NETTALI.COM- Me Moussa Sarr fustige la demande d’extradition formulée à l’endroit de Pape Massata Diack dans le cadre de la procédure sur la corruption présumée à l’Iaaf. Il la juge «irrecevable» et «irrespectueuse» et estime que la France n’est pas compétente pour juger cette affaire.

«La  demande d’extradition de Pape Massata Diack est irrecevable car elle n’est pas fondée. Un Etat ne peut pas demander à un autre d’extrader un national. Ce que la France ne fait pas, le Sénégal ne peut pas faire moins», a martelé Me Moussa Sarr, au cours de l’émission «Jury du Dimanche» de iRadio. L’avocat, rappelle que «dans le principe, la France n’extrade pas ses citoyens » et il s’y ajoute qu’il y a des mécanismes juridiques qui permettent de faire avancer le dossier, d’entendre Diack. Il s’agit des commissions d’enquête rogatoires, souligne-t-il et de rappeler que lorsque son client a été accusé, le Sénégal a ouvert une procédure et la justice l’a inculpé et mis sous contrôle judiciaire.

En conséquence, la robe noire estime «qu’outre son caractère irrespectueux, la demande de la France est irrespectueuse.» « Elle ( la France) s’acharne à nous demander de lui livrer notre fils alors que dans d’autres situations, des citoyens ont été condamnés. Les Français se sont arrangés pour faire sortir leur concitoyen dans des conditions extrêmement floues, un mandat d’arrêt avait été lancé mais la France avait clairement dit non», déclare M. Sarr.

Sur les faits, le conseil de Pape Massata Diack indique son client a jugé nécessaire de ne pas répondre car il a estimé que la justice n’est pas compétente dans cette affaire. «Il n’y a aucun lien de rattachement juridique ni factuel entre les faits et lui. Pape Massata est de nationalité sénégalaise, il réside au Sénégal. L’Iaaf a son siège à Monaco qui a une juridiction autonome et tous les contrats ont été signés au Qatar. Donc, nous remettons fondamentalement en cause la compétence de la justice  française dans cette affaire car elle n’a rien à y faire », dénonce Me Sarr.

Quid de la comparution de l’inculpé devant la justice française après son renvoi en jugement ? «Nous avons pris acte de l’ordonnance de renvoi et nous nous préparons à organiser notre défense pour démontrer que les charges ne reposent sur aucun fait juridique», rétorque le conseil. Et d’ajouter : « qu’il soit à Dakar, Paris ou ailleurs, il sera jugé.»

Pape Massata Diack et son père Lamine Diack ont été renvoyés en jugement par le juge français. Président de l’IAAF entre 1999 et 2015, Lamine Diack devra répondre des faits de corruption active et passive et  de blanchiment en bande organisé. Quant à Pape Massata, il est renvoyé pour blanchiment en bande organisée et corruption active. Quatre autres personnes répondront de ces délits.

Cette affaire a éclaté lorsque Liliya Shobukhova, une  marathonienne russe, finalement suspendue en avril 2014 pour dopage, a déclaré avoir payé 450 000 euros afin de pouvoir participer aux Jeux de Londres en 2012 et de cacher les données anormales de son passeport biologique, document qui rassemble tous les résultats de contrôles sanguins.