NETTALI.COM - L’éternel débat sur le financement des partis politiques refait surface après que le ministre de l’Intérieur, dans un communiqué, a rappelé à Pastef que «tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal, s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4 alinéa 2 de la loi de 1981».

Ombre au tableau : Antoine Diom semble en oublier le principe de la double-implication de la loi : celle-ci est faite par tous et elle s’applique à tous. Il est en effet, incongru d’attendre que Pastef mobilise plus de 125 millions de F Cfa pour le financement de ses activités pour exhumer des archives, une loi que l’on s’est gardé d’appliquer pendant tout ce temps que d’autres formations politiques ne tenaient guère une comptabilité de leurs dépenses.

A moins que le ministre nous dise s’il y a quelque chose qui se cache derrière ce volontarisme, de nombreux analystes et observateurs de la scène politique sénégalaise croient savoir que Macky Sall s’est tiré une balle dans le pied. D’ailleurs, les partisans de Ousmane Sonko ne se sont pas faits prier pour « partager », à travers les réseaux sociaux, une vidéo indiquant que l’Alliance pour la République fonctionnait sous le même mode, alors que Macky Sall n’était pas encore au pouvoir. «D’autres ne sont pas des militants, mais soutiennent notre cause. Tout à l’heure, quelqu’un m’a remis 1 000 litres de carburant en appui pour mes tournées, mes déplacements… Pour un autre, c’est 2 ou 3 millions parce que nous savons que c’est difficile, l’opposition», déclarait l’opposant Macky Sall lors de l’émission «Et si on en parlait» de la Tfm en 2011, à quelques encablures de la présidentielle qui le porta au plus haut destin politique. «C’est des choses qui arrivent. Il y a d’autres qui sont là et qui financent les activités sur place. Jusqu’ici, ce sont nos militants de la diaspora qui prennent en chargent… J’étais à une cérémonie avec des ressortissants de Matam pour un dîner-débat. C’est eux qui l’ont pris en charge. Ce n’est pas l’Apr», ajoutait Macky Sall.

Nous devons à la vérité de relever que la sortie de Antoine Diom est emblématique du double-standard par lequel l’opposition est souvent victime des rigueurs de la loi, alors que le parti ou la mouvance au pouvoir est libre de faire ce qu’il veut. Nous sommes devant une vraie ironie de l’Histoire.

En janvier 2009, l’ancien Premier ministre Macky Sall, devenu opposant, était mis en cause par le gouvernement dans une affaire de blanchiment. Le ministère sénégalais de l’Intérieur, alors dirigé par Cheikh Tidiane Sy, avait fait état dans un communiqué de « l’existence d’un réseau de blanchiment d’argent sale impliquant Macky Sall (... ) et Abdoulaye Sall, de nationalité sénégalaise résidant au Gabon ».

« Dans le cadre de l’enquête ouverte, les services compétents ont alors intercepté des correspondances avec un chef d’Etat africain tendant à avaliser l’idée que les fonds incriminés, proviendraient de ce dernier », relayait le communiqué, sans plus de précision sur l’identité du chef d’Etat en question.

Macky Sall affirmera n’avoir « jamais reçu un franc du président (gabonais Omar) Bongo » mais a admis lui avoir écrit pour demander des « conseils » et un « soutien ».

L’actuel président de la République du Sénégal a, durant l’interrogatoire, également démenti avoir reçu des fonds en provenance du Burkina Faso.

Et si l’on réglait une bonne fois pour toutes, la sempiternelle question du financement des partis politiques ?

C’est devenu une nécessité avec la mise en perspective de l’exploitation du pétrole et du gaz, dans un environnement sous-régional marqué par la montée du terrorisme. On ne sait jamais, avec certaines multinationales promptes à financer un politique voire déstabiliser un pays pour arriver à faire main basse sur lesdites ressources…