NETTALI.COM - C’est désormais du œil pour œil, dent pour dent, entre Ousmane Sonko et le camp du pouvoir qui ne veut plus voir ce dernier en roue libre, au cœur de la république, si l’on en croit la lecture que les tenants du pouvoir ont de la posture du leader du Pastef. C’est tout le sens de ce « gouvernement de combat », nommé à 14 mois de la présidentielle et composé en majorité de jeunes ministres fidèles au camp présidentiel.

L’option d’un tel gouvernement était de se battre sur le terrain social, mais aussi et surtout de ne pas céder le terrain politique à un moment où le pouvoir de Macky Sall est sur la dernière ligne droite avant la présidentielle de 2024, après avoir perdu du terrain lors des législatives et municipales passées.

Un terme « gouvernement de combat » d’ailleurs pas si fortuit que cela puisqu’il est manifestement question de se battre pour inverser une tendance défavorable dans le cadre de la bataille de l’opinion et de l’occupation du terrain  qui se mènent tous azimuts.

D’ailleurs suivant cette logique, ce sont trois jeunes ministres qui sont les plus en vue dans ce face à face avec Ousmane Sonko : Pape Malick Ndour de la jeunesse, Karim Fofana du commerce, porte-parole du gouvernement et Mame Mbaye Niang du tourisme, qui aujourd’hui, est en train d’en découdre avec le leader de Pastef, sur le terrain judiciaire dans le cadre d’un procès en diffamation dont le procureur de la République a corsé les charges en y ajoutant les incriminations d’ «injures publiques» et « faux et usage de faux dans un document administratif ».

Alors que le procès pour viol de ce dernier est en appel devant la chambre d’accusation pour contester le renvoi de Sonko par le Doyen des juges devant la chambre criminelle, l’autre procès en diffamation intenté contre ce dernier, a déjà fait l’objet de deux renvois, après avoir démarré sur fond de bataille de procédure entre avocats. En somme, deux procès pour lesquels Ousmane Sonko risque bien gros car il suffirait d’une condamnation à seulement 3 mois avec sursis pour qu’il ne puisse pas participer à la présidentielle si la condamnation devient définitive entre temps.

Ousmane Sonko qui se sait en danger, ne veut pas se laisser emmener à l’abattoir sans broncher. Toutes les occasions pour lui, sont dès lors bonnes pour se victimiser. C’est de bonne guerre diront certains. Il ne voudrait pas, comme il a eu souvent à le clamer, finir  comme Karim Wade et Khalifa Sall emprisonnés respectivement pour enrichissement illicite et escroquerie sur  des deniers publics au moment où beaucoup d’observateurs politiques ont fini de voir dans ces affaires, des dessous politiques.

Aussi, comme lors des événements de mars 2021 ou des manifestations tous azimuts avaient éclaté et donné lieu à des saccages et pillages, Ousmane Sonko mise aujourd’hui beaucoup sur ses partisans, pour la majorité des jeunes, afin de faire barrage face à ce que lui et ses alliés et une partie de l’opinion considèrent comme un funeste projet du camp présidentiel pour le mettre hors course pour la présidentielle 2024.

Entre lui et le camp du pouvoir, c’est en effet une course-poursuite sans fin et une surenchère verbale sans précédent. Ousmane Sonko organise un rassemblement énorme à Keur Massar, le pouvoir riposte par un meeting monstre à Pikine, plus précisément à Jeedah Thiaroye Kaw. Lors du conseil des ministres décentralisé à Thiès, Macky Sall fait une démonstration de force en mobilisant toute la région et multipliant les inaugurations jusqu’à Mbour et Tivaouane. Il fait un détour par Saint-Louis et s’offre un bain de foule à Bango, l’un des fiefs de Mansour Faye, sur le chemin du lancement du Centenaire du Prytanée qu’il présidait.

Réponse du berger à la bergère, Ousmane Sonko, après avoir prié à Touba, suite à l’interdiction d’un rassemblement à Mbacké, brave l’interdit. La ville de Mbacké est pris d’assaut, des stations d’essence sont saccagées et des commerces pillés. Des manifestants sont arrêtés. Bref on est en plein dans la confrontation.

