NETTALI.COM - Ce lundi 18 janvier, des internautes à travers les réseaux sociaux, ont relevé le « record » battu par la RTS, en termes de taux d’audience pour avoir interviewé, à titre exclusif, l’épouse du président de la République. La montagne a finalement accouché d’une souris, puisque ceux qui s’attendaient à des phrases choc, propres à faire sensation, ont dû déchanter. L’on a eu droit à une sorte de catharsis.

Mais qu’est-ce qui a bien pu pousser Marième Faye Sall à faire cette sortie sur les antennes de la télévision d’Etat pour uniquement traiter de questions strictement privées, dans un contexte de gravité du coronavirus et de ses contrecoups économiques et sociaux néfastes ? Volonté de se rappeler au bon souvenir des Sénégalais ? Ou simple occupation de l’espace médiatique ou encore souci de se faire reprendre par la presse écrite, les radios et plateaux de matinales ? Un communiqué comme la Fondation en a déjà parfois fait, aurait pu suffire.

Toujours est-il que de nombreux journaux avaient annoncé une déclaration de son époux de chef d’Etat, Macky Sall, pour justement rassurer les Sénégalais quant aux mesures idoines qui vont être prises pour tenter d’endiguer le virus et ses conséquences sur notre économie ainsi affectée. Une sortie du président de la République était d’autant plus attendue que de nombreux chefs de famille traversent des difficultés, à cause des restrictions imposées par la Covid-19.

Dans ce contexte précis, Marième Faye Sall aurait peut-être pu choisir un autre canal, au lieu de donner l’impression de vouloir régler des comptes ou faire les comptes de sa fondation via la RTS, qui est un patrimoine commun. Une sortie dans un des médias privés, aurait pu permettre à la première dame d’être challengée et d’évoquer des sujets plus intéressants, donner plus de fond à son discours et ainsi lever l’équivoque sur d’autres questions qui interrogent sur son vrai rôle dans le dispositif d’Etat.

Dans la réalité, Marième Faye Sall n’est pas qu’une simple première dame, comme les ex-épouses des prédécesseurs de Macky Sall. Durant la campagne présidentielle de 2019 par exemple, elle était souvent dans les différentes communes de Dakar, notamment aux Parcelles Assainies, s’affichant aux côtés du coordonnateur départemental de Benno bokk Yakaar, Amadou Ba. C’est dire qu’elle est impliquée, en première ligne, dans les activités de l’Alliance pour la république. On lui attribue, à tort ou à raison, le pouvoir de faire et de défaire des carrières. L’ancien ministre de la Culture, Mbagnick Ndiaye, n’avait-il pas dit qu’il devait son poste à Marième Faye Sall ?  La présence de membres de sa famille au cœur du pouvoir n’est pas pour arranger les choses. Quand son frère Mansour Faye a pris de la bouteille dans le gouvernement, certains analystes ont vite fait  de voir la main de la première dame derrière cette promotion.

L’on prête même à Marième Faye d’avoir encouragé le président Sall à se lancer à l’assaut du pouvoir, au fort moment du pouvoir libéral qui le soupçonnait son époux de blanchiment. Entre autres tracasseries.

De même, pour relativiser la portée du mérite attribué à Amadou Ba dans les victoires de la majorité dans la capitale, depuis le référendum de 2016, Mambaye Niang avait, au cours d’une émission « Sen Jotaay » sur la Sen TV cité Marième Faye parmi les acteurs de ces victoires, en ces termes : « Aux législatives de 2017, certes Amadou Ba était tête de liste, mais de nombreuses personnalités qui n’étaient pas investies, avaient mouillé le maillot, dont les anciens ministres Pape Abdoulaye Seck et Maïmouna Ndoye Seck. La première dame Marième Faye Sall, Adama Faye (le frère), Seydou Guèye, Abdoulaye Diouf Sarr, moi-même qui vous parle. Vous vous rappelez bien, on était restés une semaine à faire du porte-à-porte, parce que Barthélemy Dias menaçait de saboter les meetings de Benno Bokk Yakaar. J’ai été le premier à relever son défi, lors d’une caravane tenue à Grand-Yoff »,

Toutes choses qui fondent une suspicion légitime sur les activités et le pouvoir de la première dame.

Ce lundi 18 janvier, l’épouse du chef de l’Etat a déclaré que les fonds que reçoit la fondation « Servir le Sénégal » proviennent, pour l’essentiel, de l’aide du président de la République, Macky Sall. Une affirmation qui pousse ainsi à s’interroger sur la provenance de ces subsides et à quel titre le chef de l’Etat aide-t-il cette fondation ? Des interrogations qui prennent tout leur sens, au moment où est posée la question du financement des partis politiques qui sont au même titre que cette fondation, des institutions privées. Et quid des hommes d’affaires locaux qui apportent également leurs soutiens ? Quelle pourrait ête leur réelle motivation ?

Jamais en effet dans l’Histoire du Sénégal contemporain, la démarche d’une épouse de président n’a charrié autant de commentaires que sous Macky Sall, dont l’épouse reste plus que jamais cette énigme, au lendemain de sa sortie sur la RTS.

Mais malgré tout cela, Marième est un personnage sympathique, naturel et spontané dans sa manière d’être et d’interagir avec les gens. Beaucoup se vantent ainsi d’une première dame enfin sénégalaise bon teint avec des habitudes bien de chez nous. Et ça pour la symbolique, l’image de cette femme engagée aux côtés de son mari, est quand même très forte.