NETTALI.COM – Ceux qui disent aux jeunes d’arrêter les casses doivent aussi parler au pouvoir de Macky Sall. Telle est la position de Fatou Blondin Diop. La coordonnatrice de la plateforme "Avenir Sénégal bi nu beg" était l’invité du Jury du dimanche sur Iradio.

"Il faut déplorer la violence. Il faut que les jeunes apprennent à exprimer leurs besoins sur des pancartes. C’est plus fort que de casser les quartiers", a laissé entendre, ce dimanche sur Iradio, Fatou Blondin Diop. Invitée dans Mamoudou Ibra Kane dans son émission Jury du dimanche, la coordonnatrice de la plateforme "Avenir Sénégal binu beg" souligne que dans l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr et les manifestations violentes notées à Dakar et dans plusieurs villes du pays, "c’est une manière de gouverner qui s’exprime parce qu’on ne fait plus confiance à la justice". "Dès que cette affaire a été soulevée, toutes ces charges sont revenues. Les jeunes ont subi des agressions sans que le président de la République ne sorte. Les jeunes sont tellement désemparés. Ils ont pris les pirogues, le président n’est pas sorti pour les rassurer, il s’est tu. Quand on a 600 morts dans son pays, on doit sortir. Cette jeunesse a besoin de savoir qu’elle est entendue", analyse Fatou Blondin. Ce qui ne l’empêche pas de dénoncer les scènes de pillages. Parce que, dit-elle, "je tiens à la République". "Mais on a l’habitude au Sénégal de parler des feuilles et de laisser les troncs surtout de ne pas voir la racine. On vit dans une ambiance de fumisterie généralisée. Tout le monde dit qu’on doit parler aux jeunes. Mais quand il y a un conflit entre un fort et un faible, on parle au fort. Alors quand le ministre de l’Intérieur parle de terrorisme, les mots ont un sens dans leur contexte. Est-ce que ce qu’on vit au Sénégal, c’est du terrorisme. Dans ce contexte, il faut un discours responsable et les mots doivent être dans le sens de l’apaisement", indique-t-elle. Avant de poursuivre : "On appelle à la résistance parce que, nous, on en est aujourd’hui à avoir peur de téléphoner, à voir nos communications dégradées. On a éliminé des autres forces intermédiaires. C’est cela le problème. Quand il n’y a que le peuple et le président, ça fait comme un râteau. Les jeunes n’écoutent personne."

Fatou Blondin Diop rappelle que dans une démocratie, "il faut qu’il ait une opposition". "Alors quand le président veut réduire cette opposition à sa plus simple expression, qu’est-ce qui reste ?", s’interroge-t-elle. Avant de s’empresser de répondre : "La chienlit". "Ce qu’il faut faire, c’est ramener les lettres de noblesse d’un Etat. Un Etat, c’est à bonne équidistance. Un Etat ne recrute pas des nervis pour accompagner la police et aller mater des manifestants. C’est indigne. Un Etat ne brise pas son opposition pour la faire disparaitre. Un Etat ne se donne pas pour ambition de dire qu’il n’y a que sa voix qui compte et que les autres ne comptent pas. C’est une tension ambiante depuis un certain temps ou la société est en train d’être divisée. On caricature les gens", regrette Fatou Blondin Diop.