NETTALI.COM - "Nous n’avons pas de Constitution mais, c’est la constitution française qui a été recopiée pour être africanisée." C’est le constat de Me Doudou Ndoye. Pour le juriste constitutionnaliste, il faut reprendre toute la Constitution et rassembler les Sénégalais aptes à discuter de cela.

Demandez à Me Doudou Ndoye si nous avons une bonne Constitution qui garantit suffisamment l’équilibre des pouvoirs, des droits et libertés, sa réponse est sans appel. Il considère que nous n’en avons même pas.  Pour justifier sa position, il explique qu’au moment des indépendances de l’Afrique de l’Ouest, la France a envoyé ses juristes au Sénégal et à Bamako. "Ils ont transcrit la Constitution française en Afrique. C’est celle-ci qui a été recopiée pour être africanisée. C’est le fondement de cette constitution qui est toujours là et on l’a empiré", argue le constitutionnaliste.

Il explique que c’est pour cette raison qu’il dit qu’il nous n’avons pas de Constitution car, "ce fondement, c’était les liens entre les Français".

Poursuivant son argumentaire, il déclare : "Si vous lisez toute la Constitution sénégalaise, la première phrase c’est : La République du Sénégal mais on devrait dire la République française parce que la France considère qu’elle est propriétaire de la notion de République et que nous sommes des territoires à qui, on a confié des parties ou des comportements."

Au regard de ce constant, l’ancien garde des Sceaux estime qu’il faut reprendre toute la Constitution, rassembler les Sénégalais aptes à en discuter. Il se désole que la tentative de Wade ait échoué. "Abdoulaye Wade, lorsqu’il était président de la République a pris Madické Niang ministre de la Justice (?) avec ses quelques amis et il a rédigé sa Constitution à lui en reprenant tout ce qu’il a trouvé et en ajoutant ce qui lui convient. Et il a même été jusqu’à violer les règles de la constitution existante pour nous amener à voter sa Constitution à lui par référendum", se désole.

S’il estime Me Wade, l’invité de "Jury du dimanche" considère que Macky Sall a fait pire. "Il a pris la Constitution senghorienne, ensuite la Constitution de Abdoulaye Wade de 2001, il est venu en 2016 et nous a fait voter un référendum", déplore Me Ndoye.

Il a, au passage, révélé n’avoir pas voté oui au  référendum et a en expliqué les raisons. "Cette question que notre président Macky Sall nous a fait modifier comporte des dispositions qu’aucun Sénégalais ne devait voter. L’article 6 qui intéresse tous les Sénégalais dit : les institutions de la République sont : le président de la République, l’Assemblée, nationale, le Gouvernement, le Haut conseil des collectivités et territoriales (Hctt), le Conseil économique social et environnemental (CESE), ensuite il vient dire le Conseil constitutionnel, la Cour des Comptes, les Cours et tribunaux. La justice, pouvoir judiciaire constitutionnel, est la sixième institution publique du Sénégal après un CESE, après un HCCT. Cela veut dire qu’aujourd’hui, un secrétaire d’Etat au gouvernement est plus important constitutionnellement que le président du Conseil constitutionnel", renseigne-t-il. Et de poursuivre : "Comment le Haut Conseil peut passer avant le président de la Cour suprême et avant le président du Conseil constitutionnel qui déclare le président de la République élu ? On a pris la justice dans cette Constitution qu’on a mise au plus bas possible. Et cela se traduit par d’autres choses."