NETTALI.COM - Une montée en puissance dans la dénégation, c’est ce qu’on a noté dans le camp de « Benno Bokk Yaakaar ». Tels les lions dans cette Can où ils montent en puissance quoique timidement, en envoyant des rugissements qui ne font pour l'instant pas trop peur. Ils gagneraient à être plus forts s’ils veulent encore rester dans la forêt camerounaise.

C'est d'abord Seydou Guèye et El Hadji Kasse qui nous apprennent que la coalition Benno Bokk Yaakaar gagne massivement ces élections sur la base de 32 départements sur 43 départements conquis, 32 ont été gagnés par la coalition et que les tendances dans 7 autres départements leur sont largement favorables. Soit un total de 39 départements sur les 43 ». Ils ont aussi expliqué que 10 capitales régionales ont été gagnées par « Benno Bokk Yaakaar en ayant perdu 4 sur 14 régions que compte le Sénégal dont Dakar, Ziguinchor, Kaolack et Diourbel».

Sauf qu’ils semblent ignorer que si on prend le cas de Dakar, l’opposition a remporté les élections locales dans 15 des 19 communes du département. Même des localités qui étaient contrôlées par la coalition présidentielle, notamment Yoff où Abdoulaye Diouf Sarr a été battu et les Parcelles assainies, fief de Moussa Sy, Amadou Ba et Mbaye Ndiaye, ont été raflées par l’opposition. «Yewi Askan Wi» va en effet, contrôler les mairies de Yoff, de Grand-Yoff, des Parcelles Assainies, de Ngor, de Dieuppeul-Derklé, de Sicap-Liberté, de la Patte d’Oie, de Hann-Bel Air, de Mermoz Sacré-Cœur, Fann-Amitié-Point E, Fass-Colobane-Gueule Tapée, et des HLM. La coalition de la majorité présidentielle a dominé ses adversaires à Cambérène, à Dakar-Plateau, à Grand-Dakar  et à Gorée.

Suivant une certaine explication, Benno aurait même remporté la compétition dans le contexte d'une élection présidentielle. Bref tout y passe dans la communication, rien que pour dire que l’opposition et certains observateurs ont une mauvaise lecture des résultats.

Dans le camp de BBY, l’on semble oublier que dans ces locales, il y a des votes locaux qui sont justifiés par un contexte local. Mais au fond, ces deux-là, Kassé et Guèye, ne se trompent pas dans une certaine mesure en considérant les résultats dans un contexte présidentiel, surtout au regard de l’implication et de l'investissement sans bornes de leur patron Macky Sall avec ses tournées économiques et inaugurations bien calibrées à la dernière minute. Tel le lancement du fameux TER, l’inauguration de la mosquée de Fatick et d’autres actes posés. Une manière d'apparaître et de soutenir ses troupes à un moment où les locales ont fini d’être considérées comme l’antichambre de la présidentielle de 2024. Il y a, en plus, les choix qu'il a lui-même opérés, les listes parallèles qu'il a bénies. Ces actes ne s’inscrivaient-ils pas dans une volonté de rafler le maximum de voix, de communes puis de départements. Bref Macky Sall a été l'absent le plus présent de ces élections locales.

Puis ce fut le tour de ce ministre bien trop bavard qu’est Abdoulaye Sow, de  sortir la même rengaine. L'inévitable Mahawa Diouf qui aime bien se pavaner sur les plateaux-télés pour tourner et retourner ses phrases, toujours enfermé dans une opération de charme et de séduction ! D’on ne sait qui d'ailleurs ? On aimerait bien savoir. Dans un discours d'une grande vacuité, il a servi la même sauce.

Bref c'est ce qu'on appelle des éléments de langage, une expression bien chère aux politiciens pour ne pas dire des phrases toutes faites qu'on leur a demandé de répéter à l’envi dans le seul but de vendre une victoire de Benno dans l’opinion, en misant sur le nombre de départements gagnés.

