NETTALI.COM - C’est un véritable désaveu pour le Sénégal que cette décision rendue par La Cour de Justice de la CEDEAO qui a ordonné la suppression de la loi sur le parrainage dans un délai de six (6) mois. La Cour a en effet estimé que celle-ci porte atteinte au principe de la libre participation aux élections. Une décision qui fait suite à un recours introduit l’année dernière par l’Union sociale libérale (USL) de l’avocat Abdoulaye Tine pour soutenir la thèse selon laquelle le parrainage «viole le droit de libre participation aux élections» au Sénégal.

Reste maintenant à connaître les conséquences de cette décision. Pourrait-elle remettre en cause le processus électoral de la présidentielle de 2019 ? Surtout que la loi sur le parrainage avait permis d’écarter près de 19 candidats.

Oumar Guèye, le porte-parole du gouvernement sénégalais, n’a pas perdu du temps pour faire part, ce jeudi 29 avril, de la position du gouvernement, à savoir qu’il n’entend pas se plier à la décision de la Cour de justice de la Cedeao, estimant qu’il n’y a aucune illégalité par rapport à cette loi. Pour le ministre, « tous les systèmes démocratiques au monde ont leur système de filtre pour les élections. Il n’y a pas un seul qui n’ait pas de filtre », précisant à qui veut l’entendre que : « ce parrainage n’est pas tombé du ciel. (…) puisqu’il y avait une loi votée à l’Assemblée nationale. » A titre de précision, il a informé que le parrainage a été voté pour faire face à la pléthore de candidatures aux élections, sachant qu’ «on aurait affaire à 139 candidats et plusieurs jours pour faire une élection», si jamais il n’existait pas.

Dans le quotidien « Le Soleil », celui qui est surnommé « tailleur constitutionnel », Ismaël Madior Fall et non moins ministre d’État auprès du Président de la République, n’a pas tardé à réagir. Pour le constitutionnaliste, « l’analyse du dispositif de l’arrêt révèle, dans l’ensemble, des erreurs de droit et l’abandon total de ce qui fut jusque-là sa jurisprudence sur les questions soulevées par l’affaire. » « Les erreurs nous paraissent tellement énormes et susceptibles de porter atteinte à la crédibilité et à la légitimité de la Cour que nous pensons vraiment que le Sénégal doit prendre l’initiative de porter une réforme en vue de sauver la Cour pour qu’elle reste l’organe de protection des droits de l’Homme rêvé par les citoyens de l’Afrique de l’Ouest », souligne-t-il.

Réagissant dans « Enquête », Abdoul Mbaye prend le contrepied de l’ancien ministre de la Justice. « L’opposition sénégalaise, rappelle-t-il, n’a jamais cessé de décrier le parrainage introduit en 2018, dans le seul but d’assurer l’élection, sans coup férir de Macky Sall. Il lui a permis sans doute sur la base de sondages, de choisir ses opposants à l’élection et de les battre, dès le premier tour. Le Sénégal n’avait jamais vécu un recul démocratique de cette importance, auparavant. La Cour de justice de la CEDEAO vient de reconnaître que ce système de parrainage a porté atteinte au principe de la libre participation aux élections ». L’ancien Premier ministre de Macky Sall précisera même que cette action auprès de la Cedeao, portée par M. Abdoulaye Tine, avait été engagée par toute l’opposition membre du FRN, dès le mois de décembre 2018, en procédure accélérée. Malheureusement, elle n’a donné lieu à décision que maintenant et donc après l’élection présidentielle de 2019.

Ce n’est pas seulement cette décision qui accable le gouvernement. Un rapport élaboré depuis trois mois par les experts de la mission d’audit du fichier électoral, conclut que les candidatures de Karim Wade et de Khalifa Sall sont valides. Il juge que cette «exclusion arbitraire de la présidentielle de 2019» viole l’article 25 de la déclaration universelle des Droits de l’Homme qui dispose que « tout citoyen a le droit et la possibilité de prendre part à la direction des affaires publiques et d’accéder, dans des conditions générales d’égalité, aux fonctions publiques de son pays ».

Reste à savoir si le régime en place va donner du crédit à ce document de la mission d’audit ? La question reste entière surtout à l’heure où la question de l’amnistie des deux leaders cités est agitée.

