NETTALI.COM - Et si Macky Sall endormait les Sénégalais ? Il a fait savoir à qui voulait l’entendre qu’il a compris le message des jeunes. Mais à bien lire ce qui se déroule sous nos yeux, il y a bien lieu d'en douter. Les seuls signaux perceptibles de sa part, sont des réponses politiciennes. Entre un Abdoulaye Daouda Diallo et Cheikh Oumar Hann qui ont fait une mobilisation monstre à Podor, un Farba Ngom à Matam et un Mame Boye Diao à Kolda, il y a de quoi s'interroger sur ce que décryptent les politiciens des messages des populations !

C’est comme si en effet leur seul baromètre pour se donner bonne conscience d’être toujours dans le coup, c’est de mobiliser à coups de plusieurs dizaines de millions. Ils ne se doutent certainement pas que ces foules-là étaient les mêmes que sous Wade. Elles changent de t-shirt et de casquettes à longueur d'alternance dans des patelins où n'importe quel événement draine du monde par déficit d'activités dignes de ce nom. Même le « Fouta ko tampi » ("Le Fouta est fatigué") les laisse de marbre. Ils ne veulent voir que ce dont ils ont envie et parlent à l’envi de « titre foncier » de Macky Sall. Comme quoi au pays des borgnes…

Au-delà de tout cet activisme, il y a un enjeu de taille qui est de montrer que tous ces jeunes qui étaient sortis dans la rue, ne l’étaient pas uniquement pour les beaux yeux de Ousmane Sonko, mais plutôt parce que beaucoup d'entre eux sont mécontents de leur sort. Que l’on ne s’étonne guère que Macky fasse un de ces jours, une tournée économique, question de parader et de montrer qu’il est toujours adulé et aimé. Ah le roi de l’arithmétique ! Pardon de l’addition des foules, mouvements de soutien et partis de soutien, y compris même les partis cabines téléphoniques. Les Sénégalais auront au moins appris une chose que Macky Sall craint les mouvements de foule. Certains dans ses rangs croient simplement qu’ils ont été surpris ! Il n y a en réalité pur aveugle que celui qui ne veut point voir le ciel !

La mesure de l’état désastreux de l'économie, ils ne l’ont malheureusement pas bien prise. Ils préfèrent desserrer l’étau social en laissant organiser des combats de lutte par ce vieux promoteur de Gaston qui avait pourtant affirmé avoir abandonné l’arène parce qu’il ne faisait plus que venir au secours de lutteurs en panne de perspectives. Il avait cédé la place à Aziz Ndiaye, Pape Abdou Fall et autres. La dèche est entre temps passée par là, et depuis, notre cher Lougatois qui est passé maître dans l’art de la défense du président Sall, renaît peu à peu de ses cendres. C’est à croire que le peuple ne pense qu’à s’amuser. Un combat de lutte d’ailleurs pas si opportun que cela au fond, Covid oblige. Il y a longtemps qu’on l’a oubliée celle-là. La pandémie. L'on préfère en effet , malgré le danger couru, calmer ces jeunes qui ont récemment pris le pouvoir, en échaudant Macky au passage, avec du jeu. Les distraire en d'autres termes.

Même cette affaire d'emploi des jeunes dont on sait que la solution est loin de ce qu’ils promeuvent, ils veulent en faire un évènement pour lui donner un cachet un peu plus populaire. Pardon populiste ! Mais il est hélas un chantier plus important qu’il ne paraît. L’apprécie-t-on réellement à sa juste valeur ? Comment confier un secteur aussi stratégique que l’industrie et censée générer de l’emploi, a-t-il pu être confié à Moustapha Diop ? Le président Sall veut se concentrer sur le numérique, mais il y a longtemps qu’il aurait dû le faire. L'on ne peut de toute façon continuer à encourager cet enseignement fondé sur la massification dans les universités ; ni ne pas se préoccuper des profils intermédiaires, c'est à dire cette frange de jeunes entre le Secondaire et le Supérieur à travers les filières professionnelles ; ni ne pas sortir de cette formation aux métiers dans la rue ; et encore moins ne pas casser cette dynamique de l’informel qui fait échapper encore beaucoup de Sénégalais à l’impôt, sans toutefois être pros dans leurs métiers. C'est à la fois la politique de la formation et de l'enseignement qui, combinée parce que liée, qui doit faire l'objet d’une réflexion pour espérer en tirer quelque chose de fructueux.