Et ce fut finalement la sortie du grand manitou pour synthétiser tout ce qui a été dit. D'ailleurs, ce cher Macky a profité d'une audience avec l'Association des imams et oulémas du Sénégal, ce jeudi 27 janvier pour régler un compte de campagne notamment sur la question de dépénalisation de l'homosexualité et faire savoir devant ses invités que des rumeurs lui ont prêté durant la campagne électorale, d'être sur le point de dépénaliser l'homosexualité. Celui-ci n'a d’ailleurs pas  hésité à dire qu’on cherche à le mettre en mal avec ses visiteurs, estimant avoir déjà suffisamment clarifié ses positions face à  Barack Obama, au Premier ministre canadien, Justin Trudeau, et devant l'Union européenne.

Macky Sall  a, en effet, expliqué que la même majorité qui le maintient au pouvoir, est intacte ; que sur les 45 départements, les résultats provisoires le créditent de 36 à 37 départements. Il a même fait savoir que ce qu'il a perdu, c'est ce qu'il n'avait pas. C’est l’histoire du jeune lycéen qui fait savoir qu’il n’a pas échoué au Bac pour n’avoir jamais passé l’examen avant ! C’est à mourir de rire. Notre cher président a ainsi estimé n'avoir jamais gagné Dakar, que Thiès a toujours été sous contrôle d’Idrissa Seck, Mbacké également une chasse gardée du pds. Le président Sall s'est même permis de nous dire que les élections ont été transparentes et qu’on a dépassé cette époque où l'on truquait les élections.

Ce qui n’est en tout cas pas l'avis de Cheikh Dieng de Wallu Sénégal qui s'est estimé floué à travers un «vol» de 25.000 voix à Pikine où trône Abdoulaye Thimbo  de BBY, en utilisant selon lui, l’administration et la justice. Celui-ci pointe ainsi du doigt les nombreuses irrégularités constatées lors des travaux de la Commission Départementale de Recensement des Votes : le fait d’attribuer un score nul à la coalition Wallu Sénégal dans plusieurs bureaux dans des communes comme Mbao et Djiddah Thiaroye Kao dont les maires sortants sont majoritaires  en termes d’électorat. Il y a aussi selon lui, le constat que dans de nombreux bureaux de vote, le nombre de voix attribuées aux coalitions est largement supérieur au nombre de suffrages valablement exprimés. Des faits notés dans les localités de Pikine-Nord, Dalifort, Sicap Mbao, Tivaouane Diack Sao, Keur Mbaye Fall et Pikine-Est.

Des irrégularités pour lesquelles, ils ont demandé, en vain, l’annulation de ces procès-verbaux (PV) et l’annulation des bureaux de vote dont les PV de la liste ville, dans les communes de Djida Thiaroye Kao, Fass Mbao et Thiaroye Gare, où la coalition BBY a largement été battue sur la liste ville. Des PV qui ont d’ailleurs selon lui  mystérieusement disparu et n’ont pas été reçus par la Commission départementale de votes, ni par la Ceda. Fait étonnant, précise- t-il, ces mêmes PV de bureaux ont été reçus, en ce qui concerne les listes des communes. Enfin, dit-il, il y a eu la comptabilisation de PV de bureaux de vote, par la CDRV, dont des coalitions en compétition ne sont mentionnées ni sur le PV encore moins les scores obtenus pour ces coalitions. Et dans ces cas, le score nul leur a été attribué d’office par la commission, en lieu et place d’une annulation de PV. Et pour couronner le tout, ces cas d’’’omissions mystérieuses’’ de listes de coalitions en compétition n’ont jamais concerné la coalition BBY.

Même la ministre du Commerce, Aminata Assome Diatta qui est du camp présidentiel, a même dénoncé des irrégularités et a promis de déposer un recours. Des faits en tout cas bien têtus.

Que le patron de BBY n’oublie pas que sur le terrain, des dénonciations d’achats de conscience, et de transferts d’électeurs, ont été enregistrées.

Si le pouvoir n'a toujours pas décrypté le message de ces locales, c'est qu'elle est tout simplement amnésique et cherche à se tromper tout seul. A titre d’exemple, au sortir de la publication des résultats officiels à Dakar, c'est par exemple un écart de 92.613 voix qui ont été enregistré entre Barthélémy Dias et Abdoulaye Diouf Sarr. Un vrai massacre ! L'opposition a en raflé 15 sur 19 communes. Les seuls rescapés du côté de BBY, sont un ancien maire de « Taxawu Dakar », Jean Baptiste Diouf qui a sauvé l'honneur, rejoint par Augustin Senghor à Gorée ; ou encore Doune Pathé Ndoye à Cambérène et l’indéboulonnable Alioune Ndoye du plateau. Bref de quoi sourire à entendre dire qu'on n'a pas perdu Dakar puisqu’on ne l’avait pas dans sa besace.