Le gouvernement est en tout cas bien secoué par ces temps qui courent avec en plus ce soutien apporté à l’activiste Ousmane Tounkara par le maire de Mermoz Sacré-Coeur. Dans une lettre adressée au juge de l’immigration au tribunal de Varick Street Romm, à New York, Barthélémy Dias signale un abus de l’Etat du Sénégal dont le souhait n’est que l’expulsion de M. Tounkara du territoire des Etats-Unis en vue de son rapatriement vers le Sénégal, en l’accusant d’être un terroriste qu’il n’est pas. Ce qui à son avis, « serait une violation des principes sacro-saints de la démocratie américaine qui, par ricochet, ouvrira la porte d’une vie tumultueuse à un père de famille »

Plusieurs revers et dénonciation qui plongent sans aucun doute le gouvernement de Sall dans un tourbillon de désaveu.

A une époque où l’on mesure en termes de milliards puisqu’il en pleut depuis quelques temps avec cette histoire de réinsertion et d’emploi des jeunes qui hante Macky Sall, le Sénégal a obtenu du Fonds monétaire international (FMI), un financement de 350 milliards de FCFA, pour soutenir la riposte face à la crise sanitaire et promouvoir la relance de l’économie. De quoi apporter un peu de souffle à nos finances publiques bien sollicitées ces derniers temps.

Les « jakartamen » (conducteurs de motos), eux, doivent être bien soulagés après que le ministère des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement a informé avoir transmis aux services compétents du Trésor public, le chèque et les ordres de virement relatifs au paiement de l’appui de l’Etat d’un montant de 450 000 000 F CFA. L’argent doit être redistribué à 20 564 conducteurs de « Jakarta ». Presque 21 800 F par personne. Une petite somme qu’ils encaisseront volontiers puisque tombant du ciel. Avouons quand même que c’est bien dérisoire pour être distribué. Du gaspillage de nos deniers en somme. Un programme de meilleure organisation de ce secteur du transport désorganisé, aurait été plus approprié .

Le Ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, Moussa Baldé, qui a pris part au deuxième rendez-vous du mois d’avril du « Gouvernement face à la presse », a fait le bilan de la campagne agricole 2020-2021. C’est pour louer des résultats « exceptionnels » engrangés grâce à l’engagement et à la créativité du Chef de l’État, qui dit-il, a augmenté de près de 50 % le budget de la campagne agricole, le portant de 40 à 60 milliards de FCfa. « Nous avons également eu un concours de circonstances avec un hivernage béni. C’est l’un des meilleurs hivernages depuis 1950 ». Une autosatisfaction qui n’est toutefois pas partagée par les travailleurs saisonniers de la Sonacos Lyndiane qui alertent les autorités sur les menaces qui pèseraient sur eux. En effet, à les en croire, plus de deux mille d’entre eux seront mis en chômage en fin mai. La cause, il n’y pas de graines à triturer par l’huilier national. Un phénomène que connait toutes les unités industrielles de la Sonacos.

Le secteur de la santé, lui, continue d’être secoué par l’incendie meurtrier de l’hôpital Magatte Lô de Linguère. Abdoulaye Diouf Sarr renseigne que l’enquête est en cours et qu’un rapport provisoire a permis de noter une négligence au service de néonatalogie. Des négligences qui, précise-t-il, leur ont permis de prendre des décisions, comme celle de relever le directeur de l’hôpital ; et de demander à tous ceux qui étaient au niveau du service de néonatalogie de se mettre à la disposition de l’enquête de la région médicale. Là n’est pas le seul problème qu’il compte résoudre. Diouf Sarr ne compte plus accepter des refus d’affection des spécialistes dans les régions. Du moins, pour ceux qui ont bénéficié des bourses de l’Etat. Le ministre de la Santé menace même de leur faire rembourser la bourse, en cas de refus. Une problématique des affectations dans les lieux difficiles, alors que selon lui, les spécialistes qu’ils forment, ont signé un engagement de service public. Des mises au point faites lors de la revue du Plan national de développement sanitaire 2020.

Sur le terrain politique, ce n’est pas seulement Ousmane Sonko qui en a après Macky Sall. Et même si officiellement, il n’y a encore point de divorce entre le président de la République et ses camarades de parti, Mimi Touré et Alioune Badara Cissé ne lui font pas beaucoup de cadeaux par ces temps qui courent. Le médiateur de la République, Alioune Badara Cissé, connu pour ses vérités, n’hésite pas souvent à rappeler au président Sall, ses devoirs. Comme sur la question du 3ème mandat. L’ancienne Première ministre, Aminata Touré, ne rate jamais l’occasion de marquer ses divergences, comme récemment sur la question de l’emploi des jeunes. De quoi se demander s’ils ne se préparent pas à faire le grand saut en 2024.