’un coupable qui n’est autre qu’Ousmane Sonko. « Quelle pertinence de mettre en place une commission d’enquête, dès lors que l’initiateur, partie à l’affaire, a déjà « jugé » et « condamné ? »’. Une décision qui risque encore de soulever de nouvelles polémiques et éventuellement d’autres problèmes.

Les manifestations violentes et un décryptage du message des jeunes par Macky Sall, ont ressuscité la lutte avec une affiche Eumeu Sène-Lac de Guiers, loin de tenir ses promesses. Un rendez tellement insipide, ennuyeux, bref un non combat qui a beaucoup déçu l’organisateur qui, le mercredi suivant, a posé pied dans la politique pour dire tout le mal qu’il pense des adversaires de Macky Sall, notamment Guy Marius Sagna, Ousmane Sonko, etc. Sacré Gaston, un vrai rouleau compresseur ! Quand il s’y met. Il pense même que ceux qui prônent la suppression du haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), dirigé par sa sœur Aminata Mbengue Ndiaye, « sont tout simplement méchants ». « S’ils avaient été nommés, ils n’auraient pas demandé la suppression du Hcct », a ajouté le promoteur. Une conception du pouvoir comme instrument de jouissance. De quoi s’étrangler !

Le feuilleton Madiambal et Teliko lui, continue. Et au fur et à mesure que l’on avance, l’on se rend compte qu’il n’y a pas vraiment pas de quoi fouetter un chat. Il n’est en réalité aucunement question d’un détournement. Le dossier aurait eu une tournure pénale et disciplinaire si cela avait été le cas. Il ne s’agit en réalité que d’un problème de coordination avec des juges baladés entre l’hôtel de l’Union européenne et celui du gouvernement tchadien pour des raisons de sécurité et contre qui Déby a voulu se venger parce qu’ils ont fait leur travail en le déboutant d’une constitution de partie civile dans l’affaire Habré. Au-delà, une affaire qui sonne comme un règlement de comptes, eu égard à la posture de Téliko, combattant acharné de l’indépendance de la justice. Il n’en est en réalité, en tant que président de l’Union des Magistrats du Sénégal, que le porte-étendard. L’écarter ou tenter de le discréditer, n’éteint pas pour autant le combat légitime que mène l’Ums. Reconduit de manière consécutive à la tête de l’organisation, ses pairs lui font confiance et savent que son intégrité ne souffre d’aucune contestation. L’affaire des frais de mission, est manifestement un  non évènement.

C’est le temps de la réponse à Madiambal Diagne. Et c’est Assome Diatta, ministre du Commerce qui décoche quelques flèches. Mais du deux en un peu voilé puisque la ministre a par la même occasion égratigné Ousmane Sonko. « Je ne réponds pas aux attaques, en général. Concernant l’affaire Adji Sarr-Sonko, j’ai dit à mes camarades de parti que ma loyauté est totale envers le président de la République. Que, pour moi, un engagement doit être sincère. Toutefois, je ne peux adopter certaines postures, quand je sais que je créerai plus de problèmes au Président que je ne lui apporterai de solutions. L’affaire Adji Sarr a déjà mis à terre Sonko, donc, je ne voulais pas être celle qui lui porte le coup de grâce. Comme le président de la République Macky Sall, je crois que la politique peut s’accommoder de l’éthique. Attaquer Sonko, à ce moment, aurait été comme tirer sur une ambulance. Je veux gagner sur le terrain politique à la loyale », a déclaré la ministre

Sur la question ethnique en toile de fond, Assome Diatta est toutefois d’avis que « si nous voulons conduire notre pays vers l’émergence, nous devons mettre l’accent non pas sur l’appartenance ethnique, régionale, religieuse ou professionnelle, mais plutôt sur la compétence ». « Pour moi, c’est un sacerdoce », dira-t-elle. « Le meilleur soutien à Sonko » serait de démissionner de l’Apr, quitter son poste de ministre et aller prendre la carte de Pastef. Ironique, elle poursuit : « Et entre Diolas, on ferait le bonheur du Sénégal ». Celle-ci de marteler : « Ce Sénégal ethnique qui ferait fi des compétences des uns et des autres ; de notre richesse qu’est la diversité ethnique et culturelle, je n’en veux pas. Celui qui m’a choisie n’est pas Diola. Sonko est notre adversaire politique. Nous ne partageons pas la même vision politique et nous ne faisons pas la politique de la même manière. A chaque fois qu’il attaque le président de la République, le gouvernement auquel j’appartiens où qu’il utilise la Casamance dans son discours, je me sens atteinte et meurtrie ».

Il était déjà connu et les derniers évènements connexes à l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko l’avaient davantage mis sous le feu des projecteurs. Il est hélas décédé. On parle évidemment du doyen des juges d’instruction, Samba Sall qui a tiré sa révérence. Un décès qui n’est en tout cas pas passé inaperçu puisqu’il a charrié un torrent d’hommages. A commencer par le chef de l’Etat, des acteurs politiques de toutes les obédiences et des praticiens du droit qui ont salué les hautes qualités humaines et professionnelles du défunt. Le Conseil de l’Ordre des avocats du Sénégal a tenu à exprimer son « immense tristesse », tout en s’inclinant « devant la mémoire de ce magistrat qui a d’abord été avocat et présente ses condoléances émues tant à sa famille, aux acteurs de la justice qu’à la Nation sénégalaise tout entière ». De Ziguinchor où il apprit la nouvelle, Guy Marius Sagna à qui ce juge avait eu à décerner trois (3) mandats de dépôt, est revenu sur ses relations avec le défunt. C’est pour dire qu’il n’est « ni content, ni rancunier, ni soulagé par son rappel à Dieu. » avant d’ajouter : «  J’imagine la douleur de sa famille ».