NETTALI.COM- Invité de l’émission «Jury du dimanche », l’ambassadeur de la Turquie au Sénégal est revenu sur les relations entre la France et son pays. Ahmed Kavas dénonce une « entreprise de diabolisation » du Président Erdogan par Emmanuel Macron et accuse Paris d’avoir une attitude antireligieuse.

La dernière des caricatures du prophète Mohamed a fini de secouer à nouveau les relations entre la France et la Turquie. La faute, l’ambassadeur de la Turquie au Sénégal l’impute à Paris. « Nous avions beaucoup de contacts bilatéraux, mais cela ne dure pas jusqu’à présent. On était des amis. On soutenait la France. Mais, cette France a complétement changé sa politique d’amitié et toutes ces caricatures fabriquées en France sont antireligieuses », se désole Ahmed Kavas qui, pense que la France a une attitude antireligieuse d’une manière générale. « Ce n’est pas seulement vers l’Islam. Les couvertures des revues disaient que le 21ème siècle sera le siècle de l’islam, des musulmans. Ils ont créé dans leur image, dans leur tête, un islam propre, défini par eux-mêmes. Un musulman ne peut pas insulter ou dire un mot contre l’Eglise », soutient-il. Et pour lui, la question, ce n’est pas l’image du prophète, mais, il y a une entreprise de diabolisation.

Très critique envers la France, le diplomate l’accuse d’avoir créé les termes comme « islam modéré, islam intégriste ou islam radical ». Or, fulmine-t-il, « il y a un seul islam. On ne peut pas y ajouter un préfixe, un suffixe à ce mot parce que l’islam est défini. C’est inacceptable de définir l’islam comme une religion de djihadiste. Un chef d’Etat ne peut pas jouer avec les valeurs d’une communauté. Attaquer aux valeurs religieuses est une coutume bien ancrée dans la tête de certains Français. C’est une habitude en France ».

Interpellé sur les accusations proférées contre le Président Erdogan que certains observateurs soupçonnent de vouloir asseoir son leadership dans le monde musulman pour justifier certaines réactions aux attaques contre l’islam, Ahmad Kavas conteste.

« C’est impossible. Erdogan est le président de la République de Turquie. Les gens essayent d’accepter ou de ne pas accepter les comportements des leaders des pays musulmans. Il n’est pas comme un roi. Quand il voit un handicapé ou un homme ou une femme en difficulté, il pleure. Il n’a jamais publié une déclaration destinée au monde musulman pour dire qu’il est supérieur. La valeur de ces lieux sacrés, c’est pour tous les musulmans. Nous sommes des serviteurs pour ces lieux sacrés », confie-t-il.

Aussi justifie-t-il certaines positions souvent affichées par son Président. « Erdogan à l’échelle du monde musulman, est pratiquant et connait l’islam. Si vous attaquez, il ne peut pas rester sans réagir », assène le diplomate. Et selon ses explications, c’est ce qui justifie la réaction de son pays à la mort du professeur français Samuel Paty. « Nous avons condamné l’acte de tuer le professeur qui a caricaturé. On ne peut pas accepter les tueries. On ne peut pas tuer n’importe qui, surtout avec un enfant. Chaque fois qu’il y a des tueries envers une personne ou des personnes, la Turquie fait des réactions. Elle réagit contre n’importe quel acte de terrorisme. La Turquie n’accepte jamais les actes terrorisme. Elle les condamne », conclut le diplomate.