Jeudi 16 février, à l’occasion de son procès, Ousmane Sonko a semblé narguer les forces de l’ordre dans une logique de provocation pour davantage se victimiser. Alors que les éléments de la Brigade d’intervention polyvalente de la police (Bip) lui intiment l’ordre de descendre de son véhicule, il demande à l’un de ses gardes de passer le téléphone au commissaire de police afin qu’il lui parle, refusant au passage d’obtempérer, sauf s’il est en état d’arrestation. Il sera finalement contraint et forcé avant d’être embarqué dans un fourgon en direction de son domicile. La cause est connue. Le pouvoir n’entend plus laisser Ousmane Sonko drainer des mouvements de foule dont les conséquences pourraient être imprévisibles. Ce qui était arrivé en mars sur la route du tribunal suite à l’arrestation d’Ousmane Sonko, le camp du pouvoir ne veut plus le voir se reproduire. Il ne veut non plus se laisser surprendre. N’est-ce pas d’ailleurs l’une des raisons qui l’avait poussé à retenir ce dernier, un certain vendredi à son domicile et à se poster chez Barthélemy Dias avant d’embarquer Mame Diarra Fam, Ahmed Aïdara et Cie ?

Le pouvoir est bien conscient qu’Ousmane Sonko est dans la provocation et cherche par tous les moyens à se poser en victime dans un combat où il joue son va-tout. Ce dernier, à chaque fois en effet qu’il en a l’occasion, lance un appel aux jeunes. Comme lors de son procès en diffamation du 16 février. "Ce sera une audience publique. Donc, chaque Sénégalais a le droit de venir assister aux débats. Que tous ceux qui ont le temps viennent en paix au tribunal ce jeudi. Et ne répondez à aucune provocation. C'est tout ce que je vous demande, surtout vous les jeunes", a-t-il déclaré.

Dans la foulée, il n’hésite même pas à s’en prendre à Oumar Maham Diallo, le traitant de « lâche ». Un acte qui pourrait lui valoir un outrage à magistrat.

Pour certains observateurs, Ousmane Sonko ne voudrait pas aller au procès pour viol et cherche délibérément à se faire arrêter pour d’autres motifs.

Mais dans cette confrontation, la goutte de trop, a été la vitre de sa voiture cassée et qui a donné naissance à des concerts de désapprobation. Des éléments des forces de l’ordre qui devraient faire leur travail avec un peu plus de sérénité et de mesure.

Toujours est-il que ces deux procès auxquels doit faire face le leader de Pastef, ne sont pas sans danger pour son avenir. Mais en attendant la date de la présidentielle est fixée 25 février 2023 et Khalifa Sall, un de ses fidèles alliés, a cédé sa place à Habib Sy à la tête de la conférence des leaders. Une posture vue par le journal Enquête comme une sorte de prise de distance qui ne doit dit pas son nom,  alors que Khalifa Sall,  même s’il est jusqu’ici inéligible, fait le tour du Sénégal pour être prêt à l’heure de la présidentielle. L’amnistie dont il pourrait bénéficier est-elle sur le point d’être mise en musique ? La coalition est en tout cas toujours d’actualité avec Sonko pour une échéance qui était fixée aux législatives. Le scénario retenu est de soutenir celui qui arrive deuxième eu 2eme tour. Mais pour l’heure ce sont bien à des hostilités, pour ne pas dire confrontation, qu’on assiste.

Le président de la République, Macky Sall, s’est en tout cas voulu clair : l'Etat ne va pas faiblir dans sa mission de maintien de la paix. A Thiès où il a rencontré des militants de "Benno Bokk Yaakaar", il a soutenu qu'il ne laissera personne détruire ce pays. Il s'exprimait suite à l’interdiction du meeting de Pastef, au cours d’une réunion nocturne, tenue de 3 heures à 5 heures du matin à la Gouvernance de Thiès, avec les responsables de "Benno Bokk Yaakaar".

Il a ainsi juré de ne faire aucune concession pour la stabilité du pays, rappelant sa responsabilité entière dans la défense de l’Etat et de la sécurité des biens et des personnes. «Quoi qu’il m’en coûte », a-t-il dit.

Il dit reconnaître à tous les acteurs politiques, de dérouler leurs programmes et leurs activités en toute liberté. Mais, a-t-il ajouté, cela doit se faire dans le respect des lois et règlements. «Ce n’est pas négociable. Et, l’Etat fera ce qu’il a à faire quand il le faudra», promet-il.

Ousmane Sonko non plus n’entend pas se laisser faire et campe sur ses positions quant à sa motivation à ne pas finir comme d’autres. Et ses actes démontrent chaque jour à souhait qu’il ne se laissera pas abattre sans combattre.

Une situation de crispations et de confrontation qui ne laisse en tout cas préjuger rien de bon. Surtout que des slogans assez virils sont nés pour traduire la confrontation qui n’est pas prête de faiblir. Entre Gatsa Gatsa, T… Sa G… et Thiaw sa Khiir !!!!