Une vraie histoire de sémantique finalement qui permet de faire tourner son discours dans le sens que l’on veut. C'est en tout cas un vrai triomphe pour Khalifa Sall qui sonne son retour en force après avoir été dépossédé pour des histoires de riz, même si c'est son poulain de Barthélémy Dias qui était candidat.

A voir tous ces maires de communes inconnus recevoir les suffrages des populations, il faut juste être aveugle pour ne pas voir que c'est à la vague Yaw qu’ils la doivent. Bref ceux-la qui parlent, doivent savoir que les villes ont leur côté symbolique et des poids différents. Vouloir les mettre au même niveau, revient à se tromper tout seul.

Ziguinchor  a une portée hautement symbolique ; le fait que les bulletins blancs dominent à plus de 70 % la liste dénommée celle du Khalife à Touba, portée par Abdou Lahat Ka, est très significatif du point de vue de la lecture ; que Thiès qui était censé additionner les forces de Macky Sall et celles d’Idrissa et finalement tombé entre les mains de l'opposition, est une cuisante défaite pour «Mbourook Soow» ; il y a Diourbel, Guédiawaye, Keur Massar, Kaolack, Rufisque etc. Que les gens ne se trompent pas de lecture et de messages. C’est un véritable vote-sanction contre le président Sall qui a eu lieu après les évènements de mars où il avait dit avoir compris la jeunesse. Une débâcle que l'on ne peut pas attribuer qu’à Mahmouth Saleh dans le seul but de dédouaner le président Sall, tout en oubliant les acteurs, ministres et directeurs généraux qui ont investi un fric monstre dont on se demande d'où il sort d'ailleurs ! La preuve que l’argent n’est pas tout le temps aussi déterminant qu’on le pense dans un pays où il est désormais au milieu d’un jeu de dupes entre politiciens qui pensent pouvoir acheter toutes les consciences et électeurs qui ont compris qu’ils peuvent encaisser de l’argent et opérer le vote de leur choix.

Ceux-là qui se battaient pour remporter leurs mairies (ministres, DG, députés, etc) savaient à quoi ils s'exposaient et quelle était la réalité du terrain avant de se lancer dans la compétition. Qu'ils ne cherchent surtout pas à se défausser derrière des guéguerres, listes parallèles et autres faux prétextes ou à vouloir toujours chercher des boucs émissaires. Ils ont joué et ils ont perdu. Les explications sont aussi à chercher auprès du Coordonnateur national qu’est  Amadou Ba, à l'heure du bilan.

La vérité est qu'au Sénégal, au bout de deux mandats, les pouvoirs plafonnent et atteignent leur niveau d'incompétence pour ne pas dire d'usure car la bonne gouvernance n’est presque jamais au rendez-vous. Un entourage intelligent et véridique pour ouvrir les yeux au président, n’est plus désirable au bout d’un certain temps d’exercice du pouvoir.

La réalité est qu’il y a un véritable parti de la demande sociale qui s'exprime par rapport à un coût de la vie du niveau des pays développés, mais sans les moyens qui vont avec côté sénégalais. Un pays ne peut vivre que d'infrastructures au coût qui donnent le tournis, ou avec des emplois précaires qu’on fait miroiter aux jeunes. Mais qu’est-ce qu’ils sont nombreux ! Ils attendent toujours qu’on leur trace un avenir réaliste et clair. Un pays, ce sont aussi des populations saines, éduquées et qui peuvent manger à leur faim. Ça, nos gouvernements ne l'ont toujours pas compris et sont toujours en train de tenter d'en mettre plein la vue aux populations avec des ponts, TER, BRT, immeubles, stades, et des chiffres qui ne veulent dire quelque chose qu’aux yeux des étrangers qui profitent largement de la croissance au détriment des Sénégalais devenus des étrangers dans leur propre pays.