NETTALI. COM- Alioune Ndoye, ministre de la Pêche et de l’économie maritime a attrait, ce jeudi, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar les journalistes Mamadou Oumar Ndiaye et Moustapha Boly. Il les poursuit pour diffamation après que « Le Témoin » a soutenu qu’il aurait accordé 52 licences à des navires chinois.

Alioune Ndoye ne badine pas. Il veut que lumière soit apportée sur les accusations selon lesquelles il aurait octroyé 52 licences de pêche à des navires chinois. Il a trainé les journalistes qui ont donné cette information devant la justice pour diffamation. Il s’agit de Moustapha Boly, auteur de l’article et du directeur de publication du journal le Témoin, Mamadou Oumar Ndiaye. L’affaire avait été jugée et la sentence devait être rendue le 7 janvier dernier. Finalement, le délibéré a été rabattu et les débats rouverts hier, jeudi 21 janvier 2021.

Le ministre reproche au journal le fait de diffamation. Dans son édition du 7 avril 2020, le journaliste Moustapha Boly avait écrit que le ministre avait octroyé 52 licences de pêche à des navires chinois.

Face au juge correctionnel, les prévenus Mamadou Oumar Ndiaye et Moustapha Boly ont soutenu avoir uniquement repris le communiqué du Gaipes. En dehors de sa plainte pour diffamation, le maire socialiste de Dakar Plateau a fait un démenti. Son avocat, Me Baboucar Cissé, déclare que le journaliste a fait singulièrement preuve de mauvaise foi, en écrivant que le ministre a octroyé 52 licences de pêche. “Le Gaipes, qui prend en otage la pêche sénégalaise, a voulu faire la pression sur le ministre, comme il l’a fait avec les autres. Mais Alioune Ndoye n’a pas voulu céder’’, a souligné la robe noire.

Poursuivant sa plaidoirie, il a révélé que la licence a été octroyée à une société sénégalaise qui voulait faire un renouvellement. A l’en croire, au lieu d’aller voir le ministre, certains se sont mis à l’attaquer. “Le ministère, c’est un service public. Il fallait faire le déplacement pour avoir la bonne information. Il l'a tourné en dérision, en l’appelant Alioune ‘Chinois’ Ndoye’’, a fustigé Me Cissé. L’avocat dit que son client réclame le franc symbolique car, selon lui, il n’est pas là pour s’enrichir, mais il veut que son honneur soit rétabli. En sus de la demande, il a sollicité la suspension du journal pour une période de trois mois, sous astreinte de paiement de 10 millions par jour de retard.

Le représentant du ministère a, pour sa part, requis l’application de la loi pénale.

De l’avis de Me Mamadou Guèye, conseil des prévenus, la citation est une tentative de diversion. “Les prévenus ont posé des questions d’intérêt national, dans un contexte de pandémie, de rareté du poisson, d’émigration clandestine. C’est dans ce contexte que le Gaipes a fait un communiqué et il y a eu un traitement journalistique en citant la source’’, a souligné Me Guèye. “Il n’y a aucune animosité. La question dépasse la personne du ministre. Il n’y a pas matière à entrer en condamnation. La bonne foi n’est plus à démontrer, car ils ont fait une offre de preuve’’, a fait remarquer l’avocat.

Son confrère, Me Khoureyssi Ba, a demandé pourquoi les autres journaux qui ont repris le communiqué n’ont pas été cités. Après avoir fustigé l’absence du ministre qui, dit-il, “a pris des aises depuis qu’il est ministre’’, il a sollicité la relaxe de ses clients. La chambre correctionnelle rendra sa décision le 4 février prochain