Macky Sall doit en tout cas être plongé par ces temps qui courent, dans une grande introspection. 2024 n’est ni très loin, ni très proche, et il va falloir appliquer un remède de cheval à l'économie, de manière à la booster. Ce qui signifie en d’autres termes, appliquer une cure d'amaigrissement à ce gouvernement pléthorique, sans réelle efficacité et où d’aucuns ont si peu d’envergure. Le Sénégal regorge de compétences et difficile de ne pas trouver; A condition de chercher là où il faut. Le personnel politique a besoin de renouvellement auprès du président et ce n’est pas un Idrissa Seck ou un Oumar Sarr qui peuvent en être les bons leviers, bien émoussés qu’ils sont. Faire du neuf avec du vieux, un projet ô combien difficile et risqué ! Les communicants du gouvernement sont soit inaudibles ou entraînent un effet répulsif. Que Macky ouvre les yeux et sache qu’il doit opérer des ruptures, mettre un coup de pied dans la fourmilière ! Pourquoi devrait-il continuer à s'encombrer de conseillers aussi opportunistes, connus presque sous tous les régimes passés ? Tels ces transhumants politiques invétérés ! Ce sont ceux-là qui le perdent en le lançant sur des terrains et des projets bien aventureux. Mahmout Saleh, est-il vraiment ce stratège que l’on décrit ? Macky ne serait pas arrivé à ce résultat ? Et sa fameuse task force où était-elle ? Tous ceux qui s’étaient terrés, commencent à sortir des bois. Le président aurait même pu dissoudre le Hcct et le Cese. Mais la vérité est qu’il n’osera pas, trop englué qu’il est dans ses réflexes et calculs politiciens.

C’est Aliou Cissé qui continue à nous faire pousser des cheveux blancs. Plus le temps passe plus il prouve qu’il est nul avec ses matches nuls qu’il aligne, à force de changements de systèmes. Que ceux qui l'encensent parce qu’il a qualifié le Sénégal à une finale qu’on aurait d’ailleurs dû gagner, sachent que le Sénégal n’était pas à sa première. Que ceux qui l'encensent parce qu’il nous aurait qualifié à une coupe du monde, se détrompent également. Feu Bruno Metsu nous avait propulsés en quarts de finale, alors qu'avec lui, l’on n’est pas sortis du 1er tour. Le destin d’un entraîneur ne peut se résoudre à toujours essayer des joueurs et des systèmes. C’est le signe d’un amateur qui se cherche et qui continuera à se chercher, hanté par le souci de la défense pour le défenseur moyen qu’il a toujours été. Cela fait quand même 6 ans qu’il est à la tête de l’équipe nationale. Mais, à trop vouloir garder un Sénégalais à la tête et à continuer à avaler des couleuvres, l’on ne voit pas où peut mener une telle idée du patriotisme ?

C’est notre 61 éme anniversaire d’indépendance et l’on ne peut pas ne pas se demander ce qu’on en a fait ? Et le meilleur baromètre, c’est certainement l’état de l’économie et quels en sont les acteurs majeurs. La place bancaire est dominée par des entreprises marocaines et des françaises, des nigérianes, ivoiriennes, burkinabées et les miettes aux sénégalaises. Dans les autres secteurs, l’on assiste à une présence accrue des Français, des Turcs, des Chinois et des Indiens. De quoi s’interroger sur le projet économique de ce pays où des pans entiers de l’immobilier, de l’agriculture, de l’industrie, de l’énergie, de l’agroalimentaire, de l’activité portuaire, de la grande distribution, etc sont concentrés entre les mains d’étrangers.

Le cas le plus ahurissant est sans doute Eiffage. Et malgré la récente sortie de Mansour Faye, ministre des Infrastructures pour crier victoire, l’on se rend bien compte que le Sénégal, dans la révision de son contrat avec la société française, n’a réellement gagné que sur les redevances foncières où il passe de 1000 F à 800 millions de francs par an. Il aurait peut-être pu gagner plus. Le contrat est certes revu, mais Eiffage aura réussi la prouesse de gagner 5 ans de plus dans la concession en gardant les tarifs intacts et en récupérant 10 milliards du Sénégal comme participation et qui a investi près de 60% du coût total du projet. Il convient aussi de relever que des baisses de tarifs avaient été opérés sur des tronçons moins fréquentés à savoir la sortie de Sébikotane dont le tarif est passé de 800 Fcfa 500 F et le péage de Toglou, de 1600 F à 600 F. Une sorte de saupoudrage, une fausse baisse, car pour dire la vérité, Eiffage ne gagnait pas grand-chose sur ces tronçons. Surtout que les prévisions de trafic sur le tronçon Dakar-Rufisque ont augmenté de 35%. De quoi se frotter les mains pour les Français ! Super.

La politique elle a repris ses droits et l'opposition majoritaire dans le dialogue politique a quitté la table des négociations pour cause de désaccord sur le report des élections locales. Si Macky Sall a décidé de les organiser en février 2022, l’opposition propose elle un report en décembre 2021. De quoi se demander où nous mèneront les politiques. Deux mois de différence, pas vraiment de quoi fouetter un chat ! Ils sont en train de se chamailler, tels des enfants dans une cour de récréation. Sacrés politiciens, ils ont réussi à rester les maîtres du jeu, alors qu’ils nous doivent tous leur fromage. Tous ces maires qui nous tympanisent, sont dans l’illégalité manifeste. Ah le peuple, il se fait avoir à tous les coups.