NETTALI.COM - Entre 2005 et 2019, le gouvernement du Sénégal a reçu des financements conséquents de l’Union européenne, pour régler la crise de l’émigration irrégulière. De nombreux programmes comme la Goana, le plan Reva et plus récemment divers projets et programmes orientés vers la dissuasion des migrations irrégulières ont englouti des milliards passés au peigne fin par une étude commanditée par la fondation Heinrich Böll Sénégal. C’est ce que nous apprend le quotidien Enquête, dans sa livraison de ce vendredi 22 janvier 2021.

En pleine pandémie de coronavirus, le Sénégal a renoué, il y a quelques mois, avec les vagues de départs vers l’Espagne par des pirogues de fortune. Par centaines, des jeunes se sont engouffrés dans ces frêles embarcations pour traverser l’Atlantique à la recherche de meilleures conditions de vie en Europe. Par centaines également, ils y ont laissé la vie. Ce phénomène faisant plus de morts, en quelques jours, que la pandémie en plusieurs mois (avant la fin del’année2020).

Toutefois, informe la livraison du jour de Enquête : « Depuis la première crise migratoire majeure connue parle pays en2005,le Sénégal a reçu de nombreux financements de l’Union européenne (UE), afin d’endiguer ce phénomène. Une étude commanditée par la fondation Heinrich Böll Sénégal a examiné les dix principaux projets et programmes financés dans le domaine de la migration, entre 2005 et 2019. Le bilan qui en a été fait conclut que plus de200 milliards de francs CFA (environ 305 millions d’euros) ont été investis au Sénégal, sans parvenir à des résultats conséquents. Le titre du rapport est assez expressif: “Projets et programmes migratoires au Sénégal: une avalanche de financements pour des résultats mitigés’’. D’après les constats effectués, les financements ont été investis principalement autour de trois axes : la surveillance des frontières, la valorisation des retours et l’amélioration de la situation socio-économique dans les zones de départ ».

« Les enquêteurs ont constaté, dans une première phase, qu’entre 2005 et 2012, “plus de 30 milliards de francs CFA ont été investis dans des projets relatifs aux migrations’’ », ajoute le journal, qui précise : « Durant cette période, le régime du président Abdoulaye Wade a participé au verrouillage des possibilités de migration légale vers les pays de l’Union européenne. En effet, la première conférence ministérielle euro-africaine “Migration et développement’’ de juillet 2006, marque un raidissement dans la politique migratoire européenne et ouvre l’ère de la signature d’accords de“ gestion concertée des flux migratoires’’ avec la France (2006), l’Espagne (2006) et l’Italie(2007). Le principal mécanisme de cette “gestion concertée’’ est le renforcement du contrôle des frontières européennes, notamment par l’intermédiaire de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne(Frontex) ».

Goana, plan Reva : Les premiers programmes à questionnement

Au plan économique, ces financements ont permis le lancement de gros programmes gouvernementaux comme le plan Reva (Retour vers l’agriculture) qui a misé sur les investissements dans le secteur agricole pour intégrer les migrants de retour et proposer des opportunités socio-économiques aux personnes qui pourraient être tentées par l’émigration irrégulière. “Les partenaires financiers du Sénégalontaccordéaumoins30millions d’euros pour la mise en œuvre de ce plan’’, fait savoir le rapport.